You're pretty good !
Lorsque Kojima était enceinte de Metal Gear Solid 4, il devait être très inquiet. Après tout, mettre au monde une progéniture pareille est une opération périlleuse, quasi suicidaire même. A peine...
le 24 août 2013
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18
Jeu de Kojima Productions et Konami (2008 • PlayStation 3)
Écrire cette critique me taraudais depuis un moment car bien que j'ai adoré ce jeu il me semble compliqué de décrire en quoi pour moi cet épisode relève du génie. Guns of the Patriot est pour moi l'épisode le plus abouti de la série et je ne sais si je trouverais les mots justes pour exprimer avec clarté mon point de vue.
Pour commencer mon explication, je pourrais m'attarder sur mon expérience MGS. Tout d'abord cette série m'intriguait depuis la sortie du premier épisode sur playstation mais je n'ai finalement jamais eu le luxe d'y jouer. Année après année je lisais de temps en temps au détour d'une errance sur jvc les avis des joueurs sur chaque nouvel épisode et le fait que chaque épisode était considéré comme un chef d’œuvre me rebutait finalement plus qu'autre chose. Moi qui ne jurait essentiellement par les rpg pourrais-je apprécier sincèrement cette série ou étais-je par nature trop casual pour aimer le titre à sa juste valeur ? Mon orgueil de joueur m'interdisant en quelque sorte de toucher à une série mythique pour la salir d'un avis potentiellement négatif sans valeur aucune n'étant motivé que par frustration et orgueil, bref des pleurnicheries d'enfant gâté. Ce n'est qu'il y a 2 ans que j'ai réussi à sauter le pas et à enfin me lancer dans ma propre aventure avec MGS premier du nom et malgré mon manque d'expérience flagrant dans les jeux d'infiltration j'ai pu malgré de nombreux essais ratés dus à ma nullité apprécier le gameplay et sa richesse. Quand au scénario ce fut une telle claque que je me suis lancé peu après dans ses suites dans une version compilant Peace Walker, MGS2 et 3 renouvellement une expérience dans une catégorie de jeux dans laquelle je n'excellais pas mais qui à force de try again je m'améliorerais peu à peu.
Et c'est donc dans cette optique que j'ai enchaîné très rapidement avec ce dernier volet de la saga de Snake pressé de savoir ce que l'histoire réservait à Snake justement ainsi qu'à Big Boss, Otacon, Vamp, Ocelot et tout les autres, car de jeu en jeu j'ai fini par trouver les personnages si bien construits qu'à force de me demander « et quoi ensuite ? Que va-t-il se passer désormais? » m'était devenue intenable. Je me suis trouvé aussi captivé que devant un série de qualité, attendant patiemment un moment d'intimité avec moi même pour me lancer dans la suite et continuer de faire avancer l'histoire avec l'impatience d'un gosse la veille de Noël. D'ailleurs pour moi les détracteurs des Metal Gear se sont tout simplement trompé de série, MGS et un jeu qui se joue presque autant qu'il se regarde, se savoure et porte à réflexion et émotion. C'est presque un film entrecoupé de phases de gameplay, à la manière d'un Asura Wrath car même si on joue au final assez peu en comparaison du temps qu'on passe à contempler l'histoire, il faut prendre l'expérience pour ce qu'elle est : une variation du jeu vidéo qui se veut à la fois audacieuse, intéressante et captivante pour qui se prend au jeu. D'ailleurs en règle générale dans MGS le gameplay n'a rien de mauvais loin de là.
Dans MGS4 il atteint même pour moi son apogée. La première zone du jeu est un champs de bataille en temps réel. Ca se canarde, ça s'envoie des bombes de tout les cotés, ça meure, ça repope à tout bout de champs, on a l'impression de mener la mission différemment à chaque fois tant les cas de figures sont infinis. Snake a tout le monde pour ennemi, sans allié aucun, il pourra profiter des moments où un groupe armé sera aux prises avec un autre pour traverser discrètement la zone sans être vu de personne. L'excellent système de camouflage du troisième épisode a été amélioré, notre couleur de camouflage s'adapte automatiquement au décor sur lequel on se pose évitant ainsi les fastidieux retours systématiques dans le menu principal de l'épisode précédent. Finalement Gun of Patriot ne propose que des décors en extérieur et apparaît en mode bien plus ouvert que ses aînés, donnant une fluidité à l'action absolument saisissante. Snake se servira aussi directement sur les cadavres de ses ennemis pour renforcer son arsenal.
Ensuite le jeu est truffé de références aux épisodes précédents. Que ce soit les 4 boss principaux qui sont des références directes aux boss du premier épisode, le mec qui fait caca qui devient un personnage à part entière de Gun of Patriot alors qu'il ne s'agissait jusqu'alors que d'un easter egg destiné à amuser la galerie, le walkman qui permet d'écouter les thèmes de la série à tout moment.... On revoit Psycho Mantis brièvement durant un caméo, l'occasion de faire une référence très bien vue et très bien trouvée au premier épisode de la série. Quand au retour à Shadom Moses et le combat à bord du Metal Gear Rex c'est du bonheur en bouteille, impossible de ne pas vibrer en tant que fan. Ça plus beaucoup de thèmes des épisodes de la série précédente repris et remixés de manière tout à fait honorables sans modifier excessivement le morceau d'origine. Le comble du bonheur restera pour moi le combat final en plusieurs phases reprenant pour chacune d'elle le thème des boss finaux de MGS 1, 2 et 3. C'est carrément jouissif à ce niveau là.
Outre le gameplay, la musique et les clins d’œils aux fans qui sont déjà orgiaques en soit ce que je retiens aussi ce sont les personnages. Plus aboutis que jamais, brillamment construits durant toute une série ils réapparaissent tous pour un grand vin d'honneur pour notre plus grand plaisir. Les blessures passées antérieures à la série plus les nouveaux traumatismes vécues se mêlent avec brio rendant chaque personnage plus crédible que jamais. Pour étayer mon propos je pourrais citer Otacon, traumatisé par la mort de son père pour une histoire d'adultère, l'homme portera aussi sur ses épaules la mort de deux femmes très importantes dans les épisodes précédents. Cependant loin de s'être laissé abattre, il est devenu parent de substitution pour la fille d'Olga, ne sachant comment élever une enfant alors que lui -même a vécu une enfance catastrophique. Il se laissera au cours du jeu à nouveau s'attacher à une nouvelle femme quitte à en subir à nouveau des conséquences catastrophiques. Je pourrais aussi citer Naomi qui toujours marquée par la mort de son frère se lancera dans cette aventure pour des raisons uniquement personnelles mais en fait finalement pas tant que ça. Puis je pourrais aussi parler de Liquid et sa guerre contre l'unité informatique invincible que sont les patriotes, la guerre que lui mène Eva ancienne maîtresse du Big Boss et vraie mère de Snake, le combat de Raiden face à lui même traumatisé par sa vie d'enfant soldat se sentant incapable de devenir père et mari et prisonnier de son statut de guerrier. En soit tout les personnages qui réapparaissent ont droit à un traitement incroyable, ce que j'adore tout particulièrement c'est que MGS4 n'invente rien, il reprend juste consciencieusement les éléments qu'il avait dissimilé toute la série durant. Ce qu'on constate avant tout c'est que les personnages ont été écris d'une main de maître et sont en parfaite corrélation avec tout ce qu'on savait d'eux jusqu'à maintenant. C'est juste tellement bien fichu que je ne peux qu'applaudir des deux mains. Quand au travail sur Big Boss et Snake je ne reviendrais dessus que plus tard parce que à eux seuls ils mériteraient un commentaire de la taille d'une critique tant ils sont réussis à tout les niveaux.
Bien entendu le jeu est très bavard, les scènes sont très longues et la fin du jeu est certainement la scène de fin la plus longue que j'ai vu dans un jeu vidéo. Il faut prévoir un capital temps minimum pour jouer à MGS, zapper les cinématiques serait finalement gâcher le jeu. Sans prendre le temps de l'apprécier il est clair qu'on peut facilement passer à côté de tout ce que Guns of Patriots à offrir.
Maintenant j'invite tout ceux qui n'ont pas joué au jeu d'arrêter ici la lecture de cette critique car la suite contiendra beaucoup de spoils. Comme je tenais à ajouter mon avis personnel sur le scénario il m'est impossible de dire ce que j'ai sur le cœur sans entrer dans le détail et en profondeur.
ATTENTION SPOILER DE LA MORT QUI TUE
Pour ma part, le scénario du jeu en parallèle de ce que j'ai évoqué tout à l'heure mérite à lui seul la note ultime. Pourquoi ? Parce que Snake et Big Boss sont peut-être deux des personnages les plus intéressants et les mieux fichus que j'ai vus dans un jeu vidéo, voire peut être dans tout ce que j'ai pu lire ou regarder de ma vie. En tout cas, ils sont marquants à bien des égards, et ce n'est pas qu'un euphémisme de dire les choses en ces termes.
Snake est un personnage incroyablement solide et bien construit. A travers les différents flashbacks qui font référence directement à l'histoire de la série depuis ses débuts sur nes, le personnage est étudié sous toutes ses coutures. De l'époque où il s'est battu contre Bog Boss son ancien mentor, à ses combats contre Liquid et mille autre adversaires aux pouvoirs incroyables dans les épisodes MGS, plus l'échec de sa relation avec Meryl tenue sous silence comme un secret dont personne n'ose parler, Snake est un personnage fantastique tout simplement.
Il s'est battu contre son père, battu contre son héritage génétique le dotant de facultés extraordinaires mais l'affublant aussi d'une mort inévitable à cause d'un virus inarrêtable, le voici à présent à se battre contre le temps partant au combat comme un guerrier ayant accepté sa mort mais tenant à mourir avec dignité et honneur. Quand à Big Boss, le personnage est tout aussi profond et fascinant. Obsédé par la mort de The Boss, une tragédie inévitable qui évita au monde de disloquer, l'ex militaire s'est livré à partir de là à une guerre d'idéologies contre son ancien ami Zero. L'un et l'autre se disputant sur la meilleure manière d'honorer la mémoire de cette femme qu'ils veineraient tant tout les deux.
La confrontation finale entre ces trois hommes est d'une justesse chirurgicale. Big Boss et Snake ne sont plus des ennemis, l'eau a coulée, et Big Boss a eu le temps d'apprendre, il a fini par miser sur Snake pour mettre un terme aux projets de Zero. Et après avoir décidé intégralement la vie de son fils, lui avoir imposé tout ses combats durant toute la série, Big Boss lui offre également la rédemption, il le libère des combats, lui offre plus de temps à vivre que le virus ne lui laissait à vivre. En soit Big Boss comprend ou avait compris depuis longtemps que lui même et Zero n'étaient plus que des fantômes du passé, des vieillards rien de plus. Et une fois les Patriotes effacés de la surface de la terre, leur combat était terminé depuis longtemps et ainsi il est venu le temps pour eux deux de disparaître à jamais pour laisser place à l'avenir et à un monde qui ne passera plus son temps à regarder en arrière. L'histoire est arrivée au bout de ce qu'elle avait à dire explorant ses personnages et son propos à son paroxysme, les vieux meurent, Snake dispose d'un sursis qui lui donnera peut être le temps d'apprendre à vivre en dehors des champs de bataille, quand à tout les autres il ne leur reste qu'à vivre tout simplement. Un mariage, un père de substitution, un soldat qui deviendra à la fois père et mari, la boucle est définitivement bouclée. Le scénario murement réfléchi et bien pensé depuis les débuts de la série trouvent ici une conclusion magistrale qui fait écho à tout ce qui avait été évoqué jusqu'alors, offrant de ce fait un final en parfaite adéquation avec des personnages que nous avons adoré depuis les tout débuts.
Je sais que mon analyse est purement subjective mais pour toutes ces raisons Guns of Patriots est l'une des conclusions les plus convaincantes que j'ai jamais vus tout univers confondus. J'ai vu tant de séries partir en live sur la fin, tant de personnages réinventés complètement juste pour coller à des scénarios toujours plus déconstruits, tant d'intrigues secondaires abandonnés purement et simplement que je suis juste subjugué d'un tel niveau d'écriture.
Je vais arrêter là, je commence à radoter comme un ptit vieux.
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Créée
le 2 déc. 2016
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