J'ai une tendresse particulière pour Mirror's Edge. A l'heure où l'on bouffe des gros militaires gavés aux stéroïdes qui cassent de l'alien bio-transgénique (?), Mirror's Edge prouve qu'on peut faire autre chose avec l'Unreal Engine, quelque chose de différent, d'atypique, tant dans la forme que dans le fond.
Et sur cette génération, c'est suffisamment rare pour être signalé. Tout en démontrant au passage que l'originalité ça marche aussi bien, voire mieux.
Le titre a de très grandes qualités tant dans son esthétisme que dans le cœur de son gameplay. Trompeur dans son approche, c'est un jeu de plate-forme à la première personne, et non un FPS. La recette prend plutôt bien d'ailleurs puisque c'est parfaitement huilé, et surtout étonnamment lisible, on aurait pu craindre le pire, mais non. Si la caméra bouge dans tous les sens pendant les sauts, les roulades ou les retournées, tout reste jouable.
La jouabilité est différente, ici « A » ou le bouton croix ne servent pas à sauter, tout se joue à l'aide des gâchettes et des boutons latéraux. Le joueur est en permanence guidé à l'aide d'un code couleur marquant sans être dérangeant : le rouge, un rouge vif bien distinctif. A lui seul, il établit la charte graphique du titre de Dice. Là encore, on aurait pu appréhender la surenchère d'indications à l'écran, or c'est le néant, sans pour autant qu'on soit perdu.
La bande son est parfaite, colle complètement au jeu, très "aérienne" et est même offerte sur PC.
Seulement passé la véritable démonstration de style des premiers niveaux, plusieurs constats négatifs se dressent.
Tout d'abord on constate que pour réussir, il faut échouer. Il est presque impossible de passer un niveau entier sans s'être lamentablement viandé cinq, dix, quinze fois, voire plus. C'est très frustrant de devoir mémoriser les scripts et les patterns à effectuer sur chaque niveau.
Ensuite, bien que le level design soit d'une main de maitre, il se compose ainsi : extérieur, intérieur, ascenseurs interminables, extérieur etc. Jamais on aura passé autant de temps dans des ascenseurs.
Les gunfights sont évidemment inégaux puisque Faith est dépossédée d'une quelconque arme et qu'il faudra les arracher aux ennemis pour esperer sortir d'une situation ardue, et donc prendre le risque de se faire tirer dessus et donc mourir et donc recommencer...
Et c'est ça qui est rageant avec Mirror's Edge : tenir un excellent jeu terni par de grossières erreurs vraiment dispensables.
En l'état, il n'en reste pas moins un jeu plus que divertissant, qui nous en met plein la rétine et qui aura au moins le mérite de s'être démarqué de tous ces copiés-collés sans personnalité dans lesquels nous nageons depuis de nombreuses années. Croyez-moi, ça fait du bien.
C'est en cela qu'il est unique et on finira par passer outre ses zones ombres au profit de la lumière qu'il apporte non seulement au genre, mais aussi à cette génération perdue.
Pour résumer :
+ Puissante identité visuelle
+ Maniable et lisible
+ Vraiment beau
+ Attachant
+ Thème de fin
+ Gameplay original
+ Le Bullet Time, secondaire mais utile dans certaines situations
+ Aérien et vertigineux
+ Précis dans les sauts
+ Des couleurs chaudes et épurées
+ Bruitages
- Tenter, rater, recommencer
- Overdose d'ascenseurs...
- Assez court
- Contenu assez léger
- Scénario perfectible
- Combats inégaux et frustrants
- La fuite permanente
- Se faire canarder dessus tout le long du jeu, c'est pénible
- Des passages horripilants au plus haut point