Si vous cherchez à insuffler un peu de piment dans votre routine horrifique alors ce jeu mérite votre attention.
Mundaun ne réinvente pas la roue de l'interactivité (les emprunts à Resident Evil et Amnesia sont légion) mais il se distingue de ses pairs d'entrée de jeu par son folklore atypique et son cadre inattendu pour un périple angoissant ; qu'il s'agisse de la langue Romanche employée dans le jeu, de l'apparence de nos antagonistes ou d'une progression qui nous invite pour une fois à gravir les sommets au lieu de nous enfoncer dans les tréfonds de la terre, vous n'aurez pas l'impression d'avoir déjà joué 10000 fois à ce jeu durant votre aventure, un sentiment qui se raréfie malheureusement dans le domaine assez codifié du Survival Horror. Mais plus important que tout, Mundaun parvient à trouver une étonnante harmonie entre son décor invitant à la contemplation (et parfois même à la poésie) et l'horreur qui s'immisce peu à peu dans les prairies; le titre est marqué par une excellente gestion du surnaturel où la menace principale est identifiée quasiment d'entrée de jeu et où le titre se permet pourtant de nombreuses ruptures de ton au moment où on pense avoir déjoué les tours de ce vilain Diable. Même son de cloche (hohoho) pour la mise en scène qui lève fort heureusement le pied sur le Jumpscares pour privilégier la mise en place d'une inquiétante étrangeté entre cette fillette muette nous suivant comme une ombre, ce vieil homme nous épiant sans cesse à la manière d'un G-Man horrifique et cette tête de chèvre qui nous interpelle soudainement depuis notre inventaire; Mundaun n'est jamais aussi brillant que lorsqu'il fragilise la confiance du joueur en parvenant à le prendre au dépourvu par ses astuces fantastiques; de quoi nous rappeler qu'il serait bon que le jeu vidéo se mette enfin en quêtes des multiples mythologies qui parsèment le globe au lieu de ressasser sempiternellement les imaginaires les plus en vogue à notre époque.
Si Mundaun fait preuve de quelques lacunes de jeunesse, c'est surtout dans le déséquilibre proposé par son exploration; le jeu peine en effet à trouver sa voie entre une ouverture plus accentuée des zones de jeu et une progression guidée vers l'horreur : il n'est ainsi pas rare que notre protagoniste nous bloque soudainement en nous disant qu'il n'est pas encore l'heure de se rendre à cette cabane pourtant déjà placée sur notre chemin. Enfin si la direction artistique fait merveille jusqu'au dénouement du titre entre sa gestion de la luminosité dans une contrée peinte en noir et blanc et des effets de zooms et de distorsion particulièrement déboussolants, la technique elle se ramasse quelque peu sur le long terme avec une fluidité fréquemment en PLS, ce qui devient quelque peu gênant pour l'immersion lorsque les ennemis eux mêmes nous infligent de surcroît un effet paralysant.
Quelques écueils aisément pardonnables pour une aventure qui parvient à se tailler un chemin dans le milieu très fréquenté des jeux d'horreur en vue subjective; bigre, à bien des égards, il s'agit même d'une proposition horrifique bien plus marquée que celle des derniers Resident Evil et si elle demeure entachée par une progression plus cahoteuse que dans une production AAA souvent plus maitrisée en ce sens, elle confère néanmoins le sentiment d'un grand périple accompli, une fois parvenu à surmonter le mal de cette vallée. Tout du moins comme les apparences le suggèrent car le Diable vient toujours réclamer son dû...Et à ce titre, non content d'être cohérent avec son sujet, Mundaun fait au moins preuve de l'audace salutaire pour un jeu d'horreur, le genre d'expériences où on demande justement à être bousculé dans nos certitudes.