Faire la critique d'un jeu comme Lumines paraît toujours quelque peu superfétatoire. C'est comme Tetris finalement, des blocs tombent, on les assemble (de préférence beaucoup d'un coup pour faire de gros scores), il faut gérer le rythme... Bref impossible de changer fondamentalement une formule fonctionnant comme une horloge suisse.
Donc Lumines sur Vita, c'est un peu comme Lumines sur PSP. C'est très réducteur, mais ce n'en n'est pas moins vrai. Le titre s'avère donc toujours aussi addictif, et adapté aux courtes sessions de jeu dans les transports en commun, sous la couette, sur le trône ou que sais-je encore. La bande-son est une fois encore extrêmement variée, avec cette fois-ci une plus large place réservée aux musiques sous licence. Les amateurs de musique électronique seront ravis d'apprendre que la tracklist de cet opus est moins mainstream et davantage orientée que celle du précédent. LCD Soundsystem, Aphex Twin, The Chemical Brothers, BT, Goldfrapp, Underworld, Orbital ou encore Amon Tobin se partagent ainsi l'affiche, tandis que les incursions pop se font plus timides avec Air, Mark Ronson ou The Go! Team. Un petit regret toutefois : on aurait apprécié retrouver des titres présents sur les deux premiers volets, histoire de pouvoir se faire la compilation ultime, mais leur simple absence hurle déjà au DLC, que l'on ne manquera pas de manger en masse dans les semaines à venir.
Techniquement, rien d'ébouriffant. Non pas que le jeu soit moche, mais la série n'est pas réputée pour faire cracher ses tripes aux supports sur lesquels elle officie. Electronic Symphony n'échappe pas à la règle, mais reste toutefois très agréable à regarder et profite à fond de l'excellent écran de la PS Vita. Les couleurs sont vives, pétantes, il y a des effets lumineux de partout (au détriment parfois de la lisibilité générale), même si malgré tout on sent que la console en a encore sous la pédale. D'autre part la myriade de capteurs dont est dotée la machine sera à la chôme, et seul le pavé tactile arrière sera utilisé pour tapoter en rythme et produire un petit effet sonore (toujours le même malheureusement). Tapotement qui aidera à faire grimper une jauge, et celle-ci une fois pleine permettra d'activer une capacité spéciale. Pas révolutionnaire, mais toujours bienvenu, surtout lors des moments les plus chauds où l'écran ressemble à un immense champ de bataille.
En résumé, Lumines n'a pas profité de son passage sur Vita pour révolutionner sa formule, et c'est presque tant mieux finalement. On tient sans doute un des titres exploitant le moins les capacités (qui a dit gadgets ?) de la console, mais certainement celui vers lequel on retournera toujours avec plaisir, même d'ici quelques mois. D'autant que les développeurs ont su tenir compte du caractère toujours connecté de la Vita pour proposer quelques options communautaires sympathiques, comme le partage de playlist ou le Bloc-Monde, cube géant se vidant toutes les 24 heures à l'aide des blocs effacés par les joueurs du Monde entier. Plus qu'un passage à la next-gen, on parlera davantage d'un gros coup de polish pour ce nouvel épisode de la série. Le coeur-même du jeu reste identique, et l'on appréciera les petits perfectionnements apportés à l'interface ici et là. Autrement dit le titre reste la même merde addictive qu'il était autrefois (attention à ne pas mettre les doigts dedans si vous ne connaissez pas déjà), et représente une valeur sûre comme premier achat avec la console, on espère simplement que des DLCs pas trop chers suivront rapidement pour maintenir l'intérêt sur le long terme.