La série des Metroid Prime occupe une place à part dans mon coeur. Complètement au hasard, j'avais reçu le premier dans un bundle avec la Gamecube, une de mes toutes premières consoles, alors que je ne connaissais aucunement cette vénérable saga. Je suis tombé aussitôt sous le charme de ce jeu, son atmosphère pesante et solitaire, sa musique d'un autre monde, ses ruines labyrinthiques à explorer, les multiples améliorations à glaner au passage, sa faune dangereuse à scanner et à dominer. Naturellement, j'achetai le 2 à sa sortie en 2004, et la magie opéra à nouveau.
Et puis vint le 3 et... misère, il ne sortirait que sur la Wii, et c'était pas le genre de la maison de renouveler les consoles à chaque génération... ça me resta en travers de la gorge.
Cela me resta tellement en travers de la gorge que je me le fis offrir à Noël 2020, 13 ans après sa sortie, pouvant à présent le faire tourner sur la Wii de ma douce moitié. Et la magie, alors ? Ce fut un peu longuet mais elle finit bien par être au rendez vous.
En effet, si Metroid Prime 3 : Corruption possède indéniablement l'adn de la saga et est un bon jeu, il est pour moi le plus faible de la trilogie. Retro Studios a souhaité faire évoluer sa formule, et c'est tout à leur honneur, sauf que je trouve le résultat en demi teinte.
Une atmosphère un peu moins enchanteresse
En démarrant le jeu, j'ai été tout de suite conquis par la musique, dans le même style alien et synthétique, même si un peu moins marquante. Puis les graphismes m'ont surpris, et pas en bien : pas d'évolution notable avec le second opus, lui même assez proche du premier jeu, sorti 5 ans plus tôt sur une ancienne console. Dommage, mais pas un deal-breaker.
Mais surtout, j'ai été étonné de ne plus retrouver la solitude tantôt oppressante tantôt méditative de Talon IV et d'Ether. On croisera des personnages un peu partout, et ça parle beaucoup, souvent pour ne rien dire. Re-dommage. D'un autre coté, on n'explorera plus une seule planète mais plusieurs, avec un système de déplacement plus flexible et bienvenu (le vaisseau, qui prend des traits plus racés qu'auparavant), ce qui donne plus de possibilités.
Cela dit, le level design des planètes alterne entre le bon (Elysia, la planète des Pirates) et le plus générique (Bryyo qui est un sous Talon IV, Norion). Les boss, eux, sont généralement réussis mais souffrent de longues phases d'invulnérabilités qui rendent les combats frustrants et interminables.
Niveau ambiance donc, on retrouve les marqueurs de la saga, même si on s'égare un peu par moments.
Un gameplay corrompu
Retro Studios a aussi apporté pas mal de modifications au gameplay (hors motion controls, j'en parlerai un peu plus bas). Malheureusement, j'ai été assez rarement convaincu. Mon principal grief vient du changement de philosophie pour les armes : nos améliorations remplacent les versions précédentes au lieu d'offrir des alternatives. On n'aura donc plus 4 canons mais seulement un. Ça appauvrit énormément le nombre d'interactions et les possibilités stratégiques (on devait auparavant adapter l'arme et la stratégie au type d'ennemi rencontré), et ça rend les combats plus monotones.
Vient ensuite le problème de l'hypermode. L'idée n'est pas inintéressante, mais l'implémentation est, je trouve, ratée. Dépenser de la vie pour gagner en puissance pendant un court instant va à l'encontre du flow du jeu, basé sur l'attrition, avec ses nombreux combats, faciles individuellement, et le faible nombre de points de sauvegarde. C'est remporter un combat facilement mais se tirer une balle dans le pied pour la suite. Et si tu n'as quasi plus de vie et que tu tombes sur des ennemis en hypermode, ben tu l'as dans l'os. Un système de cooldown aurait peut-être été meilleur.
À noter la possibilité en combat de parfois faire appel au bombardement de son vaisseau, idée encore une fois intéressante mais complètement sous-exploitée (je ne l'ai fait qu'une seule fois sur toute ma partie). Sous-exploitation est par ailleurs le maître mot pour tout un paquet d'améliorations qui ne serviront qu'une fois ou deux (beaucoup de grappins, le viseur à rayons X, l'armure anti acide, etc). On a souvent la sensation de se faire flouer en récupérant ce genre de bibelot, c'est dommage.
Motion controls, mon amour ?
C'est le premier jeu auquel je joue sur Wii, les motions controls me laissent un sentiment mitigé.
Côté pile, c'est vraiment sympa de pouvoir viser librement. Ça apporte clairement plus de profondeur au gameplay, ça demande plus de maîtrise. Donc à un niveau fondamental, c'est une bonne chose, voire une évidence.
Côté face, on a le droit à tout un tas de gimmicks inutiles (genre activer des interrupteurs à la main, un tas de mini jeux pas passionnants), au nom de l'"immersion", sauf que du coup ça a l'effet inverse. Et surtout, l'ergonomie de la télécommande Wii est franchement pas terrible. Mes doigts fatiguent rapidement et beaucoup d'actions deviennent laborieuses (comme changer de viseur, tirer rapidement un missile, ouvrir la carte...). Je soupçonne d'ailleurs que c'est la raison pour laquelle on n'a plus qu'un seul canon.
Bref, Metroid Prime 3 : Corruption est un Metroid qui tente beaucoup de nouvelles choses, mais leur exécution laisse parfois à désirer. Une conclusion "juste bonne" à une trilogie géniale. Une très légère déception.
Fini en environ 19h, 98%, mode vétéran