A sa sortie, le premier Marvel Spider Man avait fait très forte impression, et pour cause, le mythe de Spider-Man était brillamment adapté, les combats étaient nerveux et le jeu était bien réalisé et addictif. Pour enrichir le catalogue de sa nouvelle console, Sony pouvait donc logiquement faire confiance aux talentueux développeurs d'Insomniac Games. Le rendu est-il à la hauteur de son grand frère ?


Premièrement, pour être un bon jeu de lancement, il faut pouvoir montrer les compétences de son hôte, et là dessus, l'open world offert est une valeur sûre. Il est très similaire à celui du premier jeu, mais en vue des ambitions du jeu, un changement des collectibles, crimes et quêtes annexes ainsi qu'un petit coup de polish étaient largement suffisants pour garder le charme de la map originale. Très beau, et très plaisant à explorer, profitant à merveille du fameux système de déplacement de ces jeux qui vous fait vous sentir Spider-Man. Et pour user des compétences de la PS5, le jeu a une autre qualité dans sa manche : la lumière. Simple, mais servant de support à toute la patte graphique du jeu, et permettant de distinguer par la mise en scène les différentes situation du jeu comme il se doit.


D'un point de vue sonore en revanche, le jeu est moins convaincant. A part reprendre l'univers très correct de Spider Man de base, il glisse une touche différente, soit plus douce, soit plus rythmique. Une touche d'originalité qu'on pourrait saluer, mais qui ne génère qu'un décalage avec l'effet produit par le son de base, ne lui implantant que des défauts et très peu de qualité. Attention, le son et sa gestion est tout de même correct, mais ne s'assume pas assez, et se retrouve à être plus pesant qu'autre chose dans le bilan global du jeu.


Pour ce qui est des fonctions de combat, comprenant donc un axe combat brut et un axe infiltration, Miles Morales préserve évidemment la puissance de son ainé, avec de la brutalité, de l'impact, de la liberté, de la pertinence, et surtout sans aucun réel temps mort. Je me pencherai alors sur les principales nouveautés apportées par le jeu : le camouflage et la bioélectricité.

Tout d'abord, la bioélectricité est, en apparence, une simple refonte du système de coups spéciaux. Dommage pour ce qui caractérise le personnage de Miles Morales, oui, mais non, car le jeu va plus loin. Dans les compétences, dans le bestiaire de base, dans les boss, et même, un peu maladroitement mais quand même, dans les déplacements. L'électricité est une part importante, voir majeure, du système de combat du jeu, mais sans être lourde, sans impacter la liberté, justement, qu'offre le jeu, ce système en fait juste assez pour être simplement rafraichissant. Et tant qu'à faire, puisque j'aborde les boss, c'est regrettable qu'il y en ait si peu, il y avait de bonnes idées pour ces antagonistes, mais c'est au final un peu léger là dessus.

Le camouflage, par contre, je suis énervé contre lui. Il faut bien comprendre que dans Spider Man premier du nom, les phases d'infiltration étaient parfaites : profitant des gadgets, conservant une certaine tension, et permettant de proposer une alternative très satisfaisante à un système de combat qui n'en avait même pas besoin ! Miles Morales propose alors comme nouveauté le camouflage, permettant de se cacher d'ennemis nous ayant repéré, et de les exécuter quand bien même ils seraient au regard de leurs camarades. Est-ce que ça retire toute forme de tension et de fun à ces phases ? Oui. Un peu, oui. Mais ce n'est pas tout, car en prime, cela sert d'excuse à rendre les phases d'infiltration plus longues. Donc on prend un système fun et dynamique, et en retire le fun et le dynamisme. Dommage !


L'aspect capital du jeu selon moi, avec le combat, c'est son histoire, son lore, etc... Etant un petit fan de comics, j'ai des attentes spéciales venant d'un jeu Spider-Man, et une fois encore, peut-être même davantage, l'essence des comics est parfaitement retranscrit. Y'a ce petit côté cliché, et un peu débile aussi, petit mais présent, qui est inhérent aux comics, couplé à la richesse de l'univers et à une morale forte. A ces niveaux-là, j'ose le dire, Marvel Spider Man Miles Morales est un meilleur comics que beaucoup de comics. Mais si tout ça tient debout, c'est entièrement grâce à Miles. Miles est les fondations et le jeu est le bâtiment. Tout marche avec Miles au final : il est drôle, attachant, très bien caractérisé, mais surtout il incarne de façon intelligente les doutes d'un personnage qui apprend, via ses pouvoirs d'araignée, les responsabilités. Oui, Miles est ce qu'il doit être : une brillante réinterprétation du mythe de Peter Parker, qui s'insère à merveille dans l'univers des jeux. Chaque personnage, chaque idée qui fonctionne dans l'histoire du jeu fonctionne alors grâce à ce qu'il apporte à Miles au final ("chaque" est peut-être un peu extrême, mais quand même). Mais quelque chose cloche. Hélas, même avec un personnage aussi bon, ne pas être Peter Parker en portant la casquette de protagoniste d'un jeu Spider-Man, c'est rude. On pense constamment à l'homme-araignée classique, et quand bien même Miles est génial, Peter nous manque, et c'est presque une punition de ne pas le contrôler. Peter Parker est tout de même l'un des personnages de fiction les plus célèbres et aimé au monde, alors rivaliser avec lui est presque impossible. Mais c'est un problème inhérent à la création d'un jeu "Spider-Man Miles Morales", donc c'est pénalisant, mais on peut faire avec, d'autant que j'insiste sur le fait que le personnage est vraiment bon. Un autre fort de ce scénario cependant, et c'est cette fois-ci un avantage que le premier jeu aurait difficilement pu avoir, c'est un aspect "inédit". Même si ces jeux prennent des libertés, quand on fait un jeu sur Peter Parker, on a un public qui connaît déjà pas mal de composants du personnage et de son histoire. Ce n'est pas nécessairement le cas de Miles : alors les rebondissements, les surprises et la découverte ont bien plus le champ libre. Et comme c'est bien ficelé, c'est un plaisir.


Pour finir, le vrai problème du jeu, et il a fait beaucoup parler, c'est au final la pauvreté dont il fait preuve. En comparaison à ce que offrait le jeu précédant, on a à peu près 2 fois moins de missions annexes et de collectibles, une durée de vie bien tronquée, et surtout, les crimes, micro-missions faisables à peu près n'importe quand, sont à vol d'oiseau 10 fois moins. Et avec ça, on a de vrais problèmes de finition : les IA, la VF, les bugs, ou juste certains moments du jeu : des tas de choses auraient mérité un peu plus de soin, et ce soin n'a pas été au rendez-vous.

On remarque alors quelque chose : l'écrasante majorité des qualités du titre sont directement extraites du premier jeu, et ce nouveau jeu y implante alors surtout de la pauvreté et des petits défauts. C'est un bon jeu, mais il n'est pas entièrement convaincant, et c'est dommage, car les bases étaient très solides.

14/20

BlobfishWallaby
7
Écrit par

Créée

le 9 déc. 2023

Critique lue 6 fois

BlobfishWallaby

Écrit par

Critique lue 6 fois

D'autres avis sur Marvel's Spider-Man: Miles Morales

Marvel's Spider-Man: Miles Morales
BestPanther
8

Les toiles noires

Faisant suite à l'excellent jeu Spider-Man sorti en 2018 qui se range parmi mes jeux préférés, ce stand-alone avait été annoncé en surprise pour une sortie en fin d'année 2020, ce qui coïncidait avec...

le 21 févr. 2022

6 j'aime

2

Du même critique

Hollow Knight
BlobfishWallaby
8

C'est un peu TROP bien, et ce n'est pas qu'un compliment

J'ai lutté longtemps contre un ami, un fan un peu trop hardcore de Hollow Knight, pour ne pas acheter ce jeu, et il y a peu de bataille que je sois aussi heureux d'avoir perdu.Dans ce MetroidVania...

le 2 déc. 2023