7 décembre 1941. L’attaque japonaise contre la flotte de Pearl Harbor met toute l’opinion publique américaine en émoi. Il n’y a plus le choix : il va falloir affronter le belliqueux Empire du Japon, désireux de conquérir l’Extrême-Orient et de régner sur tout le Pacifique. Vous incarnez le capitaine Joe Griffin, qui a survécu par miracle à ce « jour de l’infamie », comme l’appellera Roosevelt. L’heure de la vengeance a sonné !


L’originalité de ce Medal of Honor : Soleil Levant est donc de plonger le joueur dans la campagne du Pacifique. Si on était habitué aux jeux où il fallait dessouder des Nazis par paquets de 20 dans une Europe en ruine, les jeux proposant une confrontation avec l’armée d’Hiro Hito étaient bien moins nombreux. Des Philippines à la rivière Kwai en passant par Singapour, on peut redécouvrir tous les théâtres d’opération où les Alliés eurent fort à faire avec la présence japonaise, dans des missions qui restent essentiellement terrestres (esprit Medal of Honor oblige).


En 2003 sortait Call of Duty, premier né d’une série qu’on ne présente plus. Mise en scène digne d’un blockbuster avec des explosions de partout et de l’action dans tous les coins, l’opus fut une petite révolution à l’époque. Nerveux et bien réalisé, il démontrait que les possibilités techniques de l’époque permettaient une immersion en zone de guerre qui n’avait rien à envier aux plus grands films. On était très loin de l’ambiance presque feutrée des premiers Medal of Honor ; cette grande licence historique du jeu de guerre, avait donc de la concurrence…


La première mission, qui nous fait vivre la fameuse attaque de Pearl Harbor, met franchement en appétit. Il y a de l’action, c’est rythmé, on prend vraiment plaisir à dégommer des avions japonais depuis notre petit bateau, bref, on se dit que ce Soleil Levant a de quoi tenir la chandelle à Call of Duty. C’est ravi et plein d’espoir qu’on démarre la deuxième mission.


Et là, à terre, avec un flingue dans les mains… Ce n’est plus la même tisane. Stupéfait, voire assez horrifié quand on est déjà familier de la série, on découvre un jeu vraiment pas terrible graphiquement, avec une jouabilité imprécise, d’une rigidité cadavérique, avec une visée lente et lourde… Une honte quand on se souvient de la finesse des premiers opus sur PS1 ! Les ennemis bougent comme des pantins, de manière saccadée. En fait, ce sont les animations en général qui laissent un goût d’inachevé tellement elles sont grossières. À l’époque, certains se sont même demandé si le jeu était fini, tellement le résultat à l’écran était affligeant.


Aux énormes tares du jeu il faut ajouter l’IA, conne comme la lune. Certains persos peuvent rester à deux mètres de vous (littéralement) sans vous toucher ou essayer de vous tirer dessus. C’est peut-être pas plus mal, vu qu’ils tirent comme des patates... Les stormtroopers de Star Wars sont des tireurs d’élite, à côté. Vu la qualité globale de gameplay, on finit donc par foncer droit devant et tirer dans le tas... Pour couronner le tout, les missions elles-mêmes ne brillent pas par leur originalité. On croise une kyrielle de personnages dont on n’a pas grand-chose à faire dans une progression linéaire toujours constituée des mêmes objectifs, le tout servi par une conception de niveaux assez labyrinthique. Ce n’est pas une tare en soi, certains jeux ne font guère mieux. Le souci étant que Soleil Levant est tellement médiocre et insipide que ce manque d’originalité se voit comme le nez au milieu de la figure.


Medal of Honor : Soleil Levant est réduit au plus basique qu’on peut faire en matière de jeu de guerre. On se contente de le subir en attendant sa fin — qui arrive rapidement, car le bousin se permet en plus le luxe d’avoir une durée de vie faible (comptez 5-6 heures pour tout finir). En retard sur la technique comme sur le gameplay, à aucun moment cet opus n’éveille le plaisir de jouer : sa très bonne première mission ne faisant que renforcer la déception globale par rapport au reste. Seule la BO parvient à surnager au milieu de tout ça, même si personnellement, je la trouve moins inspirée que dans d’autres épisodes.


Bref, avec ce Soleil Levant, la saga Medal of Honor n’a pas évolué. Encore pire : elle a régressé. Soleil Levant aura amorcé un déclin qui signera la suspension de la série après Warfighter, sorti en 2012. Malgré certains jeux plutôt favorablement accueillis par la critique, Medal of Honor n’aura jamais réussi à égaler Call of Duty, Battlefield et autres licences qui donnent désormais le tempo du FPS en milieu militaire. Reste un opus en réalité virtuelle sorti récemment (Above & Beyond) qui est, dit-on, assez intéressant. Une renaissance pour la série ? Je l’espère, en tout cas. Medal of Honor fait partie de mes premières découvertes vidéoludiques. Ce ne serait que justice si cette licence pionnière du jeu de guerre retrouvait ses lettres de noblesse.

C4r4mel
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le 24 juin 2024

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