Imaginez une horloge suisse en forme de système solaire, prodige de précision où chaque orbite de planète, chaque effondrement rocheux est un engrenage réglé au millimètre. Vous pouvez explorer chaque recoin de chacun des ces astres aux proportions curieuses, et y trouver, à chaque fois, une pièce de cet immense puzzle dont vous ne connaissez même pas la finalité. La pièce n'est pas un objet qui ira se ranger dans votre inventaire et faire bouger une barre de progression : tout se passe dans votre tête, et plus vous comprenez les ressorts et l'histoire de ce morceau de galaxie, plus vous vous approchez d'élaborer LA solution, celle qui vous permet de finir le jeu. Elle est accessible dès les premiers instants, mais vous ne tomberez pas dessus par hasard.
D'ici là, vous et votre vaisseau spatial, vous allez trouver des passages secrets, tenter des manœuvres de l'extrême, retenir votre souffle en passant à côté de monstres, ou encore brûler quelques chamallows au creux d'une planète en pleine destruction. Vous allez vous faire des amis, et enquêter sur une civilisation disparue. Et vous allez faire bien d'autres choses à couper le souffle, mais il serait de mauvais ton de vous gâcher les surprises.
Voilà ce que c'est, de jouer à Outer Wilds.
Ce jeu est phénoménal à trop d'égards pour tous les citer, mais il vaut le coup de s'attarder sur la simplicité désarmante avec laquelle il marie les extrêmes. La mélancolie cosmique et les contemplations vertigineuses côtoient le confort doucement incandescent d'une discussion amicale autour d'un feu de camp. Les concepts de science-fiction les plus perchés se succèdent sans jamais d'indigestion, sans faire de l'ombre à l'intrigue. Tout résonne et tout scintille, dans une improbable harmonie. La fin est grandiose, le propos est beau.
Outer Wilds est une expérience puissamment vidéoludique, intranscriptible dans d'autres formes d'art. Plus encore qu'un livre ou un film, elle se vit. Pour ma part, c'est l'une des plus belles que j'aie connues dans le jeu vidéo.