La discretion et l'élégance faites noblesse
Metroid est un nom, et derrière une saga, devenue culte depuis les années 1990 et, selon ma sensibilité, l'épisode Super Metroid sur SNES. Je dois avouer avoir peu joué à cet épisode fondateur, pour la principale raison que je ne possédais pas le jeu et que je n'avais pu m'y essayer que sur une ou deux parties de 30-45 minutes chez un potes qui le possédait. Assez dur dans ces conditions de s'approprier le fonctionnement du titre, juste assez de temps pour constater le travail fait sur le design général du titre, qu'il s'agisse de la modélisation de notre héroïne ou du level design.
C'est donc bien des années plus tard, sur GameCube, que je me suis lancé dans ma première aventure avec Samus.
Quelle claque !
Le maître mot concernant Metroid Prime, c'est l'ambiance. Et c'est d'autant plus fort que Nintendo n'a pas tout miser sur une sensation d'oppression, certes présente, mais plutôt sur le concept de solitude. Certes, vous incarnez l'une des meilleures mercenaires de l'univers, mais vous êtes là, vous êtes seule, dans de grands espaces semblant abandonnés depuis bien longtemps. Les ennemis sont présents, et bien présents, mais il n'y a pas tout le temps de sentiment de "vague chair à canon", un peu comme si Metroid Prime avait réussi à faire la synthèse entre le premier et le second opus de la série Alien.
MP déroule ensuite son concept, avec des mécaniques éprouvées depuis les épisodes NES et SNES, à savoir un démarrage du titre avec Samus qui perd tout ses pouvoirs, puis la possibilité de découvrir des parties de plus en plus vaste du monde dans lequel vous évoluez grâce à la capacité de l'héroïne de récupérer différents pouvoirs de son armure, ce qui permettra la plupart du temps de détruire un élément qui vous empêchait d'avancer ou d'accéder à une corniche trop haute. Un concept finalement assez proche des Zelda, mais avec un level design différent.
A ce titre, les pouvoirs de Samus ne sont pas forcément très innovants, puisqu'ils découlent des épisodes précédents, mais ils sont très agréables à utiliser, et assez classe. Je citerai bien entendu la morph ball qui est un peu la marque de fabrique de notre chasseuse de prime, et dont l'utilisation est ici parfaitement exploitée.
Et si elle est si bien exploitée, c'est en grande partie grâce au très bon et très solide travail effectué par les développeurs sur le level design du jeu. Encore une fois, ça n'est pas forcément d'une originalité folle, mais c'est parfaitement calibré et ça colle idéalement aux paysages. Quand je parlais d'ambiance au début de mon texte, cette parfaite alchimie entre le level design et les choix esthétiques du jeu compte pour beaucoup.
Et c'est ici une des grandes élégances de cet épisode de Metroid : ne pas être forcément dans le flashy, ne pas débouler avec des effets à 200 km/h mais laisser s'installer le jeu, laisser s'installer le joueur, qu'il se sente vraiment isolé au coeur d'une planète en perdition, sans en faire des tonnes, juste par de bon choix.
Un élément qui joue particulièrement dans cette mise en situation, et qui constituait un des arguments de vente du jeu à l'époque de sa sortie, c'était également sa jouabilité, pour le coup complètement renouvelé dans la perspective historique de la série, à savoir une vue à la première personne type FPS et qui intégrait judicieusement le hardware de la console. En bref, une maniabilité à la Nintendo qui ne dit pas un mot. Dont on ne se rend pas compte. Une bonne maniabilité, donc.
Je ne vais pas faire du texte pour du texte, mais on pourrait également parler du volet sonore et musical du jeu, à l'exemple de ce qui a été dit plus tôt, pas forcément flashy et d'une grande symphonie, mais qui fonctionne efficacement et participe également à l'ambiance générale du titre.
Avec le recul, j'ai peu de choses à reprocher à Metroid Prime. En fouillant un peu, je pourrai évoquer une trame scénaristique sans doute un peu trop en retrait et discrète, mais rien de bien méchant. Je pense que les plus aguerris d'entre vous pesteront également contre une difficulté finalement peu présente.
Mais on ne va pas pinailler. Metroid Prime est sans conteste une grande réussite de la GameCube, une ré-orientation de la série qui n'était pas obligatoire mais qui a abouti à un titre d'une ambiance incroyable, d'une grande noblesse, et qui a donné le la pour les épisodes sortis par la suite.
Bravo !