Jouer, ça demande de l'investissement et du temps. Même si je suis toujours très investi dans le jeu vidéo, le temps me manque un peu parfois. Ainsi, il m'aura fallut 4 mois pour parcourir et finir Persona 4 Golden sur ma belle PS Vita. De juin au tout début du mois d'octobre 2014, j'ai vécu une année au Japon, dans un petit village du nom d'Inaba. J'ai vécu une année étudiante, j'ai participé aux grands événements annuels de la communauté, j'ai forgé de solides amitiés, mes collègues ont été Yosuke, Chie ou encore Teddy, j'ai découvert une nouvelle famille ... Ah oui, et accessoirement j'ai sauvé le monde, mais finalement l'essentiel n'est pas là !
P4G est un J-RPG assez hybride dans sa conception, car autant porté sur l'aventure que vous allez vivre que sur votre capacité à mener une vie "normale" mais finalement très remplie d'étudiant au lycée du coin. Bien entendu, les deux pans du jeu seront indissociables, et la réussite de votre aventure sera grandement favorisée par votre capacité à former des liens d'amitié solide avec les personnages de votre entourage.
Ainsi, vous êtes le héros (c'est marqué dans le générique d'ouverture), arrivant de la grande ville pour une année scolaire entière. Vous êtes accueilli par votre oncle et votre nièce dans la petite maison familiale et démarrez votre scolarité. Mais le quotidien sera de courte durée, puisque vous allez rapidement vous trouver happer par une étrange affaire de rumeur selon laquelle des images peuvent être vues dans les TV à minuit les jours de pluie, puis par des meurtres sordides. Je n'en dis pas beaucoup plus sur l'histoire, si ce n'est qu'elle mêle avec une certaine habileté un volet policier au sens classique du terme, et un volet mystique voire ésotérique.
D'ailleurs, au final, l'histoire centrale du jeu, bien qu'agréable pour peu que vous parveniez à atteindre les True et Golden Ending, n'est finalement pas l'élément central du jeu. C'est, en y repensant, assez bizarre d'ailleurs, car l'histoire principale se suit bien, dispose de nombreux twist permettant de changer complètement de perspective entre le début du jeu et la fin, mais n'est finalement qu'un prétexte, un "brouillard" cachant ce qui est réellement au cœur de ce titre : la relation entre les différents personnages.
Car, au final, dans P4G, il est avant tout question de vivre sa vie, de vivre une aventure commune et partagée avec de nombreux personnages qui vont constituer votre entourage, qui se battront bien entendu à vos côté, mais qui resteront bien plus dans vos mémoires pour les grandes tranches de vie que vous allez partagé. En cela, P4G - comme indiqué dans mon titre - me rappelle véritablement une série comme Friends. Les personnages et les situations sont attachants, on avance en prenant plaisir à découvrir toujours plus de choses sur les motivations, les envies et les craintes de nos amis, à approfondir à force de sorties les fameux "Social Links" qui serviront à booster les statistiques de vos Personas, sorte d'incarnations spirituelles qui vous permettront de combattre et de lancer des attaques et sorts de plus en plus puissants.
Un facteur particulièrement important dans le titre est le temps. Le jeu est ainsi découpé en journée durant lesquelles vous pourrez effectuer un nombre limité d'action, comme travailler, améliorer certains de vos attributs, sortir avec vos amis (pour renforcer les Social Links) ou encore explorer un donjon. Le système est plutôt bien fichu mais pour ceux d'entre vous qui l’analyseront bien présentera au bout d'un temps le défaut de ses qualités, à savoir qu'il s'agit d'un montage très systématique. C'est pas très clair en le disant comme ça, mais je vais tenter de m'expliquer.
Dans P4G, les facteurs les plus importants sont de pouvoir explorer et finir les donjons dans le temps qui vous sera imparti, et également de pouvoir approfondir au maximum vos Social Links et, dans une moindre mesure, vos attributs. Et finalement, sans trop dévoiler le fonctionnement du jeu, si vous voulez maximiser vos chances, vous n'aurez pas énormément de façons de parvenir à vos fins. Dit un peu froidement, P4G devient alors une espèce d'équation dont il n'y a qu'une seule réponse et qu'il convient uniquement de mettre en oeuvre. Et c'est un peu dommage, car cet aspect tranche fondamentalement avec la chaleur qui se dégage des situations et des relations entre les personnages.
Côté technique, on n'oubliera pas que cet épisode Vita est un portage adapté du jeu initialement sorti sur PS2, et ça rend plutôt pas mal sur le bel écran de notre console portable. Je souhaite vraiment porter une mention spéciale à l'OST du jeu, que j'ai trouvé particulièrement inspirée et bien écrite, aux influences un peu "funkisantes" et que vous saurez apprécié, j'en suis sur, pour peu que vous ne soyez pas insensibles à la culture J-Pop très présente.
Bien entendu, le bilan n'est pas non plus parfait. On regrettera notamment certains passages un peu mous en terme de rythme narratif, ou encore le fait que le jeu mette assez peu en avant certains aspects sociaux, comme le (légendaire) choix de votre girlfriend qui n'aura qu'un impact très limité sur le jeu.
C'est finalement lorsqu'arrive le générique de fin qu'on se rend compte de l'influence qu'aura eu ce jeu. A l'écoute de la musique de fin, on se remémore - et le générique nous y aide bien - les grands moments de cette aventure, les personnages, parfois un peu idiots, parfois un peu stéréotypés, mais définitivement attachants qui nous auront accompagnés, les situations, pas toujours d'une grande originalité, et définitivement "japonaises", mais très souvent drôles ou baroques. La morale de fin est un peu convenu et grandiloquente, mais P4G est un jeu qui fait du bien ! Long, truffé de contenu, consistant, amusant, mais faisant surtout appel de façon naïve mais pertinente à des valeurs convenues mais très positives.
L'amitié, le passage à l'âge adulte, les conneries de jeunesse, le libre-arbitre ... On peut sans doute reprocher à P4G de donner un peu dans la guimauve, mais il le fait très bien.
Au final, j'ai passé 4 très bon mois !
NB : après la rédaction de cette critique, j'hésite toujours entre 8/10 qui est mon choix de note objectif et 9/10 qui sera la note de coeur après l'avoir fini hier soir. Je pars sur 8/10 mais je me raviserai peut-être un jour ...
Edit du 1er Décembre 2014
+1
Trop de souvenirs, trop de sentiments, trop de temps passé dessus, sans doute mon coup de coeur de l'année 2014. Je choisis la note du coeur ...