Malgré un choix de design parfois bizarre (je ne suis toujours pas fan de ce Guybrush là) cette édition spéciale est très intéressante car, contrairement au premier opus, ou à Day of the Tentacle, les décors de l'opus original souffrent d'un détourage un peu grossier (expliqué par les développeurs dans l'indispensable commentaire audio), donnant une patine un peu bordélique aux graphismes.
L'édition spéciale est donc plus agréable, même pour les vieux grincheux, et bénéficie d'une réorchestration, d'un retravail sur les voix, des fantastiques artworks et dessins de production.
Le jeu en lui même est un classique, mais également encore un ovni de par sa structure et sa fin incroyablement culottée.
Pour la structure, tout le coeur du jeu est fondu dans un 2e acte constituant 80% du jeu, le premier et le dernier étant d'une bien plus grande simplicité et articulés autour de quelques tableaux uniquement.
Non, ce 2e acte vous fait parcourir 3 îles aux nombreux tableaux et personnages pour vous faire résoudre ses énigmes croisées. Et tordues.
Pour l'humour, on est servi, le niveau est encore une fois très relevé et les différentes vannes ne prennent pas une ride. Mieux, la fin offre une sorte de mise en abyme, un regard incroyable sur le jeu lui-même, sa nature, et son rapport avec le joueur.
J'ai du mal à le préférer au premier opus, plus viscéralement "aventure - débile - dans les caraïbes", mais il est sûr que ce Monkey Island 2 est, pour beaucoup de raisons un chef d'oeuvre -principalement parce que c'est un vrai jeu d'auteur génialement écrit et parfaitement équilibré qui traverse le temps sans encombre.