Plus d'un an après avoir terminé Outer Wilds, la sortie du DLC Echoes of the Eye m'a donné envie d'écrire quelques mots sur le jeu qui squatte régulièrement mon cerveau depuis que j'ai arraché mon vaisseau de la gravité d'Atrebois.
Outer Wilds est un jeu d'aventure et d'exploration au sein d'un petit système solaire composé de six planètes et quelques objets stellaires. Les habitants de l'unique village de la planète Atrebois ont pu accéder au voyage spatial grâce à la découverte de ruines appartenant aux Nomaï, une espèce extraterrestre bien plus avancée technologiquement et ayant foulé ce même système solaire il y a bien longtemps. On y incarne un Atreboisien, fraîchement diplômé et prêt à rejoindre la conquête spatiale. Voilà le point de départ d'Outer Wilds et après s'être familiarisé avec les quelques éléments de gameplay, il est temps de décoller. Pas d'objectif, sinon les différentes fréquences radio de compagnons présents sur d'autres planètes.
Le gameplay proprement dit consiste surtout en la maîtrise de deux formes de déplacements. Finalement plus simulation qu'il n'y paraît, le jeu nous demande d'apprendre à piloter notre petit vaisseau et on se familiarisera vite avec les différents types de propulsion, l'accélération puis la décélération lorsque l'on veut atteindre un objet en mouvement. A pied, on évoluera protégé par une combinaison munie d'un jetpack et il faudra prendre en compte les différents niveaux de gravité sur les planètes. Les premières sorties sont un peu chaotiques et parfois mortelles mais on prend rapidement le pli et les sensations sont excellentes.
Mais Outer Wilds ne se résume pas au pilotage d'un vaisseau en bois dans un environnement ouvert. Même si le jeu ne nous impose aucun objectif, il propose son lot d'énigmes, de twists et de découvertes qui nous mèneront au grand final. Le joueur abordera son exploration comme il le souhaite et trouvera différents fils sur lesquels il pourra tirer pour dévoiler des parties du puzzle général. C'est ici que brille le choix d'un système solaire réduit et de planètes qui se parcourent en une vingtaine de minutes. Même si l'on se sent forcément un peu perdu au début, l'échelle des lieux à explorer nous évite d'être découragé.
Contrairement à la majorité des jeux d'aventure, Outer Wilds ne propose pas une progression visible et palpable. On ne trouvera pas la clé sur la planète A qui nous ouvrira une porte sur la planète B. On apprendra plutôt comment ouvrir cette fameuse porte, chose qu'il était possible de faire depuis le début. On évolue pas dans Outer Wilds, on apprend, on comprend. La seule forme de progression est la connaissance accumulée (et heureusement parfaitement résumée dans le journal de bord) qui nous permettra de percer tous les secrets des Nomaï.
Autre élément diablement réussi dans Outer Wilds, c'est l'utilisation du temps. En effet le système solaire dans lequel on évolue est au mouvement constant et certaines choses ne sont accessibles qu'à des moments précis. On se surprend souvent à s'arrêter et simplement regarder ces astres tourner pendant quelques minutes.
Au-delà de son gameplay et de son environnement original, c'est le ton, les sujets abordés et les émotions ressenties qui m'ont donnés envie d'écrire sur le jeu. Avec ses graphismes assez simples et sa direction artistique parfois enfantines, Outer Wilds passerait pour un jeu léger. Dès les premières sorties dans l'espace, on ressent pourtant une pression, un danger. On se rappelle vite que l'on est dans l'espace et qu'une combinaison et quelques bouteilles d'oxygène nous séparent d'une mort terrible. La musique a changé, il y avait des gens ici. Grâce à la narration environnementale, on sent le poids d'un monde qui a disparu, d'une civilisation de scientifiques menée vers un funeste destin.
Outer Wilds est capable d'une grande mélancolie, il nous rappelle que quelque chose de beaucoup plus grand est à l’œuvre. On se sent comme un hobbit quittant la verte Comté vers le danger et l'inconnu.
Il n'y a aucune véritable violence dans Outer Wilds et pourtant il saura nous terrifier par moment. Le silence entrecoupé du souffle dans notre combinaison, cette planète à l'architecture impossible, ces grottes dans lesquelles il faudra se guider avec une simple lampe-torche alors qu'elles se remplissent de sable. Lorsque le puzzle prend forme, on se sent petit, tout petit. Il faudra souvent du courage et de la persévérance pour connaître le fin de mot de l'histoire et l'on en ressortira soufflé par ce qu'on a vu.
Outer Wilds me fait parfois penser à Twin Peaks dans la mélange des genres qu'il propose et la maîtrise avec laquelle il les installe. A l'instar de la série de David Lynch qui démarre comme un soap et finit comme l'ultime bataille entre le Bien et le Mal, le jeu de Mobius nous parlera de physique quantique, de Dieu, de la Mort et de la destinée. Après une vingtaine d'heures d'exploration, on en sortira lessivé, émerveillé, ému. On aura envie de parler, d'écrire sur ce qu'on a vu et vécu dans ce jeu. Outer Wilds est une œuvre capable de faire briller l'esprit et réchauffer le cœur.