Se situant dans la même veine que le premier opus, Frictional Games à néanmoins réussit à en corriger les défauts, dont celui des ennemis. En effet, dans Overture on devait faire face à des chiens zombies, dont l'aptitude à effrayer le joueur diminuait considérablement une fois qu'on avait comprit qu'on pouvait les neutraliser en leur balançant des bidons à la gueule... Dans Black Plague, les chiens sont remplacés par des monstres humanoïdes, on peut bien les assommer temporairement pendant quelques secondes, mais impossible de les tuer pour de bon, ce qui rend tout de suite le jeu beaucoup plus stressant.
Au niveau du gameplay, on retrouve celui qui sert de marque de fabrique au studio. C'est à dire qu'il repose sur le moteur physique particulier du jeu permettant au joueur de manipuler beaucoup d'objet pour résoudre des énigmes, se cacher des monstres, ect... Le tout de manière vivante et réaliste. Par exemple quand on ouvre une porte, ou quand on tourne une valve il faudra en mimer le mouvement. Ce gameplay ludique permet de se sentir vraiment immiscer dans le jeu et donne de nouvelles possibilités dans le survival. On pourra par exemple essayer de se construire une cachette de fortune pour échapper à un monstre en superposant des caisses de bois ou des bidons !
Des montres invincibles, un jeu où la seule défense est la fuite ou la dissimulation et un gameplay immersif. C'est ce cocktail simple en apparence qui révolutionnera le genre du survival-horror quelques années plus tard avec la sortie d'Amnesia (qui est en quelques sortes la version aboutie de Penumbra). Jeu phare du studio que donnera naissance à la mode des Amnesia-like, qui nous a offert des inspirations réussies (je pense notamment à Outlast) mais surtout beaucoup de pâles copies vendues à 10 euros sur Steam...
Mais revenons à nos moutons. Au niveau de l'ambiance et de l'histoire on voit que, comme le premier, c'est de la SF-horreur très inspirée Lovecraft. On retrouve tout les éléments digne d'une nouvelle de l'écrivain : l'expédition scientifique dans un lieu isolé de tout qui a viré au cauchemar, la civilisation extra-terrestre qui a atterrit sur Terre, le ton cynique sur la condition humaine et la volonté des hommes de pousser le progrès toujours plus loin, ect...
Ce qui est marrant, c'est qu'on y retrouve aussi ce qui me dérange chez les nouvelles de Lovecraft, c'est la froideur avec laquelle est racontée l'histoire ! Tout étant pratiquement racontée par des documents écrits, le récit n'est pas vraiment vivant et on a du mal à entrer dans l'histoire. De même, si j'ai compris l'essentiel, il y a pas mal de trucs qui me sont passés à côté...
La dernière chose sur laquelle j'aurais à redire, c'est sur le manque de diversité dans le gameplay. Le bestiaire étant assez pauvre. On retrouve seulement deux sortes de créatures : les monstres humanoïdes et un ver de terre géant ! De plus, à part quelques sorties en extérieur vers la fin du jeu, on est rarement dépaysé du laboratoire-bunker. Plus de créatures et de décors différents aurait enrichie le gameplay.
Mais malgré ces défauts, Penumbra reste un excellent survival-horror, à tester si vous avez aimé Amnesia !