Overwatch représente la quintessence des productions Blizzard depuis Diablo III et l'avènement des jeux creux et bidons, nécessitant les qualités techniques de ta grand-mère jouant à CS Go pour la première fois, mais qui ont la particularité d'être superbement réalisés et addictifs grâce à un ingénieux système de classement. Et dans le jeu vidéo comme au cinéma, l'esthétique et l'apparence suffisent aujourd'hui à combler nos cerveaux vides de consommateurs en quête de divertissement sans saveur : "Ma dose d'héroïne ! Il me faut ma dose !" Non, je n'en fait pas trop. Hélas ! C'est comme cela que des films de merde comme Star Wars Rogue One remplissent des salles pendant que Saint Amour peine à convaincre trois jours après son lancement. Le jeu vidéo prend l'exacte même direction que le gavage ludico-cinématographique car il s'adresse de plus en plus aux mêmes consommateurs décérébrés grâce à son ouverture au public toujours plus large.
Qu'est ce qu'Overwatch ? Un savoureux mélange de MOBA et de FPS largement inspiré par Team Fortress pour ce qui est des objectifs de mission. Vous incarnez un personnage avec des capacités uniques au sein d'une équipe de 6. Les parties s'articulent autour du très classique "Attaque-Défense". Un coup il faut gagner du terrain sur une carte de taille variable pendant que les adversaires mettent tout en oeuvre pour vous faire reculer, soit il faut accompagner un véhicule qui avancera si vous êtes à proximité et atteindre les points de contrôle. Les héros sont divisés en quatre catégories : attaque, défense, soutien, tank. Les joueurs doivent composer leur équipe harmonieusement entre les divers héros de ces quatre catégories pour répondre au mieux aux objectifs en cours. Ça, c'est le monde de la théorie.
En réalité, sur le papier Overwatch a tout pour lui. Mais lorsqu'on commence à passer les 5-6 heures de jeu, on commence à appréhender la supercherie. Premièrement, il faut bien assimiler une chose. La méta du jeu est mal branlée. Si vous désirez jouer à Overwatch en février 2017 et remporter les parties compétitives, vous n'aurez aucunement le choix de votre personnage. L'équilibrage actuel fait qu'aujourd'hui les équipes se constituent obligatoirement autour de 2-3 héros tanks (D-VA, Reinhardt et Zarya pour ne pas les nommer), un héros "attaque" invariablement incarné par Soldier 76 et deux soigneurs Lucio et Ana (voire Ange, la variation est possible, oulala !).
Ayé ! Tu peux recommencer ad nauseam des parties compétitives. Si tu fais l'erreur, fils, de sélectionner un personnage qui ne respecte pas ce schéma à la lettre, ta mère en prendra pour son grade. Conclusion : il n'y a pas 23 personnages dans Overwatch. Il y'en a 6 voire 7 qui sont viables. Allez, 8 pour les enragés fans de la licence. Le reste n'est là que pour faire joli, du moins, pour le moment.
Autre aspect irritant qui peut faire péter un boulon les joueurs un peu trop exigeant. Il est fortement recommandé de ne pas s'amuser tout seul en partie compétitive. En effet, se retrouver au beau milieu de cinq joueurs aléatoires, c'est franchement se tirer une balle dans le pied et vouloir inconsciemment ruiner son "rank". La communauté bon enfant que l'on croise dans Overwatch a une moyenne d'âge relativement basse tout comme leur niveau technique. Les ratés de CS Go croupissant dans les méandres spongieux et nauséabonds du rank Silver et Nova trouvent ici pénitence dans le farmage intensif des matchs compétitifs n’excédant généralement pas les 10 minutes. Bien moins axé sur le skill individuel, Overwatch demande néanmoins une bonne cohésion et un esprit d'équipe indispensable pour remporter la partie. C'est une excellente chose sur le papier, encore une fois. Dans les faits, c'est différent. On n'a pas tous cinq potes avec qui jouer en permanence.
L'épreuve de la pratique nous montre que de nombreux joueurs, vexés de se faire humilier, s'obstinent:
- à sélectionner des personnages inefficaces et inopérants
- à jouer solo au milieu de 11 joueurs
- à prendre des héros "attaque" même s'il y en a déjà trois sur le terrain
- à ne pas comprendre le but du jeu
- à croire qu'ils sont bons et que leur QI est inversement proportionnel à leur APM.
- à t'insulter si tu varies dans la stricte et rigoureuse sélection des 6 champions pré-cités
Le jeu en équipe prend une proportion tellement importante que le moindre triso peut vous ruiner un match en quelques secondes. Vous comprendrez la définition du mot "impuissance" lorsque, malgré toute la bonne volonté dont vous ferez preuve, votre équipe se fera fatalement écraser par l'adversaire. Très frustrant et énervant à la longue. L'idéal, évidemment, c'est de jouer en équipe avec des amis. Dans ces conditions, le jeu de Blizzard prend toute sa saveur.
Overwatch peut se targuer d'avoir une durée de vie relativement élevée si on adhère à son univers plutôt réussi, à son mode compétitif et son style graphique rappelant les œuvres Pixar. Cependant à 40€, c'est cher payé. La lassitude se fait rapidement ressentir. On tourne très vite en rond du fait d'un manque d'intérêt global pour tous les autres modes non compétitif qui ne trouvent finalement leur salut que dans la possibilité de gagner de précieux coffres à skins toutes les trois victoires.
L'inclusion d'événements variés comme Noël, les Jeux Olympiques et tout récemment, le Nouvel An chinois est un point positif permettant d'insuffler un peu de vitalité dans le soft. Vitalité qui s'accompagne de l'indispensable monétisation de micro-contenus, dont l'industrie du jeu vidéo est aujourd'hui passée maître incontestée. Les événements sont autant d'occasions de vendre skins et autres saloperies inutiles mais sympathiques qu'il aurait été judicieux d'offrir aux joueurs ayant payé 40 boules un jeu de merde vide qui se mord la queue. Après, ça, c'est moi qui le dit... Moi, d'mon temps, quand on payait un jeu 60 balles, tout était à l'intérieur. Pas vendu en kit comme maintenant... Moi d'mon temps !
Pour conclure, Overwatch est un jeu très bien réalisé, addictif, mignon et sympathique les premières heures de jeu. Puis vint le moment où le réalisme et la lucidité prennent le dessus. On s'aperçoit que c'est tristement vide, qu'il manque un mode solo. D'autant plus dommage que Blizzard a tenté de créer un univers cohérent et des liens entre les personnages que l'on ne retrouve absolument pas dans les parties multijoueurs. À l'heure actuelle, Overwatch est incomplet, mal équilibré (un comble pour un jeu qui lorgne l'e-sport) et redondant en plus d'être vendu trop cher.