Lorsque j'ai décidé de me procurer la version Subsistence de MGS3, alors que je possédais déjà la version originale (mougeon powa), c'était surtout pour profiter de la nouvelle caméra totalement libre, qui rendait obsolète la vieille vue de trois quart haut, peu pratique avec la disparition du radar (années 60 oblige) et les nombreux environnements semi-ouverts (ce qui rendait le jeu bien hardcore dans les difficultés supérieures).
Les deux opus MSX...étaient tout au plus de sympathiques bonus. Metal Gear est ainsi un soft très honnête, possédant autant de réelles qualités que de défauts bien relous (comme les trous, entre autres choses). À ne surtout pas confondre avec le portage NES, qui est une vraie purge… Quant à Metal Gear 2… ben en fait, c'est juste un putain de CHEF D'ŒUVRE...
Pour un jeu sorti en 1990, c'est fou de voir à quel point Metal Gear 2 est en avance sur son temps !!! Il relèguerait presque le premier opus au rang de relique, alors qu'ils n'ont que trois ans d'écart… Le comble dans tout ça, c'est qu'une grande majorité de joueurs ayant acheté Subsistence (ou le HD Collection) n'y jouera sans doute jamais… Pas assez hype, je suppose… Pour prouver mes dires, je vais énumérer quelques trouvailles/innovations de gameplay de MG2 que la plupart des joueurs pense(raie)nt -à tort- attribuables à Metal Gear Solid :
- le radar, permettant d'étudier les rondes ennemies
- pouvoir frapper contre les murs pour détourner l'attention des ennemis
- le système de recherche évasion/alerte/RAS qui détraque le radar
- pouvoir ramper et se faufiler sous les meubles ou dans les conduits
- les différents revêtements de sol qui peuvent nous trahir…
- la fréquence radio à trouver dans le manuel du jeu (comme je suis cool, je vous la donne : 140.82)
- le système des 3 clés en une qui réagissent à la température
- le mano à mano à moitié à poil peu avant la bataille finale
- le combat déséquilibré contre un hélicoptère de combat
- le double-ascenseur qui dessert des étages différents…
Et cette liste est loin d'être exhaustive !!
Même sans aller jusque dans ce comparatif MG2/MGS, Metal Gear 2 regorge de bonnes idées de gameplay. Les gardes par exemple, font quelquefois des pauses dans leur rondes, pour détecter un éventuel bruit suspect. A un moment, il faut d'ailleurs en suivre un dans la jungle sans qu'il nous remarque, alors que celui-ci est très suspicieux (cet enfoiré adore faire des feintes…). N'oublions pas non plus le passage dans les marais à traverser prudemment, limite "case par case", dont le début de Metal Gear Solid 3 s'inspirera fortement…
Et que dire des boss, dont les techniques de combat sont à chaque fois différentes et inventives : l'un se téléporte, l'autre se sert de sa vitesse pour attaquer. Un autre profite des cachettes naturelles du terrain pour nous prendre en traître. Un autre encore est carrément invisible (mais pas inaudible…). En bref, une très bonne IA, tellement d'ailleurs que c'est sûrement un des aspects de la série qui a le moins évolué, au grand dam de certains joueurs, qui la trouve souvent prévisible… Mais en 1990, c'était le top du top...
Un autre point qui distingue MG2 de son prédécesseur, et qui deviendra un des signes distinctifs de la série (parfois jusqu'à l'overdose pour certains), c'est la place accordée à un scénario poussé, mature et réfléchi, proprement hallucinant pour l'époque, jugez plutôt : en 1999, le monde traverse une grave crise économique. Les réserves pétrolières diminuent plus vite que prévu et la transition énergétique n'en est qu'à ses balbutiements. Par chance, un biologiste tchèque du nom de Kio Marv a réussi à synthétiser une enzyme raffinant le pétrole, permettant son utilisation pour quelques dizaines d'années supplémentaires…
Mais alors qu'il se rendait à une conférence pour y présenter sa découverte, son avion est détourné par des mercenaires du Zanzibar Land, un petit pays fortement militarisé fondé très récemment, et soupçonné de développer un important arsenal nucléaire alors que la Guerre Froide n'est plus et que les grandes puissances ont enfin décider d'emprunter le chemin inverse… C'est encore une fois Solid Snake qui devra s'y coller -"auréolé" de son succès quatre ans plus tôt à Outer Heaven- et aller sauver le dr. Marv, tout en enquêtant sur les activités pas très nettes de Zanzibar Land…
Un scénar' haletant et très loin du manichéisme hollywoodien qui, au fil de son déroulement, de ses rencontres et de ses révélations, nous amène à réfléchir, et notamment à nous poser la question suivante : qui est réellement le "mauvais" dans l'histoire ? Zanzibar Land, qui recueille sans contrepartie orphelins et apatrides, ou les USA et l'OTAN, qui n'ont pas hésité à bombarder Outer Heaven et ses quelques habitants restants pour clore l'affaire dans MG1 ?…
Enfin, parce qu'il faut bien en parler, abordons les aspects purement techniques de MG2. Graphiquement, c'est vraiment impressionnant pour du MSX. On a d'ailleurs vraiment du mal à croire qu'il tourne sur la même machine que son prédécesseur… Le design général est excellent, les sprites sont plus détaillés, les environnements sont variés (entrepôts, jungle, marais, égoûts, sous-sols, montagne…), et le level design est un modèle du genre, encore plus libre à arpenter que celui de Metal Gear. Enfin, j'accorderais une mention spéciale au Metal Gear D, superbement modélisé.
Quant à la partie musicale, elle est du même acabit. Chaque environnement possède un thème qui lui sied à la perfection, illustrant tour à tour la tension dans les phases d'infiltration pure, le danger lorsqu'on est repéré ou encore la tristesse lors de la mort de certains personnages, alliés comme ennemis...le thème "Tears" est à ce titre excellent. Et gâteau sur la cerise, Zanzibar Land a même le droit à son propre hymne national !!! Le souci du détail made in Kojima, déjà…
Mais tout aussi bon qu'il puisse être, Metal Gear 2 n'est pas parfait, même si ses "défauts" sont relativement mineurs. MSX oblige, le jeu ne prend en compte aucun scrolling, ni les diagonales, ce qui fait très vieillot (tout comme ce mot d'ailleurs...) à notre époque… Le jeu a gardé quelques inconvénients hérités de son ancêtre, comme les trous dans le sol (certes, beaucoup moins nombreux) ou le système de cartes d'accès uniques (bien qu'on puisse récupérer des "super-cartes", chacune d'elle ouvrant trois niveaux d'accès). Enfin, si la durée de vie est très bonne pour cette époque (6 à 8 heures de jeu pour une première partie), il est impossible de sauvegarder sa progression… Bon ok, ce dernier point ne concerne que la version d'origine...mais bon, c'est dur de lui trouver des imperfections aussi !!
Finalement, son ultime défaut reste son manque de notoriété à l'échelle mondiale, dû à son confinement sur son sol natal pendant près de 15 ans, encore qu'il bénéficie aujourd'hui d'une certaine aura chez certains "puristes". En tout cas pour moi, ce fut une révélation, rien de moins. À bon entendeur…