Metal Gear Solid
8.5
Metal Gear Solid

Jeu de Konami (1998PlayStation)

Metal Gear Solid. Depuis la fin des années 1990, ces trois mots sont solidement encrés dans l'inconscient collectif de la communauté du jeu vidéo, et indissociablement liés à deux autres mots : Hideo Kojima, papa de la franchise et porté sur le devant de la scène grâce à ce premier épisode de la série Metal Gear Solid. Premier de la série MGS, mais MEtal Gear (sans le Solid) existait bien avant. Car Solid Snake, notre héros charismatique et légendaire, avait déjà fait des siennes, mais de manière un peu plus discrète, entre 1987 et 1990 sur les supports de l'époque, plus chiches en capacités techniques.

Metal Gear Solid, lui, a véritablement inventé un nouveau genre de jeux sur consoles : ce que Hideo Kojima lui-même a nommé dans son jeu le Tactical-Infiltration. Le principe est assez simple : envoyé seul au sein d'une base ennemie perdu dans les confins de l'Alaska, vous devrez vous infiltrer au sein des lignes ennemies afin de contrer les plans en apparence terroristes de vos adversaires. A vous de décider si vous allez vous y prendre de façon agressive, en tirant dans le tas comme un dératé, ou de manière plus subtile, en jouant la discrétion et l'infiltration. Pour ce faire, vous disposez de toute une palette de mouvements, qui apparaît néanmoins et avec le recul des épisodes précédents un peu limitée. Mais l'essentiel les là : vous contrôlez entièrement votre personnage et pouvez le faire ramper, courir, sauter ... A vous de choisir (bon, en apparence car le chemin est quand même très balisé) votre parcours.Bon, il faut être honnête ! Les commandes n'étaient pas toujours à la pointe de l'instinctivité ... Comme dans beaucoup de jeux de l'époque, basés sur un univers en 3D, on rencontrait occasionnellement des problèmes de caméra et il arrivait que les contrôles ne répondent pas au doigt et à l'oeil, aboutissant à des situations qu'on ne souhaitait pas toujours. Mais l'ensemble tenait la route.

D'un point de vue technique, ça tenait aussi pas mal la route. Vu avec nos yeux d'aujourd'hui - et notamment dans certains passages de MGS4 - ça pique pas mal. Mais pour l'époque, la PSOne montrait se qu'elle savait faire, dans une moindre mesure par la beauté des graphisme, mais surtout - et nous en reparlerons plus loin - par la qualité et le dynamisme de la mise en scène.

La où MGS tapait très fort, c'était dans la qualité, voire une certaine crédibilité, de l'environnement de jeu. Konami avait particulièrement travaillé au fait que le jeu s'adapte, en quelque sorte, à notre manière de jouer. A ce titre, MGS a notamment été l'un des premiers jeux à être parsemé de ce qu'on appelle les Easter Eggs. Traduit littéralement, ce sont les oeufs de Pâques, c'est-à-dire ces petits moments cachés ou des actions contextuelles spécifiques, souvent loufoques ou comiques, à découvrir dans un jeu. La série des Metal Gear regorge de ces pépites qu'il faut savoir trouver et qui sont devenue, au fil des épisodes, un contenu indispensable au fan service.

Ainsi, MGS vous incite à tout moment à sortir des sentiers battus, à initier de nombreux dialogues avec vos interlocuteurs (via le système de communication du jeu, mais là je me souviens plus comment il s'appelle et pour une fois je n'irai pas voir sur Wikipedia), à jeter de nombreux coups d'oeil dans les trappes d'aération (pourquoi pas pour se rincer l'oeil). Les idées estampillées Hideo Kojima sont légions et participent pour beaucoup à l'immense personnalité du titre de Konami.

Mais - je dirais - là n'est pas l'essentiel ! Le principal et gigantesque atout de Metal Gear Solid sur PlayStation, c'est d'être, d'une certaine manière, le départ d'un mythe, d'une saga. Dès les premières images du jeu, rarement un titre de l'époque ne se rapprochait autant du 7ème art. La mise en scène y est pour beaucoup. Le jeu de caméra était au top, au service d'une action intelligente, bien montée, et le tout accompagnée d'une partition n'ayant rien à envier aux grands classiques du genre au cinéma. C'est bien simple, toutes choses égales par ailleurs (et bim ! un bon souvenir des cours de maths de Terminale), sur certains aspects, MGS s'en tirait mieux que certains films d'action.

Mais le meilleur, le rubis caché dans un écrin déjà brillant, c'était la qualité du Character Design. C'est bien simple, je pense que tous les joueurs ayant terminé MGS se souviennent encore des noms de l'époque. Solid Snake, Liquid Snake, Revolver Ocelot, Grey Fox, Meryl, Psycho Mantis, Vulcan Raven, ce bon vieux Colonel Campbell ... Que de personnages qui transpiraient le charisme et dont les paroles et les gestes ont marqué notre mémoire de joueurs. C'est bien simple, MGS a ceci d'excellent dans sa construction que de nombreuses phases du jeu sont construites pour en faire des moments cultes, en particulier lorsque l'on parvient à les relier avec d'autres moments de la saga. Le lieu du crime est lui aussi devenu une légende. Shadow Moses Island. C'est ainsi - pour faire une petite déviation - que le retour en ce lieu constitue à mon sens un si grand moment dans le 4ème épisode de la série, avec un Old Snake qui peine revenant sur les lieux de ses premiers exploits. Mythique et inoubliable !

Pour revenir à MGS, de nombreuses scènes et de nombreux combats sont restés dans les annales. Ça n'est pas dans tous les jeux qu'on se retrouve face à un char à abattre, un hélicopter à descendre, à faire du rappel sous le feu ennemi, à se retrouver face à un titan armé d'une mitrailleuse d'avion dans un sous-sol. Mais le moment qui reste pour beaucoup le plus illustre est le combat contre un autre grand méchant : Psycho Mantis, qui se fera un plaisir de farfouiller dans les entrailles de votre console pour y déceler vos goûts en matière de jeu vidéo ou qui tentera de vous convaincre qu'il a réussi à éteindre votre télé. Inoubliable qu'on vous dit !

C'est sur, aujourd'hui on se dit que tout ce contenu est un peu convenu et qu'on le retrouve avec facilité dans de nombreux titre. Mais nous sommes - depuis peu - en 2012, et je vous parle d'un jeu de 1998 ! Et même depuis, rarement des personnages de jeu vidéo auront connus un traitement si réussi, si impactant. Et l'attachement des joueurs à la saga de Kojima découle pour beaucoup de cette relation que nous avons initiée dès ce premier épisode.

Bien entendu, de nombreux aspects du jeu seront approfondis dans les épisodes suivant. Mais MGS disposait pour lui d'une simplicité, d'un aspect nouveau qu'on ne retrouvera pas dans ses "suites".

Ainsi, MGS2 sera la suite déroutante du 1, avec l'apparition d'un "contre-héros", Raiden, et la mise en avant d'un scénario presque Lynch-ien. MGS3 sera un retour aux sources et un hommage aux films d'espionnage d'antan, sur fond de Guerre Froide. MGS4 sera avant tout un épisode de conclusion (finale ?), très (trop ?) narratif et particulièrement tourné vers le Fan-Service (jouer à MGS4 sans avoir joué aux autres avant, ce doit être un peu ... pénible, voire inutile !).

Metal Gear Solid fun un très bon jeu. Souffrant de défauts, mais de défauts de jeunesse, en ce qu'il était à l'origine d'un nouveau genre de jeux sur console. Mais il fut surtout un titre culte, à l'origine, non pas d'un genre, mais d'une mythologie. La mythologie des frères Snake. Hideo Kojima s'appuiera ensuite énormément sur le grand nombre de fans de la série pour faire passer de nombreux messages et porter, parfois clairement, parfois de façon beaucoup plus confuse, nombre de valeurs. En tout cas, Metal Gear Solid est un jeu marquant, un jeu qui compte dans la ve d'un joueur. Il fait partie de ces jeux auquel il faut avoir joué pour comprendre la culture populaire du jeu vidéo. L'audace des situations, l'innovation du gameplay et la très grande qualité du character design en font un titre du Panthéon du jeu vidéo.

Avec des suites ... parfois déroutantes !!!

Encore aujourd'hui, j'en ai des frissons ...

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le 18 mars 2013

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Red13

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