J'aime bien le fait que Nintendo ménage (sans mauvais jeu de mots, promis) cette licence en ne sortant pas trop d'épisodes, sur chaque console, mais se soit limité à trois en quasiment 20 ans.
Et je le comprends tout à fait car le concept même de Luigi's Mansion fait que c'est un genre (car oui c'en est presque un genre à lui tout seul) répétitif et peu à même d'être modifié profondément.
On passe les pièces au peigne au fin, nettoyant, aspirant, révélant des objets cachés ; on ne résout pas vraiment des énigmes mais l'on se contente de passer en revue les quelques actions disponibles que l'on peut effectuer pour progresser. Mais cela fonctionne bien ! On a plaisir à tout dénicher, il y a effectivement ce sentiment de faire le ménage... mais de manière ludique !
Pour cela l'enrobage se met au diapason avec une direction artistique soignée, des animations qui nous mettent bien comme dans un film d'animation et une ambiance sonore au poil. C'est rigolo, c'est propre avec des jolis effets de lumière et quelques bonnes idées de mise en scène lors de certains combats de boss.
C'est l'une des forces de ce 3e volet qui propose beaucoup de fantômes uniques avec des comportements et des faiblesses spécifiques, élément qui était la caractéristique de l'épisode Gamecube. Mais LM3 a aussi eu l'intelligence de reprendre la force du 2, qui était la variété de ses environnements. C'est encore plus le cas ici et ces deux atouts combinés font que cet épisode semble la synthèse parfaite de la série.
Un épisode de la maturité ? Oui peut-être mais pourtant il reste pour moi un gros défaut qui empêche la série de s'élever au rang des Zelda et autres Mario au niveau de l'aura qu'elle dégage. Cet handicap c'est le level design trop convenu et pas assez recherché. Le découpage en étages avec voyage en ascenseur renforce ce sentiment de répétition et de progresser de cases en cases. On passe déjà de pièces en pièces, il aurait fallu une structure plus unifiée avec un level design conçu comme celui d'un Metroid vania en 3D ou d'un Resident Evil (le premier qui se passait justement dans un manoir). Cela aurait pu amener de vrais énigmes étalées dans le "monde" du jeu et non plus cloisonnées dans une seule pièce à la fois.
Il aurait fallu complexifier un tant soit peu le level design mais cela aurait peut-être éloigné (en tout cas dans l'esprit des créateurs) une partie de la cible que sont les enfants ou le grand public.
Parfois piégé par sa propre structure et son game design un peu lancinant (il vaut mieux éviter d'enchaîner les étages pour ne pas se dégoûter trop vite), Luigi's Mansion 3 ne fait pas pas passer un cap à la série. Mais il n'en reste pas moins un super divertissement, agréable sur pleins d'aspects et sans réelles chutes de rythme. Il prend ce qu'il y avait de meilleur dans les volets précédents pour proposer l'aboutissement d'une formule qui, en cas de nouvel épisode, gagnerait à faire évoluer sa base.