Les jeux vidéos classés "horreur" ont bien changé en à peine dix ans. Hélas, je me rends compte que ce qui m'effrayait jadis me laisse parfois de marbre désormais. Penumbra : Black Plague, malgré ses qualités sympathiques, m'a fait le même effet que le trentenaire jouant à Resident Evil sur la Playstation 1 et s'attendant à retrouver les frissons et la peur qui l’étreignaient adolescent... Sauf que ça ne fonctionne pas mais alors pas du tout! Les temps ont bien changé. Les mécanismes de la peur dans les jeux ont évolué, graphiquement aussi, les progrès sont allés très vite. Sans parler des joueurs de la première heure qui ont grandi... Pourtant, je me rappelle encore frissonner en regardant Pewdiepie jouer à Penumbra il y a quelques années en arrière! Ou encore me faire littéralement dans le froc en lançant Amnesia pour la première fois. C'est dingue comme on s'habitue aux extrêmes. Il serait intéressant d'analyser ces mutations par le prisme de la surenchère : la logique du toujours plus propre à notre société. Quoiqu'il en soit j'en suis victime et je me déçois quelque part...
Tout ceci pour dire que la production de Frictional Games a peut-être mal vieilli car j'ai davantage expérimenté l'ennui que le stress pendant les six heures de l'aventure (et j'ai pris mon temps). Heureusement que la progression reste prenante, que les énigmes sont bien distillées et plutôt bien fichues. L'impression d'ennui vient-il du fait que j'ai enchaîné Ouverture et Black Plague dans la foulée ? Peut-être. Concernant le scénario, il reste un peu confus pour ma part. Je n'accroche pas trop à ce final surprenant qui mêle "élu du destin" + "dimension parallèle", ça décrédibilise un peu l'ensemble qui aurait très bien pu se contenter du scénario classique mais efficace des expérimentations scientifique secrètes qui ont mal tournées.
Du point de vue technique, rien n'a changé depuis Ouverture l'ensemble est plutôt moche, les développeurs ayant peu de moyen ont davantage privilégié l'atmosphère visuelle ou sonore toujours aussi malsaine, c'est un bon point. Les monstres qui sont à nos trousses sont trop idiots pour faire réellement peur même si les savoir juste derrière nous s'avère parfois stressant. En effet, il suffit de courir comme un dératé pendant à peine 10 secondes pour les semer définitivement. Les animations sont décevantes. Honnêtement les développeurs auraient pu faire un petit effort sur cet aspect car les monstres vous tabassent au lieu d'essayer de vous manger par exemple... De plus, votre personnage est bien trop résistant aux dégâts. Pour mourir, il faut que le monstre vous frappe une dizaine de fois. Bref, beaucoup de maladresses à la fois dans la réalisation mais également dans les mécaniques de jeux élémentaires et fondamentales dans ce type de production.
Penumbra : Black Plague reste globalement un bon jeu. Réalisé avec très peu de moyen, proposant un type de gameplay assez neuf pour l'époque : celui du personnage en vue FPS contraint de fuir pour éviter le danger et la folie mentale (cf. Amnesia du même studio). Les énigmes sont sympathiques, parfois retors même s'il suffit généralement de lire les notes glanées ci et là pour les résoudre. La dimension horrifique a perdu beaucoup d'effet en dix ans lorsqu'on compare Penumbra avec les productions d'aujourd'hui (Evil Within, Resident Evil 7, Alien Isolation etc.) ce qui paraît fâcheux pour un jeu qui tire son principal intérêt de la peur ou du stress qu'il est sensé susciter. Sympa mais pas nécessaire.
*#PatriceLaffont