Chiant comme la mort

Ronan est un petit voyou devenu flic qui se fait tuer en essayant de coffrer un tueur en série. Pas de bol pour lui, pour pouvoir rejoindre sa défunte femme au jardin d'Éden il va devoir finir ce qu'il a commencé, sous la forme d'un fantôme. Ce qui implique donc qu'il peut passer à travers les murs, posséder les êtres vivants et déclencher les appareils électriques, mais il ne peut plus interagir directement avec les personnes qui l'entourent.

Bon, le pitch de base est intéressant et aurait donné un très bon jeu si les développeurs avaient eu une idée de ce qu'ils faisaient. Au lieu de ça, le jeu va nous proposer en alternance phase d'enquête, infiltration, passage inutile dans le hub, enquête, infiltration... bref vous aurez pigé le truc. Le problème c'est que RIEN ne marche. Les enquêtes sont bidons et d'une facilité déconcertante, nous demandant de récupérer des indices sur une scène de crime pour ensuite décider lesquels sont importants. C'est sûr, entre une image résiduelle du tueur en train de choisir ses cibles et un bout de bois arraché sur le rebord d'une fenêtre, j'ai du mal à savoir ce qui va être le plus utile pour la suite de l'investigation. Les phases d'infiltrations sont un véritable calvaire mais ont au moins le mérite d'être courtes : il s'agira d'éviter des démons en passant de résidus spectraux en résidus spectraux. On peut aussi les tuer dans le dos en réussissant, bien entendu, un QTE. Pour les passages obligatoires à travers Salem, qui sert de hub, on a l'impression que les devs ont essayé de faire passer le jeu pour un monde ouvert mais sans trop y croire, et ça se sent. Bref c'est raté.

Mais il y a pire. Le jeu n'a absolument aucune ambiance, aucune âme. Il est terriblement soporifique de bout en bout et même les révélations et autres scènes "choc" sont amenées avec un tel manque de talent et d'ambition qu'elles en deviennent complètement anecdotiques. Je vous assure que c'est probablement le jeu qui m'a le plus donné envie de dormir de toute ma carrière de joueur. Il n'y a AUCUNE musique, les graphismes sont tristes à en pleurer, le rythme est moins endiablé qu'un épisode de l'Inspecteur Barnaby, les dialogues ont probablement été écrits par la petite nièce de 13 ans d'un des devs et même les doubleurs VF sont dans le ton puisqu'ils donnent l'impression d'être en coma cérébral tout le long du jeu et ce quel que soit le personnage doublé.

Parti d'un concept sympa, Murdered Soul Suspect aurait été un bon jeu si seulement il avait essayé de proposer quelque chose : zapper les inutiles phases de déplacements à travers la ville et l'infiltration bidon, rajouter du piment dans l'investigation, des mécaniques d'enquêtes héritées des jeux Sherlock Holmes, des pouvoirs de fantômes, des musiques qui donnent envie de continuer, aller au bout des choses quoi ! Mais non. Murdered : Soul Suspect est un jeu vide de sens, d'âme, vide la moindre qualité une fois sorti de son postulat de base.

Si malgré tout l'envie vous venait de quand même tester Murdered, voici un ensemble non-exhaustif d'activités qui vous divertiront plus que de compléter ce jeu :
- Faire trois jours de vaisselle en une seule fois
- Étendre deux lessives d'affilées
- Aller jeter des cailloux dans la Seine ou tout autre cours d'eau proche de chez vous
- Regarder Le Grand Bleu cinq fois de suite
- Aidez les mémés à traverser le passage piéton en face du Carrefour City entre 10h et 12h les jours de la semaine