Persona 5
8.5
Persona 5

Jeu de Atlus et Deep Silver (2016PlayStation 4)

Si on a l’habitude de penser à Pokémon pour ce qui est de la collection de monstres dans le monde du J-RPG, c’est parce qu’on a tendance à oublier la série des Shin Megami Tensei, et ses innombrables spin-off qui nous ont permis de recruter un bon paquet de démons au fil des années. Et au milieu de la licence, une série bien précise domine au niveau de la popularité, Persona, au cas où vous n’aviez pas encore compris. Les bases sont plus ou moins les mêmes, des histoires de Dieux, une armée de démons à portée de main, des dilemmes moraux, et du dungeon crawling. Sauf qu’en plus de tout ça, la série des Persona vous met dans la peau d’un lycéen qui doit gérer ses potes, sa scolarité, ses petits boulots, et même sa vie amoureuse, le tout dans un Japon ultra stylisé mais peut être pas si idéalisé que ça.



Shin Megami Tension



Après une intro survoltée qui vous fait profiter d’une sacrée ambiance dès les premières minutes, vous vous retrouvez rapidement au début de l’année scolaire au Japon grâce au pouvoir miraculeux des flashbacks. Vous jouez un adolescent qui, victime d’une embrouille avec la mauvaise personne, se retrouve renvoyé de son école avec un casier judiciaire à 16 ans, et qui du coup doit vivre une année chez un ami de la famille qui accepte de l’héberger afin de lui permettre d’échapper à la prison si son comportement reste exemplaire. Concrètement, allez en cours et ne haussez pas trop la voix. Sauf que le destin n’a pas prévu de vous arranger la tâche, et vous vous retrouvez à pouvoir pénétrer l’inconscient d’adultes tordus et vils, plus précisément leur “palace”, dont l’apparence change selon la perception de la personne concernée. Ce prof un peu trop imbu de lui même se retrouvera donc roi d’un château où les élèves sont à ses pieds, et où les adolescentes servent à tous ses fantasmes. Bref, vous allez devoir remettre ses personnes peu recommandables à leur place en volant le trésor de leur palace, ce qui les bouleversera assez pour les pousser à se confesser dans la vraie vie.


Par chance, vous tomberez sur d’autres ados à la vie dure, munis des mêmes capacités que vous, et sur un chat qui semble savoir plus de choses que vous sur ce monde étrange qu’est la cognition de l’Homme. Un constat simple finit par apparaître : Les adultes sont pourris et il faut faire quelque chose pour les empêcher de faire ce qu’ils veulent sur le dos des autres, et pour ça, vous allez fonder le groupe des “Phantom Thieves of Heart”, dont la popularité va être influencée par vos actions. Justiciers ou terroristes ? Pour le coup, c’est au public de décider. Japon oblige, les problèmes présentés pourront sembler étrange aux yeux de certains, mais l’histoire avance sur fond d’enquête et de problèmes de la vie de tous les jours, de sorte que tout le monde puisse s’y retrouvera un minimum. Mais avant tout, qu’est-ce que vous faites là avec ces pouvoirs ? C’est quoi ce chat ? Tant de questions auxquelles il faut apporter une réponse, et tout est prévu pour que ce soit jouissif au possible. Et si à force de subir les flashbacks et les plot twists vous perdez le fil de l’histoire, un résumé est toujours à portée de main dans le menu principal. On vous laissera ici le plaisir de la découverte, ce serait dommage d’en savoir trop.



Persona le temps



Pour avancer dans l’histoire, vous allez devoir enquêter afin de trouver des nouvelles victimes à aller calmer. Une fois décidés sur la personne, vous aurez une deadline à respecter pour infiltrer son palace et repartir avec le butin convoité, suite à quoi tout devrait s’arranger. Le malfrat ira se confesser et finira en prison. Mais voilà, chaque journée est divisée en deux parties, la journée et le début de soirée, et chaque action fera avancer le calendrier; Libre à vous de passer votre temps dans les donjons pour massacrer du démon, mais vous allez aussi devoir entretenir vos liens avec les autres et vos stats “sociales”. Effectivement, vos relations sont aussi importantes que l’expérience gagnée au combat. Passer du temps avec un politicien vous permettra par exemple d’améliorer vos talents à la négociation, et passer du temps avec un gosse fan de jeux vidéo vous rendra plus talentueux avec une arme à feu. Les autres membres de votre groupe aussi gagnent des nouvelles capacités au fur et à mesure que vos relations s’améliorent, et c’est là que se trouve le coeur du jeu. Vous allez devoir gérer votre emploi du temps comme jamais afin de savoir si c’est le moment d’avancer dans votre infiltration du palace, d’aller au cinéma, ou d’aider la fille de vos rêves avec ses problèmes perso. Chaque personnage dont vous pouvez augmenter le “social link” possède d’ailleurs sa propre histoire, toujours assez intéressante, et l’aider vous facilitera toujours la tâche d’une façon ou d’une autre, évitez donc de jouer au loup solitaire, et allez vous faire des amis nom de dieu.
Et bien entendu, si la deadline n’est pas respectée et que vous avez mis trop de temps à voler un trésor, c’est Game Over, et la perte d’un bon paquet d’heures de jeu. Cela dit, pas d’inquiétude, le jeu vous laisse largement assez de temps, et vous aurez le temps de monter votre charme, votre courage, ou de réviser histoire d’être premier de la classe.Avoir un charme élevé permet de convaincre certains de vous faire confiance ,tandis qu’augmenter votre courage vous permet des prises de risque ou des choix plus arrogants dans les dialogues. Les activités disponibles sont plus que variées et si vous décidez de passer la journée seul, vous pourrez regarder des films au cinéma ou dans votre chambre, vous entraîner au baseball, aller pêcher, ou même jouer aux jeux vidéo. La seule chose à ne pas faire, c’est ne rien faire. Chaque activité contribue à augmenter vos stats qui serviront toutes dans l’avancée du jeu ou de vos relations, veillez donc à tout équilibrer. La carte du jeu vous propose d’explorer plusieurs quartiers, de Shibuya à Akihabara en passant par Shinjuku. Autant dire que les fans du Japon seront refaits, car même dans le style “anime” du jeu, les reproductions sont parfois plutôt fidèles. Histoire d’être bien à fond, vous avez même le choix entre la VO et la VA (quand même bien réussie) pour les voix.
Dans tous les cas, la totalité du jeu est magnifique et terriblement plaisante à l’oeil et à l’oreille. Pour ce qui est de la musique, c’est encore une fois Shoji Meguro qui est en charge de la composition. Habitué de la série Shin Megami Tensei, il s’occupe également du nouveau venu pour pas moins de 110 morceaux éparpillés dans tout le jeu. Au programme, une ambiance souvent jazzy qui devrait plaire à la grande majorité tant les thèmes du jeu sont entraînants. Et pour passer à la suite, autant vous faire profiter du thème de combat que vous allez entendre pendant un bon moment.



Formule magique



Si vous avez joué aux jeux précédents, tant mieux, vous allez pouvoir profiter de la montagne d’améliorations qu’a subi Persona 5. C’est un grand mot, mais je m’y risque, on peut dire que le jeu s’approche de la perfection tant tout ce qu’il entreprend est réussi. Au niveau du gameplay, on a un tour par tour nerveux pendant les combats, avec des possibilités nombreuses mais toutes accessibles. Si vous n’êtes pas un as de la gestion du tour par tour, vous pouvez simplement donner des ordres vastes et l’IA se contentera de les appliquer selon la situation dans laquelle vous vous trouvez. Une fois que vous aurez testé vos différentes attaques sur les démons adverses, vous pourrez gagner un tour à chaque fois que vous exploiterez leur faiblesse. Une fois tout le monde à terre suite à une attaque critique, vous aurez le choix de négocier avec eux, ou de foncer dans le tas pour infliger de gros dégâts. Pour le coup, c’est la première option qu’on va approfondir. Négocier avec les démons est une mécanique clé de l’univers Shin Megami Tensei, et elle permet 3 choses différentes. Avec vos talents de négociateurs, vous pourrez demander de l’argent, un objet, ou la coopération du démon concerné.
Bien entendu, c’est la dernière possibilité qui est la plus intéressante, étant donné que tels des Pokémon aux allures un peu plus folkloriques, ils composeront votre équipe et monteront de niveau en les faisant combattre. Vous pourrez également les fusionner afin de créer des monstres toujours plus impressionnants. Et niveau design, c’est toujours ce qui se fait de mieux. Le bestiaire de la série se base sur les mythes du monde entier, de la religion à l’Iliade en passant par des personnages historiques. Au programme, ce sont plus de 200 démons qui pourront rejoindre votre équipe, et pas forcément tous mignons.
Pour ce qui est des donjons, les Palaces sont certainement ce qui se font de mieux dans le monde des J-RPG. Pas répétitifs, beaux, et plaisant à explorer. Remplis de passages secrets et d’énigmes assez inventives, ceux-ci révolutionnent réellement les habitudes de la série. Là où les donjons sont souvent une plaie, les donjons de Persona 5 sont parfaitement construits, et la thématique du voleur est toujours mise en avant étant donné que vous pourrez vous cacher partout pour embusquer vos ennemis. En dehors des Palaces, le “Mementos” vous permettra de faire du dungeon crawling pur dans des étages générés aléatoirement, à la façon du Tartarus dans Persona 3.
Et bien entendu, les menus, l’interface du jeu que ce soit en combat ou non, sont un vrai plaisir eux aussi. Dynamiques, colorés, on en vient presque à se demander si le jeu n’en fait pas trop pour plaire. Les cinématiques animées elles aussi sont toujours réussies et agréables à voir. Mais tout est parfaitement dosé, le jeu n’en fait jamais trop, et c’est difficile de s’en plaindre. C’est d’ailleurs la même chose pour les combats, la difficulté est bien dosée, et une fois que vous aurez maitrisé les buffs/debuffs, vous devriez vous en sortir, tant que vous n’êtes pas victimes d’une embuscade qui résultera souvent en un game over.
Au final, on ressent également que Persona 5 cherche à se rapprocher encore une fois de la série principale, tant dans son scénario, que dans son gameplay qui reprend des codes qui avaient été oubliés dans Persona 3 ou 4 (les armes à feu, la négociation). De ce fait, les fans de toute heure devraient s’y retrouver, et à moins d’être totalement allergique au Japon ou au tour par tour, vous aurez de quoi prendre votre pied pendant plus de 80 heures avec ce dernier épisode. La mise en scène de l’histoire et même des combats est souvent époustouflante, et une fois passé le début qui semblera éprouvant à certains (environ cinq heures pour être totalement libre dans ses actions) c’est du bonheur à l’état pur, et peut être même le meilleur J-RPG de la décennie.



Conclusion



Tout est bon, c’est évident. Le jeu propose un contenu époustouflant, un gameplay au tour par tour remis au goût du jour afin d’être apprécié par le plus de personnes possibles, des personnages bien écrits, une histoire qui l’est tout autant, un bestiaire génial, et une durée de vie phénoménale sans véritable creux. Passer à côté de Persona 5 serait criminel, et la seule excuse que j’accepterai serait de ne pas comprendre l’anglais, étant donné que l’absence de localisation FR est peut être le seul véritable problème du jeu. En attendant, difficile de lui reprocher quelque chose d’autre. Que dire de plus ?


Plus :



  • Un style et des graphismes équivalents à des massages pour la rétine

  • Un bestiaire varié et toujours superbement designé

  • Un gameplay au poil et ultra dynamique

  • Ce qui se fait de mieux niveau donjons dans le J RPG

  • La vie de lycéen et les relations avec les autres


Moins :



  • Seulement disponible en anglais

  • ???

Créée

le 18 avr. 2017

Critique lue 697 fois

9 j'aime

Aurablade

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