Finir est souvent plus difficile que commencer
Ca y est, les Moissonneurs sont là, pour de vrai, et l'univers tout entier, ou presque, n'a pas cru bon d'écouter les avertissements de son Messie, aujourd'hui tombé en disgrâce suite à de légers dégâts collatéraux opérés dans un DLC du précédent volet (et auquel tout le monde n'a pas forcément joué, y compris moi) et la Terre se fait rapidement envahir.
Mes fils, c'est le temps de la Moisson.
Si l'on retrouve un commandant à peu près intact sur le plan physique, on peut néanmoins constater qu'il s'est passablement ramolli. Mon personnage était censé être une rescapée de Mondoir et d'Akuzë, et a vu des choses bien plus traumatisantes qu'une navette abattue en plein vol (citons, au hasard, les colons liquéfiés vivants du précédent opus). Pourtant, ça ne l'empêche pas d'être régulièrement hanté par ce mioche antipathique et insupportable. Je veux bien que mon personnage fasse preuve d'un peu de faiblesse et d'humanité, mais pas de cette façon-là, et pas d'une façon aussi ridicule et mal mise en scène. Bioware tentant de faire du larmoyant, c'est tout aussi grotesque qu'exécrable.
Heureusement, entre les gros ratés de Bioware, on assiste aussi à quelques passages appréciables, marquants , parfois émouvants. Je pense notamment au retour des Quarriens sur leur planète natale et leur "symbiose" avec les Geths, ou encore à la prière de Thane. J'en oublie quelques autres, mais ce sont les premières qui me viennent à l'esprit.
Mais... je ne sais pas si c'est le fait d'avoir terminé une trilogie et d'avoir mis fin à cette "épopée spatiale", ou le fait d'avoir assisté à trois des pires fins qu'ils m'aient été donné de voir dans un jeu vidéo (j'ai terminé le jeu une fois et j'ai regardé le reste sur Youtube), mais je me suis senti trahi, démotivé, vidé. Sérieusement, faire trois fins identiques (surtout avant le DLC gratuit), où presque aucun de vos choix n'a de conséquences, pour un jeu mettant précisément l'accent là-dessus, c'est une véritable honte transpirant la grève de scénaristes et le manque de temps. Si je trouve que la fin "Contrôle" a un petit côté grandiose et machiavélique (j'ai un faible pour toute forme d'ascension), je peux difficilement apprécier les différentes issues qui nous sont proposées... à l'exception, peut-être, de "Refusal", un véritable pied de nez à la trilogie entière. Mais, étrangement, j'ai la sensation que le prochain Mass Effect (j'en pleure déjà) ne va pas s'appuyer sur cette fin-là...
J'ai aussi été passablement agacé, tout au long du jeu, par cette manie qu'ont les développeurs de présenter Shepard comme étant "the one who makes a difference". La galaxie est au bord du gouffre et, surtout, les différentes factions sont INFOUTUES de se débrouiller. Les lignes turiennes se font ravager, les asaris se font dominer, les krogans attaquent avec des camions, mais tout va bien, le Commandant Shepard est là, et il va nous sauver. Toutefois, si certaines polémiques m'ont semblé moins justifiées une fois en jeu (le moment où Shepard bute un Moissonneur à pied est un peu plus réaliste à partir du moment où on apprend que son flingue et un pointeur de bombardement orbital...), je peux difficilement en dire autant au sujet d'IDA et d'Ashley, toutes deux transformées en Miranda bis.
Question gameplay, il s'agit de la même recette que le deuxième titre, avec parfois moins de richesse (notamment les dialogues, proposant beaucoup moins de répliques et quasiment aucune action contextuelle, mais également au niveau des quêtes, qui se révèlent n'être que du fédex sur la citadelle avec du scan de planètes, pour la plupart ; Shepard ne se fait même plus chier à parler aux personnages, et se contente d'intercepter des conversations), et parfois, quelques ajouts appréciables (notamment des petits passages d'exploration et d'angoisse dans des ruines ou des grottes, qu'on aurait aimé plus longs et plus nombreux).
Au niveau de l'histoire... en dehors des fins traumatisantes du jeu, ça consiste simplement à défoncer Cerberus pendant que les Moissonneurs s'occupent de la Terre (logique...), en croisant par-ci par-là un méchant moche et bien cliché qui porte un Katana. Là aussi, dans le genre frustrant, on fera difficilement pire que ces cinématiques qui transforment notre Shepard en mauviette.
Le mode multijoueur, enfin, serait susceptible de m'intéresser si je n'étais pas obligé de jouer avec des bras cassés sur le net, même s'il me semble assez facile de le caser dans une lan, le but étant de survivre à des vagues d'ennemis, avec un système de progression en compétences et en ayant la possibilité de jouer autre chose qu'un humain.
En résumé, j'ai été déçu, et le mot est faible.