Metro Exodus
7.3
Metro Exodus

Jeu de 4A Games et Deep Silver (2019PlayStation 4)

Metro Exodus est le troisième épisode de la franchise "Metro", une adaptation de l'oeuvre littéraire écrite par Dmitri Glukhovski. C'est aussi un changement de cap de la licence qui se sépare de son ADN claustrophobe pour une direction plus libre et plus ouverte.


Pour commencer, Metro Exodus se déroule dans un univers uchronique en l'an 2036. Suite à une guerre nucléaire, il ne reste de la Russie que des ruines irradiées tandis que les survivants se cachent sous terre sans aucun espoir. Mais c'était sans compter les rêves de liberté d'Artyom, notre personnage, qui quitte avec quelques compagnons son métro de Moscou afin de s'aventurer dans des terres désolées et hostiles. S'ensuit un scénario qui recèle de grands moments sublimés par un excellent savoir-faire dans le domaine de la mise en scène, mais qui demeure très classique en ne reposant que sur une exode désespérée et la quête d'un lieu paisible où vivre tranquillement cette fin du monde. Quoi qu'il en soit, c'est grâce à une puissante locomotive, l'Aurora, que ce périple devient possible, mais c'est aussi dans ses wagons que se joue une partie de la narration. En effet, durant le voyage nous avons la possibilité de nous rendre dans le véhicule et d'écouter les conversations des autres personnages. La fraternité du groupe permet de faire gagner en épaisseur les enjeux de l'histoire via leurs opinions et leurs ressentis. Cela dit, notons tout de même que le mutisme d'Artyom gâche une partie de l'immersion lors des dialogues, discussions, questions/réponses qui lui sont adressés.


Ensuite, le titre s'autorise une approche plus libre et donc moins fermée que les précédents Metro. L'occasion d'explorer ce qu'il reste de la Russie sous forme de cartes semi-ouvertes qui priorisent ainsi une ambiance environnementale dantesque. La plupart des lieux traversés racontent leur propre histoire et nous en apprennent toujours plus sur l'univers du jeu en fouillant suffisamment. De plus, les environnements s'articulent autour d'un sens du détail et du rythme notamment par des effets sonores inquiétants comme les hurlements lointains, les battements de cœur et le souffle fort de notre personnage durant une attaque, ou encore le compteur geiger qui s'affole lors d'une trop grande concentration de radiation. Tous ces éléments participent ensemble à faire grimper le stress face à un bestiaire très menaçant. Ces créatures mortelles sont variées, des hordes de mutants humanoïdes, aux terribles monstres ailés, en passant par des poissons carnivores gigantesques. Quoi qu'il en soit, les objectifs des missions principales et secondaires se déroulent sur ces mêmes cartes et reposent sur un principe très simple. Lors de chaque voyage, l'Aurora s'arrête et permet d'explorer. S'ensuit la présentation d'une nouvelle faction totalement lobotomisée dont il faudra s'occuper à notre manière et en affronter les conséquences. Ce schéma de mission varie finalement peu tout en étant assez redondant face à ce recyclage du déroulement de nos quêtes.


Enfin, l'intérêt le plus intéressant de Metro Exodus est la survie. Ce monde étant ce qu'il est, il ne suffit pas de simplement accomplir nos objectifs et de prévoir des balades tranquilles. Le titre s'octroie un aspect survivaliste qui oblige à fouiller les moindres recoins des zones afin d'y récupérer de précieuses ressources. Les éléments collectés sont essentiels à la survie d'Artyom puisqu'ils vont lui permettre de confectionner ses propres munitions, ses soins, réparer son masque à gaz, mais également entretenir ses armes sans quoi elles peuvent s'enrayer au pire moment. Ce sont des atouts de taille qui permettent de sensiblement contrer la redondance des quêtes qui s'immisce jusque dans le gameplay. En effet, Metro Exodus permet des phases d'infiltration, mais celles-ci perdent rapidement en saveur. On peut certes éteindre les sources de lumière et jouer avec l'obscurité afin de neutraliser les ennemis de diverses manières, mais face à une IA incroyablement myope et sourde ces phases deviennent rapidement obsolètes et les quelques éléments intéressants sus-cités superflus. Les phases d'action quant à elles ne sont intéressantes que lors des confrontations avec les créatures qui peuplent ces terres désolées, puisque leur férocité et leur coordination peuvent facilement nous mettre en mauvaise posture. En revanche, les ennemis humains ne seront le plus souvent jamais une vraie menace, car en plus de viser très largement à côté, la plupart des opposants oublient aussi de se mettre à couvert.


En somme, Metro Exodus quitte son ambiance claustrophobe pour des environnements étendus et ouverts, mais sans jamais renier les moments de stress et d'anxiété propres aux précédents Metro. Toujours propice à l'effroi, ce FPS survival horror offre un voyage fabuleux sur les terres irradiées de la Russie en proie aux factions hostiles et aux mutants. Un séjour post-apocalyptique bien mené et attrayant, même si on regrettera quelques tares trop habituelles.

Créée

le 22 févr. 2019

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Death Watch

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