Metal Gear Solid 4: Guns of the Patriots par Red13
La Révélation. L'aboutissement de la Prophétie. C'est sûrement ce qui était dans la tête de tous les fans de la série Metal Gear Solid depuis le développement et la découverte du premier opus sur PlayStation. Au fil des épisodes disponibles sur les consoles dites "next-gen", soit 4 jeux entre 1999 et 2008, Hideo Kojima, maintenant figure légendaire du monde du jeu vidéo, a su construire une véritable saga dont nous attendions à chaque fois la suite pour obtenir les réponses à nos nombreuse questions. Ce n'est pas pour autant que le développeur a cédé à chaque fois à la facilité, n'offrant jamais exactement aux joueurs ce qu'ils attendaient. Après Metal Gear Solid, l'opus n° 2 faisait "disparaître" notre héros, Solid Snake, des les premières heures de jeu pour nous mettre aux commandes d'un illustre inconnu, Raiden. L'épisode 3 nous prenait à rebrousse poil avec un jeu s'inscrivant dans le contexte historique de la Guerre Froide et nous glissant dans la peau d'un soldat ressemblant furieusement à Solid Snake mais qui ne pouvait être lui ... Pour l'épisode 4, on retrouve enfin, après presque 10 années, le soldat légendaire, le "serpent". Mais Solid Snake est devenu Old Snake, touché par un vieillissement précoce et inexpliqué. Et c'est dans la peau de ce personnage diminué physiquement que nous entrons dans la dernière ligne droite de la série MGS.
Comme cette introduction le laisse présager par ses nombreuses références aux épisodes précédents de la série. L'expérience de jeu dans Metal Gear Solid 4 est fondamentalement conditionnée par la réponse à cette question : avez-vous joué aux précédents épisodes ? Si la réponse est non, MGS4 sera vraisemblablement un jeu d'action-aventure orienté infiltration tout juste moyen. En effet, cet épisode est, plus que ses prédécesseurs, tournés vers la narration en lien avec les précédents épisodes et le joueur n'ayant pas connaissance des Patriots, des Enfants Terribles, de Rex, de l'Héritage des Philosophes, de Big Boss, de Outer Haven, de Psycho Mantis et de Roy Compbel en seront pour leurs frais, perdus dans un background du jeu particulièrement dense et épais, mais finalement peu expliqué.
Pour aller plus loin, même si vous avez déjà joué aux précédents épisodes, vous aurez parfois du mal à faire exactement le lien avec certains évènements passés, tant la mythologie de Metal Gear Solid est riche et complexe à appréhender.
C'est la force et la faiblesse de la série et de ce jeu en particulier, qui s'avère véritablement comme le chapitre de conclusion (finale ou pas, l'histoire nous le dira) d'une grande histoire. Alors oui, d'une point de vue scénaristique, le jeu est particulièrement riche, bénéficiant d'une mise en scène efficace aux services de personnages toujours aussi charismatiques. Les aficionados de la série seront sur ce point aux anges, car à la fin de cet épisode, vous serez théoriquement en mesure de comprendre une très large partie de l'articulation entre les différents épisodes de la série et le jeu de relation entre les différents personnages rencontrés au fil des lieux et des ères. Bien entendu, les rebondissements et grands moments d'explication seront légions.
Et nous touchons d'ailleurs ici les deux points faibles du jeu. Tout d'abord, le rythme. Certains joueurs (et cela a été justement dit sur plusieurs forums) considéreront que l'on est pas vraiment face à un jeu, tellement celui-ci laisse la place aux cut-scènes et aux éléments de narration. C'est simple, pour une petite heure de jeu, vous passerez aisément une grosse heure à lire des dialogues, regarder des scènes cinématiques plutôt bien foutues mais laissant peu de place à l'interaction ou assister à des briefings de mission. Deuxième écart, le jeu souffre du syndrome dit de "StarWars III". En effet, le fan de MGS sera satisfait des nombreuses découvertes qu'il fera au court du jeu, mais cela tourne parfois à l'orgie de révélations, et l'on a parfois l'impression que les développeurs et surtout les scénaristes se sont arrachés les cheveux pour faire tenir un maximum de ces révélations dans un minimum de temps notamment pour faire tous les lien qu'il faut avec les précédents épisodes de la série Metal Gear Solid, mais aussi de la série Metal Gear née en 1987.
Coté gameplay, les développeurs ont repris ce qui a fait la force de la série, en particulier depuis les derniers ajustements issus de Metal Gear Solid 2 sur PlayStation 2. C'est efficace mais vraiment pas révolutionnaire. Par contre, on retrouve tous les éléments plus ou moins cachés qui font tout le piquant de la série (ce qu'on appelle couramment les Easter Eggs sur le Net) : nombreuses références à la série ou au monde du jeu vidéo en général, détails humoristiques, clin d'oeil, attitudes décalées de certains personnages, flash-back de précédents épisodes. Une richesse incroyable donc ... Au surplus, MGS4 innove quelque peu en découpant le jeu en plusieurs actes qui se dérouleront chacun dans un lieu différents, amenant une variété de situation peut-être légèrement élargie par rapport aux précédents épisodes. Personnellement, et quitte à faire un tout petit peu de spoil, j'ai été particulièrement touché et inspiré par l'acte qui se déroule sur Shadow Moses Island, théâtre des premières aventures de Solid Snake sur PSOne.
Pour peu que vous acceptiez de vous laisser porter par une histoire riche et complexe plutôt que d'être totalement acteur du jeu, vous serez transporté par l'épisode 4 de la série MGS. Il faut reconnaître que si ce n'était pas un Metal Gear, le jeu aurait été d'une banalité plus confondante, mais en l'espèce et malgré certains défaut, le titre de Monsieur Kojima vise juste, parfois avec des sabots un peu gros, mais juste.
Et une dernière chose. N'ayez pas, comme moi, l'idée de "commencer" la fin du jeu tard le soir, car après son déclenchement, la fin prendra deux bonnes heures pour se jouer, génériques inclus, avec encore une fois un déversement de révélations et de conclusions à de nombreux points suspendus ... C'est aussi cela Metal Gear Solid !