En 1994, quelques membres de Edmark quittent cette société de logiciels éducatifs pour fonder Monolith Productions dans la petite ville de Kirkland dans l’état de Washington. Aidée par Microsoft, cette jeune boîte retrousse les manches et crée son moteur de jeu attitré, Lithtech, qui se retrouvera longtemps dans leurs jeux, sous des incarnations différentes. Parmi ceux-ci, on peut signaler la série FEAR ou les deux Condemned qui auront fait frémir plus d’un joueur ou dans un registre plus léger, la série de FPS The Operative, plus connu pour les fans comme les No One Lives Forever. Le premier sort en 2000 sur PC. Il réussit avec brio à se faire une place dans le cœur de joueurs PC qui ont pourtant l’habitude de voir défiler les jeux de tirs à la douzaine.


NOLF propose d’incarner la belle et séduisante Cate Archer, agent secret de l’UNION afin de lutter contre le CRIME, une organisation terroriste dont les objectifs sont encore flous mais certainement pas philanthropes. La belle peine à se faire reconnaître dans l’organisation, avant tout victime du machisme qui y règne. Mais quand les agents masculins sont abattus un à un et que la pénurie se fait sentir, l’UNION offre à la jeune fille l’occasion de se faire remarquer. L’action du jeu se passe dans les années 1960, ce que ne manqueront pas de nous rappeler papiers peints psychédéliques et autres vêtements d’une autre époque. En tout cas, un univers assez dépaysant pour un FPS, ce qui n’est certainement pas étranger à son succès. Sans oublier l’humour du jeu, qui pastiche avec gentillesse la série des James Bond avec la belle Archer qui n‘a pas la langue dans sa poche. Le succès psychédélique d'Austin Powers a dû être déterminant dans la création du jeu mais il est bien plus sérieux, loin de la farce des films.


Puisque le joueur doit incarner une espionne, NOLF n’a rien d’un jeu bourrin ou si peu lors de quelques phases plus musclées. La filiation est d’ailleurs évidente avec le formidable Perfect Dark, sorti quelques mois avant. Ainsi, outre le fait que les deux jeux proposent une espionne comme héroïne d’un FPS, le meilleur moyen de parvenir à la fin du niveau sera de faire profil bas et d’agir méthodiquement. Certains niveaux obligent même à la discrétion la plus totale. Pour ce faire, Cate Archer dispose d’armes et de gadgets variés et utiles, parfois amusants : rouge à lèvres explosif, lunettes de soleil à rayons X, petite barrette pour crocheter les serrures, etc..


La progression se fait par niveaux, eux-mêmes divisés en plusieurs scènes. Certaines peuvent être assez courtes, quelques minutes, d’autres retiennent l’attention plus longtemps, ne serait-ce qu’à cause de la difficulté du jeu. Une des grandes forces du jeu est d’ailleurs la qualité du level-design. Aucun lieu traversé ne se ressemble, ni esthétiquement, ni dans la façon dont-ils sont agencés. Il y a souvent plusieurs chemins possibles et certaines situations sont assez originales comme cette descente d’un avion sans parachute ou la séquence de plongée sous-marine. De même, il y a quelques passages en deux roues et en motoneige plutôt distrayants, à défaut d’être pleinement maîtrisés. L’exploration est plus que conseillée, pour varier les plans d’attaque ou pour dénicher dans le décor des « éléments d’intelligence artificielle ». Ces derniers sont le plus souvent de courts textes qui fournissent parfois quelques renseignements sur l’histoire du jeu ou, le plus souvent, qui parlent de tout et n’importe quoi pour amuser le joueur entre deux moments un peu tendus.


Contrairement à d’autres de ses camarades en vue subjective, les capacités de Cate Archer évoluent au fil de la partie ce qui lui permet de devenir plus discrète, plus résistante ou capable de stocker plus de munitions entre autres. Ces capacités se débloquent selon certaines conditions à chaque fin de niveau (comme ne subir aucun dégâts). La meilleure façon d’améliorer ses caractéristiques est donc de jouer de la meilleure façon possible et de dénicher les éléments d‘intelligence artificielle.


Mais tout n‘est pas rose, même dans l‘univers coloré des 60‘s. Le principal est sa bavardise, aggravée par la qualité médiocre du doublage français en dehorsde la voix francaise de Cate, très bonne. Le jeu veut trop en dire lors de ses cinématiques ou au sein des niveaux, avec ses personnages parlant à tout bout de champs. C’est parfois fait dans un ton plus humoristique, mais le dosage n’est pas toujours bien respecté sur la finesse à employer. C’est dommage, parce que la volonté des développeurs était de faire un univers cohérent, bien scénarisé mais qui a tendance à assoupir le joueur à cause de ses lourdeurs


En dehors de cet écueil, la version PC dispose donc de réelles qualités qui lui auront permis de conquérir le cœur de nombreux joueurs, et pas seulement parce que Cate Archer est aussi belle que charismatique. L’ossature du jeu s’inspire beaucoup de Perfect Dark mais arrive à trouver sa voie grâce à sa retranscription des sixties, son humour et la qualité de l’architecture de ses environnements. Dès lors, Monolith aurait eu tort de ne pas adapter son bébé sur consoles. La conversion sort en 2002 sur la dernière de chez Sony, la PS2. Conversion réussie?


Au niveau du contenu, les développeurs ont misé pour une politique de bascule. Ainsi, le mode multi-joueurs passe à la trappe au profit de quatre scènes exclusives se déroulant dans le passé de Cate Archer, quand elle était cambrioleuse.


D’un point de vue technique, c’est clairement décevant. Certaines textures, surtout celles en extérieur, sont gâchées par un manque de détails et des répétitions lassantes. Surtout, le moteur du jeu peine à suivre l’action de façon fluide, ce qui gâche un tantinet l’expérience. Mais le pire, ce sont les longs loadings entre chaque scène. La difficulté étant ce qu’elle est et même en normal, c’est d’autant plus agaçant quand on doit recommencer X fois tel passage et subir à nouveau ces temps de chargements.


Au niveau du passage de la maniabilité PC à celle console, là aussi, ce n’est pas à la hauteur. Ce n’est pas une déception parce que la conversion d’un FPS PC à console serait « forcément » moins bonne  mais parce que l’équipe chargée de celle-ci a accumulé les petites erreurs. Le changement d’arme ou de gadget est une plaie, qui implique de passer par un menu peu pratique sans pouvoir mettre sur pause. Autre exemple, le demi-tour s’active en pressant le joystick gauche, L3 donc, celui-là même qui sert à se déplacer. Il arrive ainsi que sous l’effet de surprise d’une fusillade inattendue, le pouce se crispe sur L3, avec des conséquences désastreuses. Ces deux grave défauts ne peuvent même pas être contournés en adoptant une autre des quatre configurations de touches possibles.


Faute de mieux (la version PC), celle PS2 peut faire l’affaire, le plaisir de jouer reste intact tout comme les qualités du jeu. Mais il s‘agit clairement d‘une conversion peu réussie. Apprécier NOLF à sa juste valeur ne peut se faire que sur ordinateur. Et c’est un consoleux de cœur qui ne peut que l‘avouer. Malheureusement, la série n’est plus disponible officiellement à cause de problèmes de droits. Des solutions existent à la frontière de l’illégalité mais quoi de plus normal pour une espionne ?

SimplySmackkk
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le 21 oct. 2010

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