La vérité doit être révélée, et ce même aux possesseurs de la console, qui d'instinct se protègent eux-même sans le savoir.
Il faut respecter à la lettre les 3 règles :
- Ne pas la sortir au soleil
- Ne pas la mouiller
- Et SURTOUT, SURTOUT, ne pas la nourrir après minuit avec Oêndan, sous peine de vous voir transformé(e) en zombie tellement elle va vous happer, la vile !!!
C'est simple, tous ceux et toutes celles qui ont été victime de ce logiciel ont gardé des séquelles post-traumatiques. Approchez-vous de l'un d'eux, et sussurez-lui une phrase du type « mais parle-moi donc de ce jeu bizarre de musique bizarre au nom bizarre ... Ouaindanne ? », la réaction ne tardera pas « o.... o.... ÔÔÔENNNDAAAAAAAAAAN !!! », ce qui veut dire dans notre patois qu'il a besoin de soutien.
Cette denrée vidéoludique empoisonnée a été concoctée par les meilleurs alchimistes-confiseurs japonais, qui sont de la même trempe que ceux qui ont commis les Space Channel 5 de sinistre mémoire. Là où ces derniers avaient échoué dans leur plan machiavélique, car il restait encore de nombreux joueurs (courageux, il faut saluer leur abnégation !!) à pouvoir résister à Ulala et à ses chants de sirène virtuelle, nos nouveaux empoisonneurs ont décidé de radicaliser la formule.
Il fallait appuyer sur 4 boutons ? Simplifions !! N'utilisons que le stylet !! Avec des chemins à suivre et des ronds à pointer, comme pour apprendre à écrire !!
On devait répéter une séquence sonore ? Trop compliqué !! Faisons du matraquage musical !!
Le joueur avisé comprend l'intelligence du sadisme des concepteurs : la prise en main est immédiate, l'interface stylet-écran est la plus directe, la plus simple et dépouille l'esprit de la victime d'opérations mentales devenues inutiles comme faire bouger ses doigts plutôt que sa main. D'où un danger encore plus grand : le temps de cerveau disponible augmente. En France, on le remplit de pubs Coca, au Japon... de Jpop !! (oui, je sais, c'est affreux).
Le matraquage musical, donc, se conforme très bien à la Jpop (ou l'inverse, ça dépend des théories), et forcément il devient difficile au joueur de ne pas céder aux morceaux concoctés par les cibleurs marketing musical de l'archipel. Quand bien même l'esprit du joueur serait indifférent au genre musical, la mécanique die-and-retry finit par imposer un certain attrait pour le morceau récalcitrant.
De toute façon, l'attention est focalisée sur les lignes et les points à pointer/glisser, et le travail d'insinuation se fait sans encombre dans le cerveau de la victime. Ces japonais sont les maîtres de l'art de la torture invisible.
Pour parfaire et sucrer davantage l'enrobage de ce bonbon à la cocaïne, nos insidieux concepteurs ont tapé dans le talon d'Achille du gamer : une esthétique résolument manga, et un scénar (si, si !!). Un groupe de supporters purement japonais va secourir des malheureux en détresse, grâce à leur super pouvoirs (ouië sur-développée pour capter les cris dans toute la ville, téléportation pour accourir en 3 picosecondes et enfin chauffage central pour enflammer les pauvres hères) vont pouvoir encourager ces derniers pour les aider à surmonter leurs problèmes.
On le voit, les thèmes choisis sont fédérateurs : dépassement de soi, amitié désintéressée, auto-combustion, ... Le tout traité avec un humour et un décalage certain dans des saynettes où il n'y a nul besoin de comprendre le japonais pour saisir la teneur de l'histoire. On sent que les séances de recherches des scénario ont été pilotées par le Dr.Kawashima (spécialiste du cerveau, je rappelle qu'on est dans une entreprise de destruction de l'individu).
On le comprend aisément, ce jeu avait tout pour être une arme presque parfaite d'annihilation de la volonté individuelle par l'addiction. Pourquoi presque ? Parce qu'elle n'a, heureusement (rendons-en grâce à la frilosité des éditeurs occidentaux), pas dépassé les limites humides du Japon. Dans un sursaut d'orgueil (car eux aussi veulent la domination mondiale des esprits), les nord-américains en ont d'ailleurs concocté un ersatz, mais il était frelaté à la culture yankee (la puissance destructrice des Jackson Five étant nettement en dessous de celle de Kishidan), ce qui nous a sauvé d'une pandémie d'une nouveau genre.