L'enfer, c'est les autres
No More Room In Hell est un jeu de survie dans un monde infesté de zombies (la version lente) qui met un point d'honneur au traitement réaliste : absence de hud, endurance et vie très limitées, chat utilisable uniquement à portée de voix, etc... Sur les 5 immenses maps du mode objectif, le but est de trouver un moyen d'appeler les secours puis de courir jusqu'au point d'évacuation dans les temps. Les maps sont divisées en sections, chacune contenant une petite quête à base de "trouve le machin qui ouvre le truc", ce qui nous oblige à aller slalomer entre les zombies tout en veillant à en combattre le moins possible pour préserver ammo et santé. La dernière section de la map débloque le moyen d'évacuation que l'on doit atteindre en temps limité dans un dernier rush. Ce mode offre un bon équilibrage entre exploration et combats, c'est peut-être sa meilleure qualité.
Tout commence dans une safe room à la Left4Dead où les survivants s'équipent avec les rares armes/items disséminés ici et là. S'il est toujours plus sympa de tomber sur des groupes qui partagent le matériel, on peut aussi tomber sur des crevards que l'on se contentera de suivre à la trace en attendant de piller leurs cadavres. L'exploration fonctionne vraiment bien -du moins les premières parties- grâce à des cartes immenses et des spawns aléatoires pour les objets. Pour ce qui est des combats, c'est autre chose... Les sensations que ce soit au tir ou au corps à corps à corps se montrent très limitées, en partie à cause du moteur source, mais davantage à cause des animations rudimentaires et de la quasi absence d'effets visuels. On ne rend pas compte des impacts, ça ne semble pas très précis, bref, c'est nul.
Surtout, le désavantage classique de la mêlée par rapport à la distance - être davantage exposé aux attaques, et ici aux effets d'infection et de saignement- n'est pas contrebalancé. Au contraire, il est sublimé par des ripostes randoms, des soins rares et une capacité d'encaissement quasi nulle, réduisant drastiquement la survie des combattants en mêlée. A l'opposé, le fait de combattre à distance limite les risques de blessure/saignement/infection et toutes les armes à feu possèdent la capacité de tuer sur un headshot, particulièrement aisé à placer sur des zombies quasi immobiles. On ne s'étonnera pas que la majorité des joueurs chevronnés se focalisent sur les armes à feu, laissant aux débutants l'honneur de mourir la hache au poing.
Plus encore que les combats moisis, le vrai, l'immense problème du jeu, c'est qu'il est beaucoup plus simple d'y jouer solo qu'en coop, contrairement à un L4D qui inclus des mécaniques luttant contre le syndrome du loup solitaire (Hunter, Smoker, ressurections). Pire, le multijoueur se montre carrément handicapant puisqu'il limite la récolte de munitions/soins (nombre fixe/map) et génère énormément de chaos dans les aggros zombies là où il est aisé de se frayer un passage en jouant solo. Surtout, le choix discutable d'avoir laissé les collisions entre les joueurs (et d'avoir défini des hitboxes à vue de nez 6 fois plus grosses que le perso) rend les progressions en groupe pénibles et grotesque. On est bien loin du réalisme revendiqué par les développeurs avec des avatars qui ont la physique de cubes de béton. Si vous avez déjà joué à Left4Dead, vous serez choqué de voir les survivants se gêner entre eux. Les couloirs sont de véritables enfers à parcourir : on s'enfile à 8 et si celui de devant ouvre une porte sur un zombie, il ne pourra pas reculer et sera condamné par les autres. Les autres = LA cause principale de mort dans ce jeu, bien devant les zombies plutôt inoffensifs.
Voilà, pas grand chose à ajouter, c'est gratuit, autant essayer pour se faire une idée. L'ambiance est sympa, notamment grâce à la bande son, mais on se rend vite compte qu'il y a de gros soucis de conception qui limitent la jouabilité sur le long terme une fois qu'on a bien exploré les 5 grandes cartes. C'est un jeu au design médiocre mais au concept assez intéressant pour passer quelques parties, pour peu que l'on se prenne au jeu. On ne pourra pas compter sur la diversité des interactions et le fin équilibrage des mécaniques de gameplay pour s'amuser mais plutôt sur son imagination et sa capacité à s'immerger à partir d'un matériau brut. C'est à mon sens un jeu raté, mais marrant, mais raté.