Dernière production en date d'Éric Chahi (Another World et Heart of Darkness) sortie en 2020 avec son studio Pixel Reef, Paper Beast est un jeu VR essentiellement contemplatif dans lequel on se retrouve au sein d'un monde mystérieux constitué d'animaux en papier.
Ne sachant ni comment ni pourquoi on est là, il s'agira d'explorer et d'interagir avec cet écosystème et ses formes de vie. Ceci dans le but de résoudre des énigmes faisant avancer l'histoire, ici sujette à moults interprétations dans sa narration ouverte. Une habitude dans les jeux de Chahi.
Peu d'actions sont possibles pour le joueur, hormis des déplacements libres ou par téléportation via la manette gauche. Avec la manette droite, il est possible de tenir des objets ou petits animaux et de les rapprocher ou les éloigner de nous, ou encore de les regarder sous différents angles.
Le moteur physique est vraiment la force du jeu car nous pourrons interagir avec quasiment chaque élément du décor ou animal en origami afin de comprendre comment résoudre chaque situation proposée par le jeu.
Par exemple, étendre du sable grâce à des vers en papier qui aspirent le sable d'un côté pour le recracher par l'autre, et ainsi constituer des dunes de sables et une surface valable pour des sortes de chevaux, indispensables pour résoudre l'énigme.
Éric Chahi propose un sandbox interactif vraiment poussé afin d'observer les conséquences de nos actions sur le monde étrange qui nous entoure, notamment avec les différents animaux que l'on rencontrera.
La réalisation va totalement de pair avec cet univers où il est fascinant de s'y retrouver littéralement en VR et d'observer les animaux vivre leur vie, pendant que l'on essaie d'expérimenter à tout va pour continuer.
C'est une direction artistique qui ne plaira pas à tout le monde avec ses étendues d'eaux, de sables ou encore de décors "lisses". Mais on reconnaît vraiment la patte du créateur français : unique. Personnellement, elle a totalement marché sur moi.
La bande sonore complète la réalisation à travers des musiques discrètes mais douces et évasives. Le tout avec des bruitages et cris d'animaux qui accentuent cette solitude dans cet univers, où il est difficile de dire s'il est réel ou simulé.
Côté durée de vie, le jeu se constitue de 7 chapitres et n'est pas très long. Il se plie (sans mauvais jeu de mots) en 4 - 5h.
Heureusement et malgré la lenteur de Paper Beast pour laisser le temps au joueur de s'imprégner de l'ambiance, son rythme est varié dans les situations et ses énigmes, où l'on peut trouver plusieurs façons à leur résolution grâce à son excellent moteur physique.
À noter également l'ajout d'un mode sandbox en plus du mode histoire, qui permettra de développer votre créativité et de faire mumuse avec les terrains et animaux en origami que vous pourrez créez à volonté, via un éditeur de ressources dans le sandbox.
Conclusion : Expérience VR atypique et française malheureusement passée inaperçue, Paper Beast est un titre vraiment original dans son concept, ainsi que dans son univers contemplatif basé sur la vie qui trouve toujours son chemin.
Le gameplay est simple mais également riche en interactions avec les décors ou les formes de vie que l'on croisera afin de progresser.
La réalisation ne sera pas du goût de tout le monde mais confère une véritable identité à notre traversée de cette étrange dimension. La VR est utilisée avec brio pour nous y plonger littéralement et l'on se sent minuscule devant des animaux géants en papier passant devant nous, ou sur ses vastes étendues ensablées.
Bref, un jeu original que j'ai beaucoup aimé et à tenter si vous avez un casque VR sur PC, le Quest 2 ou encore le PSVR.
Il est à noter que le jeu est ressorti en version non VR sur PC et PS4, sobrement intitulée Paper Beast Folded Édition.
Ne l'ayant pas testé, je ne sais pas ce qu'elle donne. A voir comment Chahi et son équipe se sont débrouillés pour transposer le jeu sur écran classique, en dehors des interactions et réalisation uniquement faisable via un casque VR et des manettes de détection de mouvement. Il faut espérer que cela ne dénature pas l'expérience initiale.