Metroid: Samus Returns
7.4
Metroid: Samus Returns

Jeu de MercurySteam Entertainment et Nintendo (2017Nintendo 3DS)

Temps de jeu : 30 heures
Mon premier Metroid
Prêté par Heincadie (Noël 2017)
Test rédigé pour Le Red Blog [#13]

On la croyait morte pour de bon, mais Samus Aran est une femme tenace, presque invincible. Ce ne sont pas les Pirates de l’espace, ni même les chiffres de vente pas bien folichons qui arrêteront Nintendo d’attirer le gamer avec sa franchise iconique. Paru sur Nintendo 3DS le 15 septembre 2017, ce presque-nouvel épisode porte sur ses épaules un lourd fardeau : ressusciter commercialement la saga en attirant davantage de public, en dépit d’une parution sur une console portable en fin de vie. Un sacré challenge.

Canon, la Samus

Metroid: Samus Returns est un remake de l’opus Game Boy, Metroid II : Return of Samus, considéré aujourd’hui encore comme le mouton noir de la série 2D. Trop linéaire dans son level design pour les uns, trop répétitif dans ses objectifs pour les autres, il semblerait que le jeu ait surtout souffert du support sur lequel il est sorti. Il faut dire qu’en comparaison des opus consoles, le titre manquait clairement d’ambition, passant même pour un épisode mineur de la série. Impossible donc d’imaginer ne serait-ce qu’un remaster, en atteste le projet amateur AM2R, véritable plébiscite que Nintendo se chargera d’annuler dans la foulée de sa sortie. Pourtant, plus de vingt-cinq ans après sa sortie, Samus Aran est de retour sur SR-388 pour dézinguer du Metroid, toujours sans état d’âme. Ne nous mentons toutefois pas, à l’époque, il était facile de penser qu’il s’agissait là bien plus d’un projet d’image de marque à moindres frais que d’une réelle volonté de faire revivre la série (quelle erreur !). Son développement a beau avoir été confié aux espagnols de MercurySteam, le titre reste toujours produit sous le regard méticuleux de Nintendo.

Et heureusement, me direz-vous ! il faut bien reconnaître que le studio n’a pas réellement brillé dans le genre, en atteste le très décrié Castlevania: Lords of Shadow – Mirror of Fate. La chose la plus frappante au premier contact de ce Samus Returns, c’est bien l’aspect visuel de la chose. Non seulement le titre possède une 3D saisissante (peut-être même la meilleure de la ludothèque de la Nintendo 3DS), mais en plus il se montre clairement bluffant dans ses graphismes, repoussant la machine dans ses derniers retranchements. MercurySteam n’a pas hésité à sortir le grand jeu en dépoussiérant le désuet univers de l’opus original, pour mieux y intégrer une variété de décors s’étendant des sempiternels souterrains rocailleux aux sublimes ruines de la civilisation Chozo. On y découvre également l’ajout de quelques cinématiques, mais aussi et surtout d’hallucinantes chorégraphies mises en scène lors des affrontements de boss. Et si le jeu s’en sort admirablement bien au vu du hardware vieillissant, il n’empêche que la fluidité peut-être parfois imparfaite, notamment lors de ces fameuses danses guerrières.

La biodiversité ? Elle en Aran à foutre !

Rapidement plongé dans le rythme de l’action, le connaisseur se surprendra à reconnaître les espèces peuplant SR-388. Respectueuse de l’oeuvre originale, on y retrouve aussi la direction artistique kitsch qui fait la marque de la série, sans toutefois en retrouver l’essence même, comme si le jeu était devenu plus lisse, plus commun. Une remarque qui trouve écho dans la bande-son du jeu – trop atmosphérique pour être mémorable – et les bruitages, affreusement artificiels ; à titre de comparaison, Breath of the Wild lui, avait réussi le tour de force de proposer un travail marquant en dépit de son minimalisme. Reste alors le scénario qui, s’il tient évidemment sur un timbre-poste, parvient tout de même à conserver l’esprit du matériau de base ; Samus Aran, bien plus habituée à être la proie que le chasseur dans ses autres aventures, est ici dépêchée par la Fédération pour abattre la bonne quarantaine de Metroid logeant sur SR-388. Certains amateurs de lecture entre les lignes pourront y voir dans cette épopée sanglante un manifeste anti-militariste, notamment avec la séquence du bébé Metroid.

S’il est évidemment bien foutu sur le plan artistique (à défaut de réellement marquer celui qui le parcourt), Samus Returns n’en a pas pour autant oublié de donner un coup de jeune à son gameplay. Mieux encore, MercurySteam semble avoir pris des risques en y incorporant de nouvelles mécaniques audacieuses, à l’instar de sa mécanique de contre. Cette dernière permet au joueur de repousser l’assaut d’un monstre au corps-à-corps pour l’étourdir et contre-attaquer ; pour réussir cette action, il faudra se montrer rigoureux sur la fenêtre d’ouverture, tant le timing peut parfois être serré. Malheureusement, cette nouvelle mécanique tend à trop vite se répéter, la faute au comportement rapidement prévisible des ennemis. Au cours de l’aventure, le joueur retrouvera également toute une panoplie d’améliorations pour Samus, qu’il s’agisse d’une protection anti-chaleur, d’un grappin, de tirs de glace, d’une morph ball araignée permettant de grimper les murs et plafonds, ou encore de capacités ralentissant le temps ou nullifiant les dégâts reçus, lesquels sont activables en échange d’une partie de la jauge d’énergie de Samus.

Metro(id), boulot, dodo

Sur le chemin, le joueur pourra également retrouver les inévitables bonus de caractéristique tels que les charges de santé ou le nombre de missiles transportables. Beaucoup d’entre eux seront d’ailleurs bloqués par des obstacles variés, chacun demandant un certain type de bombe, missile ou tir pour être explosé. Bien évidemment, il faudra revenir sur ses pas pour en effectuer le nettoyage. Un choix de game design somme toute normal pour le genre (et encore plus quand le genre a été en partie façonné par Metroid lui-même), mais qui pêche ici par la linéarité de son level design. Car oui, même vingt-cinq ans après et des efforts perceptibles, Samus Returns souffre encore et toujours d’un trop grand effet « couloir ». La faute à une trop grande compartimentation du jeu, de salles trop étroites et d’une progression trop machinale ; on arrive dans une nouvelle zone, on élimine la demi-dizaine de Metroid qui y vit, on prend l’ascenseur pour un autre lieu et on recommence.

Une répétitivité et un cruel manque de surprise auxquels s’ajoutent les boss, bien trop redondants dans l’ensemble ; les trois gros derniers boss eux, remettent les pendules à l’heure en proposant des combats particulièrement plaisants. De même, la montée en puissance – trop fulgurante – de notre personnage pousse à y aller d’un bloc, démolissant tout sur notre passage, pour au final ne jamais avoir envie de perdre du temps à revenir explorer les zones, histoire de dégoter des améliorations secondaires. Pourtant, rien de tout cela n’égale la déception de l’ergonomie générale du titre. Qu’il s’agisse des menus pas très jolis et franchement pas intuitifs, ou bien des contrôles foutraques à un point pas permis, le tout pourra potentiellement faire tomber le jeu des mains de son utilisateur. Encore faudrait-il que ce dernier puisse garder l’usage de ses dites mains, tant elles seront physiquement très demandées. C’est bien simple, on n’avait pas vu aussi épuisant depuis Kid Icarus: Uprising. Enfin, il faudra compter environs huit petites heures en ligne droite pour venir à bout du jeu (le double pour le 100 %).

Conclusion

Loin d’être un mauvais titre en soi, Metroid : Samus Returns a surtout le mérite d’offrir une seconde jeunesse à l’aventure la plus mal-aimée de la chasseuse de prime. Visuellement impressionnant pour le hardware sur lequel il tourne, c’est aussi l’occasion pour MercurySteam de montrer qu’ils sont également capables de produire un metroidvania solide (à défaut d’être dans le haut du panier). Reste que le matériau de base semble avoir été un poids pour le développement du jeu, en atteste un level design assez oubliable et une certaine redondance dans son bestiaire. On regrettera une bande-son et des bruitages tout juste passables, un voyage trop compartimenté et prévisible, mais aussi et surtout une ergonomie générale bien trop complexe et douloureuse pour nos petites paluches. Impossible toutefois de ne pas souligner quelques prises de risques et qualités, comme l’ajout de nouveaux boss et de nouvelles mécaniques, ou le relief saisissant qui confère à ce remake un charme et un plaisir certains.

Créée

le 10 janv. 2025

Critique lue 2 fois

Kalimari

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