Autant être honnête tout de suite : je ne m'attendais pas à grand-chose quand j'ai acheté Mass Effect pour 5€ lors d'une promo Steam. La bande-annonce et les différents aperçus de la presse ne m'avaient pas du tout emballé. Je crois que c'était surtout les combats qui me rebutaient.
Et finalement, même si le jeu est très loin d'être parfait, je l'ai fini pour la troisième fois hier soir en mode hardcore avec un techie, je prévois de le finir une quatrième fois en mode folie, et j'ai déjà 90h de jeu au compteur.
Comment ça se fait ? Probablement parce que Mass Effect n'est pas un RPG pur, mais plutôt un mélange TPS/RPG, de même que Deus Ex est un FPS/RPG. Du coup, je dois avoir tendance à lui pardonner ses nombreuses entorses aux « traditions ».
On retrouve donc un système de dialogue, un peu étrange au premier abord, mais qui remplit pas trop mal sa fonction, un système d'inventaire mal fait (mais j'y reviendrais), un système de compétences franchement sommaire, et une gestion de l'équipement simplifiée mais suffisante.
Le jeu est clairement orienté action, le ton est donné dès les premières minutes. Vous êtes le commandant Shepard, déjà héros de la galaxie avant même d'avoir commencé à jouer, vous obéissez aux ordres d'un gentil capitaine autoritaire mais juste et votre équipage vous aime. Bien entendu, votre but sera de sauver la galaxie en pétant la gueule au méchant que vous rencontrerez au début du jeu et à son armée de robots.
Bien sûr, vous ne serez pas seul pour accomplir cette prouesse ! Le fin du fin de chaque espèce vous accompagnera, et vos coéquipiers seront toujours là pour échanger de petites confidences (j'y reviendrais aussi).
Ce n'est pas vraiment pour son scénario qu'on se souviendra de Mass Effect.
Le système d'inventaire est l'un des plus mauvais de l'histoire du jeu vidéo. Certains lui reprochent d'être un inventaire textuel. Moi, j'aime bien les inventaires textuels, ça permet de repérer rapidement les différents objets. Non, celui de Mass Effect a d'autres défauts, comme celui de vous obliger à ramasser des objets dont vous n'avez que faire, de vous prévenir à la dernière minute quand il est plein et d'être une plaie à utiliser avec une souris. Oui, parce que des objets, vous allez en ramasser à la pelle durant tout le jeu : armes, armures, munitions spéciales, modifications d'armes...
(Comment ? Pas de clefs, d'artefacts mystérieux ou d'objets inutiles ? Ah ben non, pensez-vous, vous êtes dans un jeu d'action, il ne faut pas encombrer l'esprit du joueur avec des futilités !)
La profusion d'objets est selon moi un problème dans pas mal de jeux vidéo. Mais le problème de Mass Effect, c'est à la fois la profusion d'objets vraiment merdiques et le fait que l'on vous oblige à les ramasser (ou à les convertir en omnigel, une subtance qui vous permet de faire certaines choses, mais si votre inventaire est plein au moment de ramasser une arme intéressante, on ne vous donnera pas le choix...). Résultat, vous perdrez un certain temps à revendre votre bric-à-brac, maudissant des marques telles qu'Avenger, Lancer ou Kessler. A titre de comparaison, imaginez un Baldur's Gate où on vous obligerait à ramasser les 16 épieux en bois invendables que l'un de vos personnages vient de trouver sur un râtelier. Ridicule et irritant à souhait.
Evidemment, l'inventaire ne gère pas non plus l'encombrement par taille et poids. Il faut vraiment avoir de grosses poches pour porter 150 fusils...
On se contentera donc d'avancer en fonçant dans le tas et en appuyant de temps en temps sur la touche d'inventaire afin de récupérer les loots des ennemis morts il y a plus de 10 minutes.
Car Mass Effect ne propose pas non plus de réelle difficulté. La plupart du temps, même en fonçant dans le tas avec un pistolet et sans utiliser le système de couverture, je me suis débarrassé de mes ennemis avec une facilité déconcertante...
Bon, j'ai légèrement caricaturé l'histoire. Heureusement, certaines planètes sont plutôt sympas à visiter, et jolies avec ça. L'Unreal Engine 3 s'en sort plutôt bien, même si certaines textures sont franchement baveuses et que l'éclairage est totalement à revoir (mention spéciale aux passages en ascenseur où des faisceaux de lumière surgissent d'on ne sait où).
Par contre, ne vous attendez pas à quelque chose d'extraordinaire de la part des quêtes annexes. Si certaines peuvent être intéressantes, le cadre sera quasiment toujours le même : en dehors des insupportables phases d'exploration en véhicule d'exploration (Arrêtez Ripley ! Vous allez péter l'essieu !) mettant bien en valeur le moteur physique bourré du jeu, vous parcourrez environ 3 modèles de base militaires et 2 modèles de cavernes. Seule la position des ennemis et de quelques autres meubles changera.
Comme la tradition l'exige depuis quelques années maintenant, il est possible pour notre avatar d'avoir une liaison avec l'un de ses équipiers. Les romances, moi j'aime bien. Sauf que dans Mass Effect, ça prend la forme de dialogues assez pauvres en quantité et en qualité, et ça se termine sur une petite scène de cul en 3D temps réel et polygonée... mouais. Moi, je m'attendais à ce qu'il y en ait au moins une qui égale l'une des trois romances de Baldur's Gate 2. Mais on me murmure à l'oreille que les histoires d'amour platoniques et/ou laissant place à un peu d'imagination, ça fait pas vendre.
Malgré cet étalage de défauts, Mass Effect reste selon moi un jeu assez plaisant à jouer et, avant tout, une excellente passerelle pour le second opus. Même si la personnalisation de votre avatar est minimale au point de confondre votre PJ avec un PNJ auquel vous auriez simplement donné un prénom qui ne serait jamais utilisé dans le jeu, le fait de pouvoir importer sa dernière sauvegarde dans le second jeu et de pouvoir visualiser les conséquences de nos actions plusieurs années plus tard est très appréciable.
