Basé sur le meilleur épisode de la licence, à savoir le second, ce neuvième épisode des Mega Man prône un véritable retour aux sources, excluant de ce fait la glissade de Mega Man 3 et le tir chargé de Mega Man 4. On retrouve donc des graphismes 8 bits ainsi qu'une sympathique composition que l'on aurait très bien pu entendre sur NES… même s'il me semble important de préciser que l'on ne se retrouve pas face à un titre qui a été développé directement sur la console ou dans des conditions similaires, mais bel et bien face à un titre « d'aujourd'hui » qui tente le plus possible de se rapprocher de l'expérience NES originale, de ses particularités, que ce soit au niveau de la partie graphique et sonore. Au pire, pour les plus puristes d'entre nous, il est toujours possible de jouer en mode Héritage, avec l'inclusion de ralentissements et autres bogues graphiques propres à la NES (même si personnellement, pour le peu que j'y ai joué, je n'ai pas vu grande différence).
Aussi, histoire d'aller à fond dans le délire, les amerloques ont eu droit à une affiche dont la mocheté est digne de ce qu'ils ont eu par le passé (en un peu moins pire quand même, faut pas déconner)… heureusement, des visuels plus proches de ceux présentés au Japon ont aussi été conçus pour nous, amis du bon goût.
C'est bien beau tout ça, mais qu'en est-il du jeu ? Que vaut ce Mega Man 9 ? Eh bien disons que s'il fallait classer cet épisode, il serait pile au milieu : devant Mega Man 1, 3 et 4 ; mais derrière les épisodes 2, 5 et 6 (si vous n'êtes pas d'accord avec cet avis et le fait que j'ai raison, n'hésitez pas à poster un commentaire afin d'améliorer le référencement de cette critique). On est face à un jeu solide, qui s'ancre parfaitement dans ce qu'a su proposer la série jusqu'à présent… peut-être un peu trop en fait, au point où l'ensemble donne l'impression d'être un poil timide par moment. Disons que pour un jeu publié tout juste 15 ans après Mega Man 6, à savoir le dernier épisode NES de la licence, ce neuvième épisode n'apporte pas grand-chose de « neuf » à la formule. C'est une production conçue pour les fans en fait, conçue pour ceux qui savent ce qu'ils veulent, à savoir du Mega Man old-school, et rien d'autre… et je crois que j'aurais pu conclure ma critique ici tant cette dernière phrase résume parfaitement bien l'état de ce Mega Man 9.
On retrouve ainsi les traditionnels « petits défauts » de la série comme les munitions qui ne se rechargent pas quand on meurt, le fait de devoir battre boss et autres mid-boss deux fois, la fin ridicule avec le grand méchant Dr. Wily qui, encore une fois, était derrière tout ça… franchement Capcom, vous ne pourriez pas « twister » le tout à un moment donné ? Je sais pas moi, créer un autre méchant ? Je sais ! Un robot Wily qui se ferait passer pour le vrai Dr. Wily !
Niveau difficulté, on est probablement face à l'un des jeux les plus durs de la saga, sans pour autant que cela soit insurmontable (notamment grâce à la présence de la boutique qui permet d'acquérir quelques items qui sauront s'avérer utiles). Il y a pas mal de pièges vicieux contre lesquels on peut facilement se faire avoir la première fois, sans pour autant que cela soit rédhibitoire : le jeu est cruel mais juste quoi. En fait, je crois que c'est avec Mega Man 9 que j'ai le plus compris ce à quoi pouvait ressembler une relation sadomasochiste tant j'y ai pris du plaisir malgré la souffrance que j'ai pu éprouver à plusieurs reprises. Plus sérieusement, afin de conclure la partie de la critique sur la difficulté, si les boss sont quant à eux plutôt faciles une fois que l'on a la bonne arme contre eux, ils ne sont pas non plus « donnés » et se révèlent tout de même battable avec le mega buster.
Après, pour revenir à ce que je disais plus haut, ce n'est pas parce que la formule ne change pas que le titre n'apporte aucune nouveauté pour autant. Justement, pour reprendre sur les boss, cet opus est l'occasion pour la série de nous présenter son premier robot master féminin (bon après ça reste des robots hein), à savoir Splash Woman (même si pour l'anecdote, à la base, on devait avoir Honey Woman comme boss féminin, Splash Woman étant alors renommé Ocean Man). Mais c'est surtout le boss du premier stage du Wily Castle que j'ai trouvé intéressant : les Spike Pushers sont une colonne de quatre robots dont le but est de pousser une sorte de « grosse boule de pointes » dans notre direction ; une fois la boule poussée au bout de son chemin par l'un des robots, ce dernier attaquera alors directement Mega Man avec un projectile. Probablement l'un des boss les plus originales de la série, sans pour autant nous donner un truc chiant à battre. Aussi, on retrouve heureusement de nouveaux ennemis, plus ou moins inspirés, comme ces satanés ennemis grappins qui se feront une joie de vous conduire tout droit dans le vide ou dans des pics, ou encore des wagonnets qui riposteront automatiquement après chacun de nos tirs.
En fait, la plus grosse nouveauté (la seule ?) de cet épisode était originellement en DLC (heureusement inclus avec la Legacy Collection 2) puisqu'il s'agit de la possibilité de contrôler Proto Man. Ce dernier, équipé d'un bouclier, possède, contrairement à Mega Man, la faculté de glisser et de charger ses tirs (des capacités « volées » à Mega Man donc). En contrepartie, il n'a pas accès à la boutique, recule davantage quand il se fait toucher, peut tirer moins souvent que son rival et possède surtout deux fois moins de vie. C'est le genre de personnage « syndrome de Stockholm ». Au début, quand on commence à jouer avec lui, on panique. Il faut réapprendre à jouer, faire davantage attention aux ennemis, les phases de plateformes deviennent, elles aussi, plus dangereuses… bref, autant dire que j'ai un peu douillé lors de mes premières minutes de jeu avec lui. Puis, après l'aversion vient s'installer une relation amour haine avec le personnage : on se remet à utiliser le tir chargé le mieux possible, on n'hésite pas à abuser de la glissade afin de se défaire de certaines situations, on apprend à utiliser le bouclier (bon, il reste toujours très galère à utiliser si vous voulez mon avis)… en fait, on finit par aimer Proto Man, par aimer notre ravisseur.
Sinon, toujours au niveau du contenu, il est possible de jouer en mode Héros, une sorte de mode difficile, ainsi qu'en mode Super-Héros, un mode qui, vous vous en doutez, correspondant davantage à un mode très difficile. Étant donné que j'ai à peine joué cinq minutes dans ces deux modes, je ne donnerais aucun avis là-dessus, mais sachez que ça existe. Voilà.
En somme, rien de surprenant à ce que ce Mega Man 9 ne soit pas rentré dans les annales. Si l'ensemble fonctionne, force est de constater que l'on a plus affaire à une suite opportuniste, conçue dans l'optique de surfer sur la mode du jeu rétro (bien présente lors des débuts du Xbox Live Arcade), qu'à une suite audacieuse, qui apporte véritablement quelque chose à la licence. Ça reste un titre solide tout de même, qui se place dans la moyenne haute de la série… et disponible intégralement en français qui plus est !