Préparez vous à perdre le contrôle
MGS2, c'est comme le bon vin, ça se bonifie avec l'âge.
C'était à l'époque où je ne possédais pas de PlayStation 2. Du coup, j'ai pas mal squatté chez un pote pour vivre par procuration le second volet de la saga Metal Gear Solid. Je me souviens avoir pour le coup ressenti une certaine frustration à l'époque : choix des héros, scénario calqué sur l'épisode n° 1, histoire parfois peu compréhensible. Je crois tout simplement que la place de cet opus dans le grand tableau du Maître Kojima m'avait à l'époque échappé.
Et c'est avec le recul de l'expérience des épisodes 3 et 4 que j'aborde aujourd'hui cet avis "rétrospectif".
Car oui ! Metal Gear Solid 2 est un épisode un peu à part qui participe - et c'est plus simple de le comprendre après, avec le recul - à la construction philosophique de la saga MGS.
Car MGS2, c'est avant tout une grande frustration des joueurs de l'époque. Vous démarrez l'aventure sous une pluie battante. Une ombre apparaît dans ce décors de déluge. C'est notre bon vieux Solid Snake, que l'on devine à l'amorce d'une mission d'importance qui sera vraisemblablement le fil rouge de ce deuxième opus. Un saut extra-terrestre plus loin, et l'on se retrouve à infiltrer un bateau rempli de soldats. Cool ...
Je ne vais pas poursuivre la narration de cette aventure beaucoup plus longtemps, mais le mauvais génie Kojima va rapidement vous enlever le jouet Solid Snake des mains pour le remplacer par un nouveau héros totalement inconnu, plus jeune, plus immature, sans doute moins classe et performant que notre héros : Raiden.
Ne serait-ce que ce choix a été à l'origine de nombreuses polémiques autour du titre de Kojima. "Pourquoi avoir trahi les fans ?", a-t-on plusieurs fois entendu. Et sur de nombreux autres points, MGS2 reste une aventure déroutante, confondante : une histoire si proche du premier opus, mais qui réservera certaines surprise vers la fin du jeu, le fantôme de Snake (mais lequel) qui hantera une bonne partie de l'aventure.
Et surtout l'éternel sentiment de la série MGS de n'être qu'un pion balancé de part et d'autre sur un échiquier trop grand pour nous, et dont les évènements nous échappent complètement.
Du point de vue du gameplay, les avancées par rapport à l'opus n°1 sont quand même significatives. Outre les quelques mouvements complémentaires que peut exécuter notre héros, c'est surtout l'IA des soldats ennemis qui, bien que limitée, a pas mal évoluée. Graphiquement, on sent bien le passage de la PSOne à la PS2, et ça fait du bien (quand on rejoue à MGS1 aujourd'hui - ou qu'on arrive à un certain passage du 4 - ça pique quand même un peu les yeux).
Et il y a bien sur cette éternelle philosophie de la narration qui est bien présente dans MGS2, qui fait la part belle, comme j'ai pu l'évoquer un peu plus haut, à ce scénario et cette insertion dans une saga aujourd'hui légendaire. Je regrette simplement des personnages un peu moins haut en couleur que ceux de l'épisode précédent.
(ATTENTION SPOILER DANS CE PARAGRAPHE)
Même ce bon vieux Vamp aura plus de classe dans l'épisode 4. A part Liquid Ocelot, seule la mystérieuse Fortune aura attiré mon attention, jusqu'à sa fin un peu ... trop mélo à mon goût ...
Bref, MGS2 est avec le recul un épisode à la hauteur de la série, mais peut-être un peu trop en avance sur son temps à l'époque de sa sortie. C'est le problème des génies comme Kojima, ils ne sont compris qu'avec le temps.