Okami (2006) est un jeu à la fois méconnu et culte, qui a fait un flop commercial et mais qui est considéré par beaucoup comme l'un des tout meilleurs Zelda. Ce qui lui a d'ailleurs valu ce remake HD sorti en 2011, que je découvre donc en 2020 (pas de nostalgie ici).
Car même s'il ne fait aucunement partie de cette license phare de Nintendo, Okami est un Zelda-like complètement assumé, sorti juste après le très bon Twilight Princess (2006), qui lui aussi faisait la part belle à un loup. D'ailleurs, certains designs d'ennemis d'Okami ressemblent beaucoup à l'une des formes de Midna de ce Zelda.
Pourtant, Okami est loin d'un plagiat éhonté, et possède sa propre identité, autant dans son histoire que sa direction artistique et son gameplay.
Côté histoire, on laisse enfin tomber le stéréotype récurrent du vaillant chevalier qui part sauver la princesse pour une relecture de mythes traditionnels japonais. Et pour nous autres occidentaux, c'est très rafraichissant. L'univers présenté est fascinant, même si la vibe "civilisation ancienne disparue technologiquement avancée" me plait moins. Paradoxalement, par rapport aux mythes japonais classiques, c'est du déjà vu. De plus, l'histoire générale manque de liant, avec trois actes et un épilogues pratiquement déconnectés les uns des autres, même si individuellement ils sont très réussis.
Côté DA, le jeu tient toujours la route une décennie plus tard grâce à un cell shading qui tente d'imiter les estampes japonaises. Évidemment les environnements parfois un peu vides trahissent l’âge du titre original et certains traits sont un peu épais, mais on s'en accommode finalement très bien.
Côté gameplay, enfin, la grande particularité du jeu est son système de sorts, que l'on lance en traçant des formes simples à l’écran avec un pinceau, que l'on contrôle avec la reconnaissance de mouvements du joycon. L'idée est géniale, mais son exécution hasardeuse. Quand ça marche c'est jouissif, mais quand pour la cinquième fois le jeu ne comprend pas que l'on cherche à dessiner un simple cercle, c'est très frustrant. À noter qu'en mode portable on peut tracer sur l'écran et que c'est beaucoup plus intuitif.
Je soupçonne d'ailleurs les développeurs de s’être rendu compte du problème et d'avoir rendu le jeu très facile pour "compenser". Trop facile en fait : zéro mort en découvrant l'aventure. Trop de vie, un généreux système de bouclier, trop d'objets pour se soigner ou détruire les ennemis, des bouteilles d'encre (mana) qui se remplissent toute seules, des stagger des ennemis... et même un mécanisme de résurrection, que je n'ai jamais utilisé. L'aventure épique tourne souvent à la ballade.
Bref, Okami est un Zelda pour ceux qui en ont marre des Zelda. Son approche est rafraichissante et son univers fascinant, même si on pourra lui reprocher une histoire un peu trop éparpillée, un pinceau parfois frustrant et une difficulté trop anecdotique.
Fini en 35h.