Malgré une baisse de popularité, le Point & Click est encore très actif, sa simplicité permettant certaines extravagances narratives ou esthétiques. Il constitue ainsi un terrain de jeu idéal pour la scène indépendante. Aujourd'hui, je vous présente une production d'un studio tchèque inconnu, Amanita Design, réalisée en Flash et incroyablement magique : Machinarium.
Un gameplay fort classique
Machinarium est un Point & Click dans la plus pure tradition du genre. L'univers est décomposé en tableaux dans lesquels se trouvent des éléments interactifs, se détachant généralement du décor et utiles pour résoudre des énigmes. Par exemple, un aimant, une ficelle et un bâton constitueront une excellent canne pour pêcher un morceau métallique. Bien sûr, vous n'obtiendrez pas ces objets aussi facilement. La canne se trouvera peut-être dans un coffre fermé par un astucieux casse-tête, digne de la série Professeur Layton. Ou alors certaines actions préalables sont nécessaires : rendre service à tel personnage rencontré sur la place qui en échange vous fournit l'aimant. Petit à petit, après moultes réflexions, vous progresserez dans l'histoire et découvrirez un peu plus le monde de Machinarium. Le jeu propose également une originalité, hélas, peu exploitée. Le robot que nous contrôlons peut être grandi ou rapetissé selon les besoins. L'idée est intéressante mais au cours de l'aventure, cela ne constitue pas un point remarquable. Dommage car le gameplay très, trop, traditionnel aurait pu être plus varié.
Les connaisseurs songent sans doute au défaut classique du genre : devoir réaliser des actions très peu intuitives à première vue et se retrouver bloquer. Un exemple inventé : comment savoir que c'est le chat qui permettra d'ouvrir la porte en faisant tomber la clef ? Mystère. Machinarium ne fait pas exception et comporte son lot d'énigmes tordues. Les développeurs ont eu la bonne idée de rajouter un système d'aide. Par tableau, vous aurez droit à un seul indice, vous indiquant l'objectif à atteindre. Dans mon cas imaginaire, la bulle d'aide indiquerait de faire peur au chat. Ce sera alors au joueur de trouver comment effrayer le chat. Un ajout utile mais je dois avouer que j'ai eu recours à la solution extrême quelque fois : utiliser la solution fournie. En effet, après un mini-jeu présent pour décourager, vous pouvez obtenir le processus complet à suivre pour résoudre les situations. Il est d'ailleurs dommage que les développeurs nous donnent la solution en images sur une seule page. Il est très difficile de ne pas voir la totalité alors qu'un seul point peut gêner. Cette maladresse n'empêche pas le système d'aide d'être utile pour ne pas frustrer le joueur moins doué avide d'avancer.
Mais un univers enchanteur
Comme vous pouvez le constater sur les images, tous les décors sont dessinés, crayonnés à la main dans des tons marron clair, grisâtre mais toujours lumineux. Cela donne une patte graphique au jeu remarquable. Le style ne fait pas tout, le monde imaginé est aussi magique. L'aventure se déroule dans une cité où vivent des robots. Mais au lieu de la traditionnelle image froide des machines, le monde de Machinarium est un joyeux capharnaüm où rien n'est droit, rangé et vraiment propre ! Les habitants sont tout aussi bizarres, difformes. De cet étrange univers se dégage pourtant un incroyable sentiment d'humanité.
Humain : voilà l'adjectif le plus pertinent pour décrire Machinarium. Comment ne pas s'attacher à ce petit robot gentil, un peu coquin et si mignon ? Comment ne pas sourire quand il se gratte en attendant notre prochaine action ? Sans un mot, sans une parole, juste avec des dessins, Amanita Design nous dévoile son histoire naïve mais touchante. Dans un monde sans humain, il sera possible d'effectuer des rencontres très humaines : par exemple, une dame ayant perdu son chien (un robot lui aussi bien sûr) ou encore un petit orchestre de rue. Ce passage m'a particulièrement marqué mais je ne souhaite pas vous priver de ce moment. Il faut d'ailleurs souligner la qualité de la musique qui est un véritable enchantement pour nos oreilles : mélanges de sons métalliques, jamais dissonante et accompagnant à la perfection le rythme assez lent du jeu.
Véritable oeuvre d'art, Machinarium n'a qu'un seul véritable défaut : sa durée de vie. 5 h environ, c'est assez court mais il faut également tenir compte du prix du jeu, aux alentours de 15 €. Chacun en jugera l'importance selon son opinion. Au final, je ne peux que conseiller d'essayer la démo sur le site d'Amanita Design pour vous laisser séduire par ce jeu si envoûtant.