Naughty Bear est un jeu au concept fort intéressant. Naughty est le mouton noir du pays des ours en peluche. Il vit reclus dans une maison en ruine alors que les autres ours savourent une vie faite de sucreries et de fêtes. Mais un jour, alors qu’une autre fête se prépare sans que Naughty y soit convié, c’en est trop. Notre cher protagoniste voulait seulement se faire des amis, s’intégrer. Mais maintenant, fini de se faire rejeter, il est temps de se venger… De se venger violemment en massacrant le village.
Si, comme moi avant de m’y plonger, vous ne savez rien d’autre, il est important de noter qu’il s’agit d’un jeu très orienté arcade. Naughty Bear n’a pas pour vocation de raconter une histoire ou même de nous faire vivre une aventure avec un début, un milieu et une fin. Il nous propose plutôt sept épisodes, non liés chronologiquement, qui introduisent un type d’ennemi chacun. Chaque fin d’épisode débloque des défis, qui reprennent la map et le type d’ennemi dudit épisode, mais ajoutent des contraintes pouvant aller de “Gagner un certain nombre de points sans se faire repérer” à “Rendre fou tous les ours”. Lorsque le joueur obtient un score suffisant aux défis, il débloque l’épisode suivant et ainsi de suite.
N’étant pas un amateur des œuvres aussi typées arcades, j’avais quelques réserves en commençant à jouer. Force est de constater que Naughty Bear a réussi l’exploit de me retenir durant une poignée d’heures (ce qui est énorme compte tenu de la faible durée de vie du titre). Il est vrai qu’on prend goût à la prédation ! Au fil de mes parties, j’ai mis en place le modus operandi qui me correspondait le mieux. En général, au début de chaque niveau, je me familiarise avec les lieux. Dissimulé dans les hautes herbes, j’observe les agissements de mes proies et je repère les potentiels moyens de m’échapper. Vient alors le moment d’agir. Je commence par détruire les voitures et les bateaux pour m’assurer que mes proies restent coincées avec moi quoiqu’il arrive. Une fois cela fait, place à la partie intéressante : Le massacre. Tel un tueur de slasher, la mise en scène de nos exécutions est favorisée par le jeu. Ce qui nous amène au cœur du gameplay : Le système de scoring.
Comme je le disais, la mise en scène (qui passe surtout par la diversité) accordée à nos exécutions est indispensable. Plus on répète une action, moins elle rapporte de points, c’est pourquoi il est nécessaire de faire preuve d’inventivité. Il faudra donc changer régulièrement d’arme (que l’on trouve dans notre environnement), poser des pièges mais aussi saboter différentes machines. Si les ours s’aperçoivent qu’une machine est en panne, ils s'empresseront de la réparer et seront ainsi à votre merci, ce qui donnera lieu à un meurtre spectaculaire. Mais là où le système de points est particulièrement bien pensé à mon sens, c’est que tuer ne suffit pas. Pour devenir totalement redoutable, il faut paraître menaçant. Avant de massacrer tout le monde, assurez-vous de jouer avec leurs nerfs. Plus les ours entendent votre cri, voient leurs congénères morts et s'aperçoivent qu’ils ne peuvent pas s’échapper et plus ils deviennent fous. Il est même possible de les pousser au suicide si l’on se débrouille bien.
Naughty Bear est malheureusement truffé de défauts, mais il faut avouer que l’expérience qu’il nous propose (en exploitant notre part de sadisme, exacerbée par le côté mignon de nos proies) est vraiment amusante. D’un autre côté, cela devient répétitif au fil du temps, faute de diversité. Il n’y a pas assez de décors ou d’armes différentes pour conserver la fraîcheur du concept. Par ailleurs, le gros point noir du titre réside du côté technique. Les niveaux sont relativement petits, graphiquement le jeu est surtout joli grâce à sa direction artistique et pourtant j’ai rarement vu un jeu souffrir d’aussi gros ralentissements. Personnellement, je ne suis pas du tout exigeant sur la technique. Jouer en 1080p (voire 720) à 30 fps sur un jeu récent ne me dérange absolument pas, mais ici les ralentissements sont si prononcés qu’ils nuisent terriblement à la jouabilité.
Naughty Bear reste un jeu intéressant pour son concept atypique mais qui souffre malheureusement de gros problèmes techniques ainsi que d’un gameplay qui peine à captiver sur la longueur. Son concept fait de lui un de ces titres méconnus qui apportent tout de même un vent de fraîcheur au milieu d’un océan de titres aux genres plus classiques. Mention spéciale pour la version française, qui bénéficie du talent de Gilbert Levy (Moe dans Les Simpson, de nombreuses voix dans South Park…) en tant que narrateur et fait preuve d’inventivité en proposant d’excellents jeux de mots (je retiendrai toujours le meurtre à la hache qui nous gratifie d’un “Hache-arnement”). Il n’est clairement pas indispensable de jouer à Naughty Bear, mais savoir qu’un tel jeu existe est indéniablement un plus.