"Medal of Honor : Warfighter", voilà un titre bien cliché pour un jeu tout aussi cliché. A l'heure où la série Call of Duty domine largement le marché du FPS moderne, les autres jeux de guerre devraient essayer de se démarquer en osant des formules plus originales. Mais non, ce Medal of Honor rejoint la grande famille des jeux qui ont bêtement copié Call of Duty et se sont vautrés, comme son grand frère sorti en 2010.

L'histoire du jeu est décousue et mal racontée, mais au final c'est le récit d'un soldat américain entrecoupé de flashbacks. Rien de bien original donc, d'autant plus qu'au final, on fait difficilement le lien entre les différentes missions et on n'a strictement rien à foutre de la vie de ce soldat.
Ce qui est plus dérangeant, c'est tout ce pro-américanisme primaire qui dégouline du jeu. Là, on revient un peu en 1930-40 avec ces films de propagandes bêtes et peu subtils, on abat des méchants arabes à la chaîne sous prétexte que les "missions sont inspirées des faits réels", le tout englobé de messages patriotiques à gerber (la morale de fin fait vraiment pitié).
Le comble du mauvais goût est quand même le tutoriel : on contrôle pour une fois un terroriste arabe dans un camp d'entraînement. Le chef nous balance tout un discours de haine à propos des infidèles et le jihad, et on est balancé dans une maquette d'un avion pour tirer sur des cibles sensées représenter les passagers et les pilotes.

En tant que FPS, le jeu n'est pas non plus foncièrement mauvais. Les mécaniques du jeu tiennent debout et la réalisation est correcte. Mais malheureusement, il ne se démarque à aucun moment de ses concurrents. Voilà encore un énième FPS couloir assisté et scripté au poil près, avec aucune volonté d'innover ou de proposer un quelconque challenge aux joueurs. Une des rares originalités du jeu est de proposer des bidons explosifs non pas rouges mais... bleus !
Blague à part, on retrouve du coup tous les tares des FPS modernes, comme la vie qui remonte toute seule, des munitions à l'infini, des PNJ alliés qui font tout le boulot à notre place, des séquences de rail-shooting particulièrement peu inspirées... On est d'ailleurs joyeusement étonné de voir qu'il n'y a pas de QTE bien pourris comme le solo de Battlefield 3.

Le jeu devient presque une caricature à certains moments, comme la mission où on doit abattre des terroristes sur un bateau avec un fusil sniper. En fait, la seule chose que le joueur doit faire est de tirer une fois. Le reste de la mission est juste des blablas militaires et des cinématiques, même pas la peine de se déplacer ou de viser. On commence vraiment à atteindre le stade du jeu vidéo pour abrutis "press X to win" qui était avant une blague mais maintenant la réalité.

Les ennemis sont tous pareils au niveau de leur comportement. Le maximum de variation proposée se limite à un ennemi "heavy armor" qui encaisse 3 fois plus de dégâts qu'un ennemi normal... Wouah, attention, le game designer était inspiré le jour où il a décidé ça ! L'IA est un peu conne et ce n'est pas rare de voir un soldat US et un terroriste essayer de se tirer dessus à 3 mètres sans succès.

Le jeu ne présente du coup aucune difficulté, même les séquences qui ont l'air les plus chaudes sont au final rendues fastoches avec des hélicos ou des missiles qui viennent de nulle part pour tout dégommer à notre place. Le jeu est suffisamment bourrin pour ne pas non plus tomber dans l'ennui totale, avec quelques explosions totalement gratuites façon Michael Bay, mais on enchaîne quand même des zones après zones sans saveur et sans génie en étant prisonnier des scripts prévus par les développeurs.

Le jeu aurait pu s'appeler "Medal of Kickdoor" tellement les séquences ultra-classiques de défonçage de porte à coup de pied et suivi d'un ralenti deviennent un élément très important du gameplay. Au moins 3 fois par mission, on doit défoncer une porte. Et Danger Close a apporté une des seules originalités du jeu, mais aussi une des idées les plus stupides jamais inventées : on peut choisir la méthode de défonçage de porte, parmi une panoplie de mouvements qu'on a débloqué auparavant. Non mais là, c'est vraiment génial quoi. C'est juste une animation qui change, et ça n'apporte absolument rien de plus au gameplay. Si le but du jeu était de faire caca, ça serait équivalent d'avoir le choix entre du PQ simple, du double couche moelleux ou du vert parfum menthe. *

Paradoxalement, les missions qui m'ont les plus amusé dans tout ce constat médiocre sont celles à bord d'une voiture civile, vraiment bien réalisées et bien mises en scène. Même la conduite du véhicule avec sa vue intérieure est agréable. Non franchement, Danger Close, vous devriez plutôt vous mettre aux jeux de course.

Graphiquement, le jeu est assez sympa à regarder. Les décors sont variés et assez détaillés, c'est déjà largement mieux que l'épisode précédent où tous les décors du jeu se résumaient à des maisons en terre et des montagnes rocheuses, avec les variantes jour/nuit, sable/neige... Pourtant, Frostbite 2 est capable de bien mieux, notamment en matière de destructions. Une petite planche de bois par-ci, un petit muret de brique par-là, au final la destruction du décor de MOH:W n'est pas plus poussée que dans Call of Duty, ce qui est assez fâcheux pour un jeu utilisant un moteur qui a toujours vanté ses capacités à générer le chaos virtuel.

Au niveau sonore, l'ensemble est plutôt sympa, même si certains sons se coupent brusquement de manière étrange. Musicalement par contre, pas grand chose à retenir, du Hans Zimmer du pauvre avec à la fin du Linkin Park...

Malheureusement, ma critique se limitera au solo même si je sais que beaucoup vont acheter le jeu uniquement pour le multi. Non parce que j'ai déjà Battlefield 3 qui me suffit pour ça, et je n'avais pas spécialement envie de payer 50 euros pour jouer à un multijoueur peu inspiré sur seulement 8 petites cartes. Et en plus, la série Medal of Honor s'est quand même démarquée à l'origine par la qualité de son solo, donc qu'on ne me balance pas que "on s'en fout du solo".

La série Medal of Honor était peut-être le maître du genre auparavant, aujourd'hui il n'en est rien. Warfighter aurait pu être un jeu correct... s'il n'y avait eu aucun FPS de guerre moderne depuis 10 ans. Malheureusement, aujourd'hui il y en a à en faire une overdose. Tout ce que le jeu propose a été déjà fait ailleurs en mieux. On se retrouve au final avec un jeu bâclé, court, terminé à l'arrache (le patch day one qui corrige une flopée de bugs importants en est la preuve) juste pour pouvoir sortir avant Black Ops II. On peut forcément s'amuser quelques minutes dessus, mais rien n'est vraiment marquant. C'est vraiment un produit de consommation rapide et dispensable enrobé dans une morale à vomir.

* Au fait pour le coup des portes, cette vidéo résume assez bien : http://www.youtube.com/watch?v=72Ew-awbsNw

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le 28 oct. 2012

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ThoRCX

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