Si certains se demandent encore si le jeu vidéo est un art, Ori and the blind forest apporte sa pierre à l'édifice. C'est beau, harmonieux, avec cette pointe de sensibilité qui laisse le joueur s'enfoncer dans ce bel univers. Je ne suis pas un habitué du genre, je ne le comparerai donc pas avec d'autres jeux.
Je l'ai dit, Ori and the blind forest est avant tout (et surtout ?) une expérience sensorielle. Et c'est, je trouve, là où réside sa véritable réussite. J'ai aimé les musiques, les décors, les couleurs. Parcourir cette forêt est un véritable plaisir, d'autant que j'ai trouvé l'ensemble totalement fluide, ce qui m'a permis de profiter au mieux de ce monde. Du fond des eaux aux sommets des montagnes, chaque passage a ravis mes yeux et mes oreilles. De même, les principaux personnages mis en scène sont touchant, tout en restant sobre.
Voilà, en gros, les qualités de ce jeu. J'ai vécu Ori and the blind forest comme une expérience, et sur ce point c'est réussi, j'ai adoré. Mais si on creuse un peu plus loin, certaines choses laissent quelques déceptions. Je vais commencer par la plus grosse: Impossible de terminer le jeu une fois l'histoire achevée. J'ignore si c'est logique pour ce type de jeu, mais ne pas pouvoir avoir mes 100% m'a énormément frustré. Je n'ai d'ailleurs pas voulu le recommencer tant ma déception fut grande et l'est encore. Je me faisais une petite joie de pouvoir parcourir cette forêt sans la "pression" de l'histoire non fini, comme un bonus pour ne pas terminer un agréable moment trop brutalement. Je n'ai pas compris et ne comprends décidément pas cette décision.
Passé ce petit choc, il est bon de soulever certains détails qui m'ont empêché de profiter pleinement de l'expérience. Les décors sont beaux, on est d'accord. Mais pas la peine de nous les mettre juste devant les yeux. S'il est agréable à l'immersion de voir notre personnage passer derrière un bout de grotte, d'arbre ou de rocher, cela nuit gravement au gameplay lorsque cet obstacle visuel cache un ennemi, ou même le combat. Heureusement, ce problème est rare. Plus haut, les branches d'arbre placées là pour fixer une limite de hauteur au joueur n'étaient pas assez "camouflées". Chaque fois que je les voyais, je ne pouvais m'empêcher de me dire: "tiens, on ne veut pas que j'aille plus haut" alors que j'aurais dû me dire "mince, je ne peux pas aller plus haut". Cette distinction semble dérisoire, mais elle représente parfaitement la différence entre une immersion partielle ou totale. Il existe un autre point vraiment gênant qui est pourtant la conséquence du magnifique visuel qui nous est offert. Je l'ai dit, c'est beau. Les couleurs vives et éclatantes participent à cet ensemble féérique. Seulement, lors des combats, il devient parfois difficile de savoir ce qui s'y passe, et il n'est pas rare de se voir touché par un ennemi caché derrière un nouveau flash lumineux, aussi beau qu'handicapant. Dernier point, Kumo. Si le minimalisme des différents personnages ne dérange pas et est même appréciable, celui du Kumo et de ses bébés a freiné l'empathie voulu par les mises en scène. Ce dernier point doit cependant être un ressentie très personnel.
Sinon, les différentes phases sont plutôt bien gérées. La plupart du temps le jeux est simple et laisse ainsi au joueur le plaisir de savourer son moment. Parfois, il se corse un peu et offre le piment de la difficulté. Et enfin, plus rarement, il propose un petit challenge qui, bien que loin d'être insurmontable, accorde au joueur l'occasion d'exprimer ses talents.
Au final, Ori and the blind forest est jeu agréable et profondément beau, qui vous offrira sur son duvet de plume un moment de détente et de tendresse. Vous en garderez quelque temps un bon souvenir qui laissera se dessiner un léger sourire sur votre visage juste avant de s'estomper aussi vite qu'il est apparu. Il ne lui manquait que peu de chose pour rendre ce souvenir impérissable.