Une énième œuvre de mon enfance et qui est censée me tenir à cœur en conséquence, mais qui, pour le coup, avait un meilleur goût à cette époque.
La suite (je pense pas forcément attendue, en tout cas si on se réfère à la fin du premier opus, il n'est bien sûr pas question ici de nier les qualités de celui-ci et à quel point il semble avoir marqué une génération) des aventures de ce personnage si haut en couleurs mais tellement attachant qu'est Sir Daniel Fortesque, transposé à l'ère victorienne, un MediEvilqui serait beaucoup plus proche de notre époque (en y pensant, la fin du XIXe, ce n'était pas si loin) et utilisant en plus des éléments du vrai monde réel de la réalité véritable, sur le papier, ça a de quoi en jeter, non ?
Quand on voit l'ambiance incroyable dégagée par l'opus, aidée par des graphismes plutôt soignés pour l'époque et une OST d'à peu près aussi bonne qualité que le premier (il ne faudrait là aussi pas plus d'une main pour compter les musiques peu marquantes), oui, ça en jette, gambader dans différents quartiers de Londres, visiter l'Observatoire de Greenwich et les jardins de Kew (il me semble que c'est d'ailleurs grâce au jeu que je connais leur existence), régler son compte à ce salopard de Jack l'Éventreur, voilà des idées vraiment formidables, mais pour la plupart, c'est dans leur exécution que ça pêche un peu.
Non pas que l'argument de « ça se passe à Londres en 1886 » saurait être le seul argument de vente du jeu et qu'il aurait en conséquence dû être un jeu d'exploration ou même un open world (bien que les niveaux soient plus vastes que dans le premier), il est même très possible que certains éléments de l'époque n'aient pas été retranscrits avec exactitude (je suis marrant je sais), mais alors que l'ambiance du premier n'avait d'égal que la qualité de son gameplay et de sa difficulté très abordable (majoritairement du moins), il y a beaucoup de passages de cette suite où je me dis que l'ambiance et de l'atmosphère sont à peu près tout ce qu'il y a sauver, et qu'ils ont même été gâchés par une difficulté revue à la hausse, une répétitivité dans le gameplay (alors que paradoxalement, ce deuxième opus apporte lui des choses non négligeables), et des détails qui me semblent honnêtement avoir été placés juste pour faire chier le joueur.
Pour être plus précis (ceux qui aiment les listes de courses, sortez les popcorns) :
- La majorité des ennemis, même ceux du début du jeu, ont vu leur résistance et leur force accrue, parfois injustement et inutilement (ces saloperies d'imps dans la Galerie des Monstres, ces zombies et ces cacas extraterrestres verts dans l'Observatoire de Greenwich, qui aurait d'ailleurs dû s'appeler « l'Observatoire du marteau » tellement on doit utiliser celui-ci à outrance, les merdes fluos font d'ailleurs leur retour dans les Égouts, ce qui est leur vraie place en fait),
- Un arsenal d'armes (qui ne change que peu en comparaison du premier) qui met en conséquence du temps à être efficace,
- À propos de celui-ci, les armes à distance ne semblent pas devoir être tant utilisées que ça,
- La majorité d'entre elles semblent également moins précises que dans le premier opus,
- Une chiée d'ennemis alors que le calice est déjà obtenu ou juste avant la fin d'un niveau,
- Les fontaines de vie qui ne réapparaissent pas quand on revient dans un niveau,
- Les sauts qui sont devenus aussi imprécis et dangereux qu'un borgne avec une Gatling (profitons-en du coup pour baser La Galerie des Monstres sur un système de trampoline et rajoutons plein de phases de plates-formes en règle générale, surtout à la toute fin du jeu, non allez crever en vrai),
- Des phases puzzle game oscillant entre le truc tellement facile qu'un corps sans tête pourrait y arriver et le truc quasi infaisable sans soluce,
- Des boss sans compteur de points de vie (Palethorn a raison, ses sbires ne servent vraiment à rien à part faire chier le monde),
- Des humains à sauver dans les Jardins de Kew qui attendent patiemment notre arrivée et ne se défendent même pas (les villageois des Ruines Hantées du premier opus avaient au moins l'excuse d'être enchaînés), le tout sous des cris insupportables,
- Une inconstance en ce qui concerne l'inventaire (il ne peut pas accueillir tous les membres du corps de Dankenstein mais peut transporter toutes les pièces de la machine à remonter le temps ?),
- Un combat de boxe, justement, où Dankenstein et Le Cogneur ne semblent quand même tout à fait à égalité niveau force,
- Ce qui amène à une perte de certains membres entre les rounds, qu'il est possible de récupérer, mais où on a pensé bon de rajouter des chiées d'imps pour nous casser les couilles,
- Des phases avec un timer qui ne laissent pas suffisamment de marge (alors évidemment, je n'attendais pas plusieurs années pour la putréfaction des membres, mais 20 secondes, avec en plus des ennemis qui barrent la route et des membres de plus en plus éloignés du billard, ce n'est pas assez ; l'effondrement de la - majestueuse - cathédrale se joue tellement au poil de cul que ça en devient ridicule).
Ajouter à cela d'autres détails tels que Fortesque qui se met à parler distinctement (un premier pas vers sa cartoonisation de Resurrection), la disparition du Hall des Héros (peut-être un peu désuet pour un jeu censé se dérouler au XIXe siècle, il est vrai, mais qui envoie toujours plus que le Laboratoire du Professeur, où effectivement les interactions post-niveau semblent bien plus limitées), des phases faisant entrer en scène une machine à remonter le temps bien sympathiques mais pas forcément maîtrisées et probablement inutiles, un combat de boss final quand même un peu décevant (déjà incompréhensible qu'il n'ait pas le plus gros compteur de points de vie de tout le jeu), des éléments dont la présence aurait été bienvenue pour seoir encore plus à l'aspect et l'ambiance « londonienne » du jeu (il se trouve qu'un niveau entier et son boss sont est passé à la trappe lors du développement), et on peut comprendre pourquoi ce deuxième opus n'a pas connu le même succès que son prédécesseur et n'a que rarement la préférence des fans ou amateurs de la « saga », au point d'enterrer celle-ci ? Peut-être pas, mais on est quand même toujours sans nouvelles vraiment intéressantes de Fortesque depuis bien trop longtemps... Gageons qu'il ne faudra pas attendre 500 ans de plus...