Originellement développé par Cavia et Taro Yoko et édité par Square Enix en 2010, NieR sur PS3/360 était un jeu étrange mais ô combien visionnaire dans son univers et ses thématiques, faisant de lui un jeu culte et mémorable à vie pour les joueurs qui s’y sont essayés. Et ce, malgré une réalisation graphique totalement dépassée et un game design catastrophique.
Fort de ce succès d’estime à venir sur la décennie par les joueurs, Square Enix a décidé de laisser une nouvelle chance à Taro avec la suite Automata et développée avec Platinum Games. La suite on la connait : Automata a été un gros succès, NieR s’est fait davantage connaître parmi les joueurs mais la plupart n’ont pourtant pas fait Gestalt / Replicant sur la génération Xbox 360 / PS3.
Afin de pallier à ça, Square Enix (qui aura mis le temps) a décidé en partenariat avec Toylogic de relaisser sa chance à NieR premier du nom, en créant un gros remaster de l’original de feu Cavia, tout en ajoutant la vision japonaise du jeu via le frère devant sauver Yonah (et non le père de la quarantaine que l’on a eu en occident via Gestalt). Refonte réussie et nouveautés pertinentes pour cette version racine carrée de 1.5 ?
Le scenario reste le même : dans un monde ravagé par la Nécrose Runique, notre jeune frère devra tout faire afin de sauver sa sœur, Yonah, de la maladie mortelle qui la ronge. En résulte donc une histoire magistralement mise en valeur ainsi que ses thémes, des personnages ô combien attachants et super bien écrit (les échanges entre Weiss et Kainé avec son langage fleuri <3 ). Là où c’est intéressant, c’est que Toylogic a rajouté quelques cinématiques et nouvelles situations non présentes dans l’original afin de compléter le scénario et les dialogues entre les protagonistes (l’épave du bateau par exemple, qui m’a marqué).
Pour le gameplay, on retrouve toujours les mécaniques Action RPG de l’original mais complètement repensées. Effectivement, adieu le côté rigide du daron sur PS3/360 car le feeling n’est pas loin de l’expérience de Platinum sur Automata. Notre avatar est rapide, agile et les combats contre les ennemis seront nettement plus dynamiques et plus agréables. Ajoutons à cela qu’utiliser les pouvoirs du Grimoire Weiss en complément des armes tranchantes permet quelques combos et possibilités intéressantes de combat.
Malheureusement, et c’était clairement le point qu’il aurait fallu retravailler à fond, Toylogic a jugé bon de ne pas changer du tout la structure même de NieR et nous allons retrouver toujours ces allers retours intempestifs entre la mission principale ou les quêtes fedex qui pour les ¾ ne sont pas intéressantes. Certaines quêtes valent malgré tout le coup d’être faites rien que pour les échanges entre nos personnages et les émotions qui suivront derrière (quête de la grand-mère de Littoral par exemple), mais elles sont rares.
Après, si on s’accroche au jeu pour voir le reste de l’univers, ce ne sera pas nécessairement un défaut majeur, surtout pour les joueurs qui ont fait l’original. Mais c’était clairement l’occasion rêvée pour ajouter quelques améliorations « quality of life » afin de mieux rythmer le game design du 1er opus, en plus de la refonte du gameplay qui est excellente. Pour le game design recyclé à l’extrême, Automata avait corrigé ce défaut partiellement via un rythme plus dynamique et un système de téléportation.
Pour la réalisation graphique, si des efforts évidents ont été apportés pour rendre la réalisation largement plus convenable via des textures, modèles 3D, effets de lumières aboutis et animations complètement refaites, on sent malgré tout la radinerie de Square Enix de ne pas avoir alloué plus de budget pour un résultat plus qualitatif et qui aurait pu être équivaut à un Final Fantasy VII Remake par exemple. De ce fait, on va dire que NieR Replicant via ce remaster Ver1.22, est passé d’un rendu PS2 en fin de vie à un rendu « classique » d’un jeu PS3 en milieu de vie.
Donc c’est assez « propre » sans être ultra beau et on sent clairement que le jeu est à la traine techniquement avec un peu d’aliasing. De plus, les loadings bien que plus rapides sur PS4/One que sur Gestalt, sont parfois trop nombreux.
Au moins, Toylogic a pu recoder NieR pour qu’il tourne dans un 60 FPS parfait en toutes circonstances (sauf cinématiques bloquées à 30), ce qui est un réel bonheur pour les yeux. Fort heureusement, l’identité graphique et la direction artistique ont été parfaitement respectées lors des améliorations effectuées par Toylogic.
Pour la bande sonore, les musiques hallucinantes composées originellement par Keichi Okabé ont été réorchestrées pour l’occasion. En globalité, de très belles refontes et respectueuses des musiques originales, mais qui parfois manquent d’un peu de peps pour un résultat plus « distant », plus « symphonique ». Ce qui est très bien vu comment les musiques de Nier sont une invitation à l’aventure et aux émotions marquantes. Mais j’ai trouvé que lors des séquences riches en émotions, elles manquaient parfois d’un peu de piquant. Song of the Ancients par exemple dont je préfère l’original, ou encore le thème de Kainé.
Toylogic en a également profité pour refaire entièrement les voix des personnages via un nouveau doublage anglais d’excellente qualité, d’ajouter un doublage pour les PNJ randoms (ce qui permet un peu plus d’immersion plutôt que de lire de simples textes pour une mission secondaire par exemple) et d’inclure aussi les voix japonaises pour l’occident. Les bruitages sont efficaces, rien à rajouter. Une bande sonore d’excellente qualité donc et qui a été parfaitement respectée par Toylogic.
Côté durée de vie, on retrouve évidemment tout le contenu du jeu original, les 4 fins à débloquer pour comprendre la quasi intégralité du scenario, ce qui vous prendra environ 40 à 50h selon votre volonté d’implication et surtout si vous avez le courage de faire toutes les missions secondaires. Ajoutons à cela quelques améliorations, nouveaux décors / situations et de nouveaux éléments scénaristiques pour prolonger davantage l’expérience originale, et nous avons donc une excellente durée de vie pour l’expérience marquante de NieR Replicant.
Conclusion, entre remaster et remake, NieR Replicant Ver1.22 est une solide refonte de l’original pour le faire (re)découvrir aux vétérans comme nouveaux joueurs n’ayant pas eu la chance de s’initier à l’opus de Cavia sorti sur PS3 et 360, et qui voulaient donc le rattraper après avoir découvert les Nier via Automata. Les ajouts sont pertinents et permettent une meilleure implication dans l’expérience, tout en fluidifiant drastiquement le gameplay et en nous offrant la chance de vivre l’aventure du côté du frère ainé, la vision japonaise de Taro Yoko pour son soft donc. Bien que je n’ai rien contre la version occidentale avec le père de famille que l’on a eu en Europe et qui m’avait également marqué sur mon expérience du jeu sur PS3.
Toutefois, je ne peux m’empêcher de penser que NieR Replicant méritait peut être un vrai remake ambitieux, à la manière d’un Resident Evil 2 Remake, d'un Black Mesa ou encore Final Fantasy VII Remake, pour corriger les gros soucis de game design du jeu original, et y apporter aussi une réalisation graphique magnifique digne d’une PS4 / One en fin de vie. Mais ne boudons pas notre plaisir, NieR Replicant est une excellente version améliorée de l’original et qui le supplante sans aucun problème.
Que vous expérimentiez NieR 1 via le Replicant Ver1.22 ou l’original Gestalt sur PS3 / 360, ce jeu initialement crée par Taro Yoko et Cavia reste un ovni dans l’histoire du jeu vidéo : culte, mémorable grâce à son histoire riche en émotions/frissons et centrée sur l’être humain, une galerie de personnages incroyables, un des univers videoludiques les plus riches du média et une bande sonore divine pour les oreilles.
Un jeu qui m’a marqué à vie et qui continuera de le faire à jamais dans ma vie de joueur. Surtout via mes nouvelles runs faites sur ce remaster très convaincant, mais qui aurait pu être tellement plus si Square Enix leur avait alloué un plus gros budget.