Plus badass, tu meurs

Max Payne est en quelques sortes le héros parfait, car il est à la fois très faible et très fort. Très faible parce qu'il a perdu sa famille, qu'il est alcoolique accro aux médocs et qu'il manipulé d'un peu partout. Très fort parce qu'il a de gros bras, de gros flingues et qu'il peut te loger dix headshots dans un saut d'une demi seconde sans une seule égratignure. Ajoutons à cela qu'il est gentil (il se bat à la fin pour sauver les pauvres des favelas, désolé du spoil), peu expressif et qu'il en veut à la terre entière et on se rapproche probablement du personnage le plus badass de l'histoire du jeu video. Le scénario est pas extraordinaire mais tout tient dans ce personnage qui bénéficie d'une écriture et d'une interprétation magistrale. Le choix du lieu aussi est parfait ici. Le mélange entre le monde de la fête, des filles en bikini et la déprime constante du héros qui enchaînes les critiques cyniques de cette société autour de lui crée un décalage délicieux.

Voici un jeu qui vaut largement le coup, au niveau du gameplay, j'étais assez dubitatif au début car le jeu semblait se résumer à un enchaînement de salles à vider avec pour seule arme un flingue et un bullet-time. En fait au final c'est totalement ce qu'on a.... Mais, putain quel trip ! Incarner un ex-flic bedonnant en marcel qui enchaîne des sauts dans le vide décimant des armées entières avec un petit flingue tout en balançant des putains de répliques badass sur la noirceur du monde et cette société qui part à la dérive, quel pied ! J'ai l'impression qu'on fait la même chose du début à la fin, à quelques variantes de scènes scriptées (mais tout aussi tripantes) pourtant je me suis pas lassé une seconde. Les situations et décors changent tout le temps, l'ambiance aussi. Dégommer des ennemis dans une boite de nuit chic au rythme d'une musique techno est tout aussi grisant que de poursuivre des bad guys dans un immeuble délabrés des favelas s'écrouant peu à peu.

Ca faisait assez longtemps qu'un jeu vidéo m'avait pas autant tenu en haleine, et même assez longtemps que j'avais pas fini un jeu, ouais en fait la dernière fois c'était pour Red Dead Redemption... Ceci me fait furieusement penser que Rockstar est bien la seule firme qui arrive à constuire des personnages matures et charismatiques avec de vrais dialogues sans sombrer dans des blockbusters sans saveur.

Franchement je m'attendais à un jeu cool sans plus mais j'ai été absorbé dans cette ambiance et pris par la main (enfin plutôt arraché par le col) par ce personnage de Max Payne pendant un week end entier. D'ailleurs la durée de vie est pas immense mais si on compte le temps que je vais mettre pour me remettre de ce trip, ça vaut largement le coup.