J’ai découvert la série Persona un peu au détour d’une promotion avec l’épisode 4 Golden sur Vita. Un souvenir fort et riche. Je ne m’attendais pas à grand chose et découvrait la série, ses personnages, sa construction, ses codes et son gameplay avec un émerveillement et un plaisir qui ne s’est quasiment pas émoussé durant les 80 heures que le jeu m’avait demandé d’investir.
C’est donc avec une mise en contexte plus robuste que je me suis lancé, en janvier dernier, dans l’épisode 5.
Avant d’écrire cette critique (que je rédige sans avoir – encore – fini le jeu), je me suis posé beaucoup de question, en particulier sur ma grille de notation sur Sens Critique. Au gré de mes aventures, j’ai envisagé trois notes, pour n’en retenir finalement qu’une (et oui, banane) que vous allez découvrir un peu plus loin dans ce texte.
10/10 ?
A quels jeux mets-je 10/10 ? Comme je l’avais expliqué il y a quelques temps dans ma notice SC, pour moi le 10/10 sanctionne à la fois l’excellence, mais également les jeux qui marquent leur temps comme le joueur que je suis. Une espèce de coup de cœur. L’alliance entre l’appréciation objective et le sentiment subjectif. Une œuvre qui marque et qui restera dans l’Histoire, en tout cas dans mon histoire de joueur.
Au premier contact, j’ai véritablement été enivré par P5. Quelle maîtrise ! (C’est le terme, oui). Tout y est millimétré, calibré, optimisé. Non pas qu’il n’y ait pas de défauts à évoquer, mais ils étaient surtout les conséquences de choix de game design qui, à défaut de la perfection, me semblaient d’une logique, d’une cohérence et d’une consistance indiscutables.
A commencer par ce design général du jeu et des choix esthétiques qui gouvernent aux images qui vont défiler sous nos yeux. C’est pas vraiment que c’est beau … Enfin, si ! C’est beau ! Mais surtout c’est classe ! Mais alors : ça pour être classe, c’est classe ! « En rouge et noir », disait la chanson dans les années 80 (ou 90), mais ici, point de ringardise, mais plutôt une palette graphique à la fois sombre et éclatante, et surtout une recherche de l’esthétisme et du détail dans chaque recoin de l’affichage et des menus. Rien que pour cet aspect, P5 est à montrer dans toutes les écoles de graphisme (sans doute).
Le rythme du jeu, lui, est l’exemple typique de cette dualité « maîtrisé à défaut d’être parfait ». Classiquement, vous vous retrouverez aux commandes d’un personnage sans nom, peu loquace, mais qui va devenir au gré de l’année scolaire qui va s’écouler le chef de file d’une petite bande d’étudiants embarqués dans des aventures un chouille surnaturelles. Le déroulé du jeu est basé sur les journées durant lesquelles vous pourrez accomplir un nombre limité d’actions, permettant la plupart du temps d’avancer dans l’aventure, mais surtout d’approfondir vos liens personnels avec vos camarades ou d’engranger de l’expérience sur différents traits de votre caractère. Un système usuel à la série, très semblable à celui de P4.
Système parfaitement calibré et maîtrisé ici, mais qui bien sur ne plaira pas à tout le monde. Il y aura ceux qui y seront tout bêtement allergiques. Le défilement des jours dans P5, c’est comme dans la vraie vie : c’est quand même très répétitif quand on y pense. On tourne en rond. On fait et refait les mêmes actions. Pour le meilleur des petits plaisirs ou pour le pire de se faire bien chier. Ben P5, c’est pareil. Ca tourne. Ca ronronne parfois. Certains y seront sensibles et s’y blottiront comme certains pesteront au non-jeu. Question de point de vue. Et puis il y a ceux qui – un peu comme moi – se mettront la pression dès le début du jeu en se disant que « putain ! je vais jamais avoir le temps de tout faire ! vite putain ! sois mon ami ! sois mon ami ! merde, notre relation ne va pas évoluer ! ». On stresse, on tombe un peu dans le travers du jeu, où la mécanique prend le pas sur l’aventure et l’histoire. Puis on reprend le dessus, on rentre dans le cycle, et roulez jeunesse …
Maîtrise également côté système de combat, un élément essentiel dès qu’on parle de J-RPG. Qui a dit que le combat au tour par tour ne pouvait pas être dynamique ? Portés par le design général du jeu, les combats claquent bien à la figure et nécessite un minimum de stratégie pour s’en sortir sans encombre. Bon, j’ai bien dit un minimum car P5 n’est pas, globalement, un jeu difficile. Idem, les combats et leurs résolutions pourront paraître répétitifs, notamment au regard de l’importance donnée à la recherche des faiblesses de chaque ennemis, ce qui fait que, une fois cette faiblesse identifiée, on spam un peu les mêmes attaques pour chaque ennemi. Mais ça fonctionne, on collectionne les Persona (avec un système de capture un peu abscond, un des points les moins maîtrisés du jeu), on diversifie ses attaques, on analyse les ennemis, et on tape, en vue de lancer la All Out Attack qui déchirera tout.
Bref, tous les ingrédients y sont, les meilleurs comme les moins bons. Les habituels. Les personnages stéréotypés qui permettront d’alimenter de nouvelles listes sur les lieux communs du J-RPG (et qui sont trop calqués sur P4G dans mon ressenti), l’histoire sympa mais un peu convenue, et surtout les longueurs narratives, à base de dialogues sympa, souvent drôles, mais qui décourageront les moins portés sur la lecture.
P5, le jeu auquel on a rien à reprocher ?
9/10 ?
Puis vient la période de la raison. Persona 5, ça tourne. Persona 5, c’est classe. Persona 5, c’est maîtrisé, c’est plaisant, c’est cool. C’est tout ce qu’on veut, mais est-ce que ça marque ? La question reste en l’air.
Et j’en reviens à mon système de notation. Là où un 10/10 récompense l’Histoire, le 9/10 récompense l’excellence. C’est déjà une sacrée note. Et franchement, elle me semblait alors plus cohérente avec ce que je pensais du jeu. Un jeu maîtrisé, peut être trop. Un jeu rythmé, peut être trop. Un jeu Persona, peut être trop. Et puis finalement, je ne pouvais pas passer complètement sous silence les quelques lacunes mentionnées plus haut.
9/10 me semblait la bonne note. D’autant plus qu’en y réfléchissant, je ne me voyais pas mettre une meilleure note à cet épisode qu’au précédent, dont j’ai le sentiment qu’il me marquera plus sur le long terme.
Il n’y a pas vraiment de raison, mais c’est à ce moment que j’ai envie de vous parler de la musique de ce jeu. Inspirée, classe (elle aussi …), un peu à rebrousse poil de ce qu’on a l’habitude d’entendre dans des jeux similaires. J’ai beaucoup entendu parlé d’acid jazz, j’évoquerais plutôt un registre cool groove, avec une promotion sur le Fender Rhodes (très bel instrument, très intéressant, très belle sonorité) qui est utilisé à tous les étages.
Une réussite !.... mais moins marquante que celle de P4 (encore lui …). Après analyse intérieure, je sursois sur ce point : je me demande si mon esprit critique n’aurait pas été contaminé par le spin-off très réussi Dancing All Night que j’ai écumé après l’épisode 4.
Mais … 8/10 ?
Cotoyer la perfection tous les jours, croyez moi, ça lasse quand même son monde. Et s’agissant de P5, malgré tout le bien (et tout le mal) que j’en pense, 100 heures de jeu (en moyenne), c’est trop long. Et comme tout, quoique plus tard que la moyenne, j’en ai eu un peu marre.
Comme je l’ai écrit plus haut, j’écris cette critique sans avoir fini le jeu. J’en suis à 85-90 heures et j’ai calé. Je n’y ai plus joué depuis 4 jours, et je n’ai qu’une seule crainte : de ne plus m’y remettre.
Cette crainte, elle est quand même salutaire. Elle me fait réaliser à quel point, malgré cette perfection qui a un peu estompé son âme, je suis attaché à P5. 85h sur un jeu, c’est presque une éternité, et je veux faire aboutir l’histoire et quitter ses personnages en bons termes, avec panache. Bref, je veux finir le jeu. Mais je manque d’énergie et de motivation. Jouer à P5 m’aura également fait plus apprécier les petits jeux auxquels j’ai joué entre temps à côté.
J’allais aimer P5. Ca me semblait une évidence avant de m’y mettre. C’est toujours évident aujourd’hui. C’est un très bon jeu, excellent même, maîtrisé, beau. Quand on est brillant, on a pas besoin de forcer son talent pour avoir des super notes.
Mais comme le disait le proverbe : on apprécie les gens pour leurs qualité, on les aime pour leurs défauts. C’est surement un peu vrai pour les jeux vidéo.
9/10 !
Edit du 25 Mai 2018
Après avoir longuement et mûrement réfléchi, j'ai décidé de passer la note de Persona 5 à 8/10. La principale raison, c'est que je l'ai arrêté à 85h de jeu depuis maintenant un peu plus d'un mois ... et franchement ça me manque pas plus que ça. Et ça c'est assez terrible pour un jeu que j'ai noté 9/10.
Quand je repense à mes arrêts sur FFXII (que j'ai fini depuis) ou encore de The Witcher 3, ça m'avait laissé un goût d'inachevé. Là, pas trop ...
Définitivement, le plus gros défaut de Persona 5 est d'être trop long.
Et ce défaut est associé à la structure narrative du jeu. Une fois qu'on a atteint le point du flash back du début du jeu, j'ai complètement perdu l'intérêt pour l'histoire qui reste bien raconté, mais finalement un peu classique. Je n'ai même pas eu l'envie de mater la fin sur YT ...
Ce paragraphe complémentaire apporte une touche un peu négative sur ce jeu. Mais il n'enlève rien aux très nombreuses qualités que j'ai mentionnées plus haut. Jusqu'à mon stop, P5 aura été l'un des jeux qui m'aura le plus motivé !