Comme son nom l’indique Orwell nous immerge dans la problématique du visionnaire Georges Orwell et son célèbre roman 1984. Plus exactement en ce qui concerne la surveillance des masses et ses questionnements liberticides. Vous incarnerez un détective en phase de test pour un projet gouvernemental nommé Orwell et charger d’utiliser les réseaux Big Data pour prédire et empêcher des crimes. Votre premier jour d’essai tomberas à pic puisque vous assisterez en direct à un attentat, point de départ de votre première mission.
Premier constat intéressant, le jeu ne nous place pas en victime du système avec un discours moralisateur « obvious », il brise le quatrième mur d’une certaine manière en nous placent de l’autre coté du miroir. De faite, il va construire sa critique de manière plus subtil, non pas en l’exposant avec des mots mais en impliquant le joueur pour le mettre face à ses contradictions morales afin de l’amener plus efficacement à réfléchir sur ces questions philosophique. Le principe du jeu est simple, fouiller toute les données personnelles des suspects (Facebook, conversation messenger, conversation téléphonique, mail, historique internet, casier judiciaire, dossier médical, Blog, CV, journaux, etc) dans le but de récolter des informations et créer des fiches profile ainsi qu’un organigramme relationnel pour étendre votre recherche à d’autres individus. Bien évidement certaines informations seront sujet à interprétation, faisant alors appel à notre subjectivité de jugement, et c’est la que le propos du jeu fait sens, en nous mettant face a notre propre libre arbitre et aux limite du système.
Malheureusement c’est aussi là que le jeu se plante, dans son exécution, pour plusieurs raison. Tout d’abord la simplicité et la linéarité du récit, les choix sont plutôt factices et les ficèles si grosses qu’on peu difficilement se tromper. Si on se trompe dans nos conclusions c’est uniquement parce que d’autre éléments se débloque APRES et parfois sans possibilité des modifier nos erreurs d’interprétation via ces nouvelles données. Pourquoi ? Il n’y a rien qui justifie cela, c’est juste idiot et ça casse complètement le sentiment de liberté d’investigation et l’implication du joueur. D’autant plus que nous ne faisons que remplir des fiches de personnage et c’est le jeu qui en fait des conclusions avec ces échantillons de données (mise en abîme des faiblesses de jugement d’une IA ?), nous n’avons aucun choix concernant le déroulement des événements (actions judiciaires, procédé d’interpellation, interrogatoires). Je trouve ça vraiment dommage car ça limite énormément l’aspect enquête, gameplay et embranchement narratif, on se demande presque si nos actions on de réelle conséquence sur l’intrigue. Et comme si cela ne suffisait pas à gâcher l’expérience, il y aura des twists un peu ridicule, pour ne pas dire absurde puisqu’aucun indice ne pouvais permettre de les prédire, c’est même tout le contraire, le jeu nous met volontairement sur de fausse piste pour soigner son effet de surprise. Est-ce qu’il faut y voir une volonté de montrer les failles du système de manière un peu grossière ? Ou est-ce simplement une maladresse d’intension un peu puérile ayant pour unique but de dynamiser le récit ? Quoi qu’il en soit vous vous sentirez encore une fois inutile dans cette enquête…
Enfin dernier défaut du jeu, il y a certaines incohérences, négligeables certes mais surprenantes ; je m’explique. Pour éviter tout problème juridique le jeu prend place dans un monde fictif, avec des pays et des événements historiques fictifs, de même pour les noms de société/logiciel/réseaux sociaux même s’ils sont aisément identifiables. Problème, Orwell et son livre existent dans ce monde et un des personnages est Allemand, ça créer une sorte de dissonance narrative qui peu sortir le joueur de son immersion. Autre élément fâcheux, les conversations téléphoniques ne sont pas doublées, elles sont seulement écrites ce qui ne les différencie donc pas tellement des conversations Messenger et cela fait un peu tache pour l’immersion encore une fois, mais bon on est face a un jeu indé, les moyen ne le permettaient peut-être pas…
Malgré tous ces défauts qui gâche l’expérience, j’ai trouvé ce jeu assez saisissant pour son propos et la manière dont il le traite. C’est juste regrettable de ne pas avoir poussé le concept plus loin, le jeu aurait pu être beaucoup plus percutant. Néanmoins je le recommande tout de même aux gens qui se questionnent sur ces problématiques de surveillance, d’anonymat, d’éthique et de balance entre nos besoins de sécurités et nos libertés individuelles. Pour aller plus loin dans ce débat et contextualiser le jeu, je recommande également, en plus de la lecture du livre 1984 qu’on ne présente plus, le film « Snowden » et le documentaire Netflix « Derrière nos écrans de fumée ». Si vous avez d’autres références à proposer sur ces questions n’hésitez pas à les mettre en commentaire, c’est un sujet qui m’intéresse et ça apportera d’autres pistes de réflexion pour mes lecteurs, le but de ce jeu étant évidement d’amener ce genre de débat dans la société alors c’est ce que je vous invite à faire ici =).