Papers, Please
7.4
Papers, Please

Jeu de Lucas Pope et 3909 (2013PC)

Vous avez déjà passé une frontière étrange ? Pas une frontière comme la nôtre où c'est juste pas d'chance si la douane trouve ton bout d'shit, non, une vraie fontière, avec des murs, des barbelés, des soldats ? C'est toute une ambiance, j'suis passé au Cambodge, au Vietnam et en Chine comme ça, la guerre froide est finie, la paix règne sur le monde, et pourtant, ça fait froid dans le dos, pour presque rien, j'suis français, j'visite, aucun risque. Mais c'est une étrange ambiance.

Tout à l'heure, j'râlais sur Tomb Raider, j'fais ça d'puis plusieurs jours, parce qu'il n'y a pas d'ambiance, de moins en moins, ou alors un peu ratée. Wolfgang m'a conseillé ce jeu, et j'ai commencé, et je vous raconte.

Autant vous préparer, c'est moche, et c'est froid, graphiquement surtout, mais c'est ça le jeu indépendant, si vous avez pas la motiv', j'vous laisse ici, et c'est pas plus mal, de l'autre côté de notre barrière, la vie est beaucoup moins drôle.

Je suis le monsieur qui regarde les passeports, c'est mon premier jour à la frontière, à la nouvelle frontière. Tout l'monde rêve d'entrer à Arstotzka, oh, bien sûr, c'est pas le paradis notre république très soviétique, pas trop de travail, mais plus qu'ailleurs, pas vraiment la joie, mais plus que chez les voisins, moi même, j'ai une famille à nourrir, chaque jour, et à chauffer aussi, chaque nuit, je côtoie la misère du monde derrière ma grille de fer, et tout le monde veut entrer. Des hommes, des femmes, des fous, des terroristes, des espions, des traîtres à la mère Patrie, et je dois faire le tri, par dessus tout ça, il y a de la corruption, un garde sadique, le commissaire du peuple, et le temps qui passe. Cinq roubles par immigrant géré, les grands jours j'en fais dix à douze, un jour il y a eu un attentat, j'en avais fait 3, et la famille me coûte jusqu'à soixante ou soixante dix roubles, avec le fiston toujours malade.

En fait, je n'en peux plus, rien que ce soir, j'ai joué une fois vingt minutes, trois jours là-bas, et j'ai perdu. Puis une douzaine - une heure vingt, il y a une logique - et je me suis fait arrêter bêtement, j'ai fini en prison, pour, vous n'imaginez même pas, de l'honnêteté. J'aimerais déjà changer ma vie, revivre les mêmes moments et faire de meilleurs choix, mais c'est impossible, parfois je vais trop vite, parfois je ne sais plus quoi faire, comme le jour où un homme avec ses papiers en règle m'a demandé d'être bon pour sa femme qui allait passer, et je savais déjà qu'elle n'aurait pas les siens de papiers en règle, chaque jour c'est comme ça, cinq, dix fois, vérifier les mêmes lignes, les lieux d'émission des passeports, la date de validité, le tampon des diplomates, les photos et les cartes d’identités.

Non, franchement, je deviens fou, j'ai envie de jouer aux Sims, d'avoir une villa avec piscine, un super travail et d'aller me promener dans le parc avec la nouvelle factrice.
Le rêve américain, ça, au moins, c'est bien !
JZD
8
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le 28 août 2013

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J. Z. D.

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