Nous sommes en 2001. Metal Gear Solid 2, le jeu le plus attendu depuis l'arrivée de la PS2 débarque enfin. Et là, stupeur. Passé le prologue, Solid Snake devient simple figurant pour laisser sa place à un nouveau personnage dénué de charisme nommé Raiden. Heureusement, le jeu est génial. Mais les fans gardent ce sale coup en travers de la gorge. Enfoiré de Kojima.

Nous sommes en 2008. Metal Gear Solid 4, le jeu le plus attendu depuis l'arrivée de la PS3 débarque enfin. Suite directe de MGS2 après un brillant troisième opus prequel, le jeu nous permet de retrouver ce bon vieux Snake. Et là, stupeur. Raiden revient montrer le bout de son nez dans une cinématique. Mais il a changé. Exit le jeune homme efféminé sans prestance, place au ninja-cyborg ultra badass. Les joueurs le regardent découper au katana un Metal Gear Gecko dans un combat superbement chorégraphié, la bave aux lèvres. Avant de retourner jouer ce Snake vieillissant en pestant de ne pas pouvoir s'amuser avec ce nouveau Raiden bondissant, juste un petit peu. Enfoiré de Kojima.

Nous sommes en 2010, c'est l'E3. Un vidéo de gameplay de Metal Gear Rising, jeu mystérieux teasé l'année précédente, est dévoilée. On y aperçoit le Raiden de MGS4 sabrer des ennemis et des objets de l'environnement de manière dynamique, avec le slogan "CUT AT WILL". Le jeu s'annonce comme une révolution dans le petit monde du beat'em all 3D. Alors qu'il y a quelques années personne n'aurait voulu d'un jeu où Raiden serait le personnage principal, voilà que maintenant tout le monde en rêve. Enfoiré de Kojima.

Nous sommes en 2011. Les mois ont passés, et nous sommes quasiment sans nouvelle de Metal Gear Rising. Les fans sont inquiets. Kojima avoue ne pas réussir à rendre jouable le concept pourtant excitant du "tout trancher comme on veut". C'est alors que le créateur de Metal Gear Solid annonce que le développement sera confié à Platinium Games, jeune studio au C.V. déjà impressionnant, spécialisé dans les jeux d'action. Après avoir réussi avec Bayonetta et Vanquish à dépoussiérer respectivement les genres du beat'em all et du third person shooter, ces petits génies sont sans aucun doute les hommes de la situation.

Nous sommes en 2013. Metal Gear Rising, affublé du sous-titre Revengeance lors de son changement de développeurs, vient de sortir. Et c'est une putain de tuerie.

Au premier contact avec le pad, on retrouve tout de suite le savoir faire de Platinium. Car le moins que l'on puisse dire c'est que ces mecs connaissent leur sujet. La base est relativement classique mais elle fonctionne bien. Une touche d'attaque rapide, une touche d'attaque puissante, une touche de saut et une touche d'attaque contextuelle. On se retrouve avec un feeling à mi-chemin entre la nervosité de Vanquish et la démesure de Bayo. Du tout bon, donc. Mais qu'en est-il du fameux mode de découpe libre ? Hé bien il fonctionne plutôt bien malgré un petit temps d'adaptation avant de maîtriser cette fonctionnalité inhabituelle. Concrètement, on appuie sur une gâchette pour passer en "mode katana", on vise avec le stick gauche, on choisi l'inclinaison avec le stick droit, et on déclenche la coupe en relâchant ce dernier. A l'usage, c'est ultra-jouissif. Mais cela a aussi son utilité car ce mode permet entre autre de récupérer des informations en coupant le bras gauche des cyborg, ou arracher les précieuses colonnes vertébrales cybernétiques, se traduisant par un regain total des points de vie et de la barre d'énergie, rien que ça. A condition de couper au bon endroit, évidemment. Bon, après on ne peut pas absolument TOUT couper dans l'environnement, mais on a déjà pas mal de choses pour s'amuser. Le moteur physique Havok n'a plus rien à prouver et objets et ennemis sont coupés exactement à l'endroit où on l'a voulu. Grisant. Si on ajoute à ça un système de parade très bien pensé quoique peut-être un peu trop facile à sortir (il suffit de pousser le stick dans la direction de l'adversaire et d'appuyer sur la touche d'attaque rapide au bon moment, un timing parfait entraînant une contre-attaque dévastatrice), on tient un gameplay à la fois solide, original et des plus jouissifs. Ainsi qu'une sensation de puissance indescriptible. Pour ne rien gâcher, les ennemis sont variés et les combats de boss sont excellents, faisant honneur à ceux de la série des MGS. On enchaîne les moments de bravoure, les répliques badass et ce petit poseur de Raiden s'en donne à cœur joie. Pour le plus grand plaisir du joueur.

Ah, je me rends compte que j'ai oublié de parler infiltration. Alors soyons clair, si'l est possible de la jouer discret, ce n'est clairement pas le but de ce Metal Gear Rising qui est un bon gros jeu d'action assumé. Selon moi, cette possibilité fait plutôt office de clin d'œil à la série principale que de véritable alternative. On est là pour démembrer du méchant par pack de douze, pas pour traverser les niveaux en se cachant sous un bout de carton. Et le jeu ne fait de toute façon guère d'effort pour encourager le joueur dans cette voie. Si vous voulez jouer à un Metal Gear Solid, attendez sagement Ground Zeroes mais ne venez pas crier au blasphème en pointant du doigt la jaquette de Rising. C'est un spin-off et il ne s'en cache pas.

Graphiquement, le jeu est loin d'être moche mais ce n'est pas transcendant non plus. Certains décors sortent un peu du lot mais l'ensemble est plutôt tristounet. On sent que les efforts ont plutôt été mis sur la fluidité, et de ce côté là c'est plus que réussi. L'histoire se termine malheureusement trop vite (moins de 6 heures en normal), mais la rejouabilité est plutôt bonne. Il y a de nombreux items à débloquer (combos, armes secondaires, costumes, améliorations en tous genres...) et ce n'est pas faisable en une seule partie. Et puis une fois que l'on a pris goût au découpage de cyborg en fines lamelles, difficile d'arrêter. Attention, ça devient une habitude dans les jeux actuels, le mode normal n’offrira aucun challenge est on conseillera plutôt de commencer directement par le mode difficile. On regrettera aussi que les derniers chapitres soient aussi vite expédiés. Si l'ambiance chanbara-cyberpunk est vraiment apréciable, on pourra se montrer déçu par le scénario car il est loin d'être à la hauteur de ce que l'ont est en droit d'attendre d'un Metal Gear. Heureusement que les dialogues codecs sont soigné et nombreux (il est toujours possible d'aller discuter avec les membres de l'équipe quand on le souhaite, pour ceux qui en veulent toujours plus). Des musiques fatigantes et une gestion lourdingue de l'inventaire finissent de ternir un peu plus la qualité du jeu.

En résumé, Metal Gear Rising : Revengeance c'est l'esprit de MGS dans un beat'em all : des boss mémorables, du codec à foison, un soupçon de second degré et un gameplay reposant sur un concept simple mais efficace, encourageant la créativité du joueur. Avec un Hideo Kojima un peu plus impliqué dans le scénario, ce jeu aurait pu être une véritable pépite. Ce n'est au final qu'un excellent jeu d'action, défouloir et bien conçu qui nous propose le meilleur gameplay depuis Bayonetta, preuve que Platinium Games n'a pas encore fini de nous en mettre plein la tronche. Et c'est déjà bien.
Attichit
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le 24 févr. 2013

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