Phantasy Star II
7.5
Phantasy Star II

Jeu de Sega (1989Mega Drive)

Space-Opera passionnant, en avance sur son époque

Je vais vous parler d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Un temps où le RPG n'était pas un genre majeur de l'industrie. Un temps où la Megadrive venait juste d'arriver au Japon. On a tendance à la négliger par rapport à la SNES, mais la 16 bit de Sega se défendait aussi dans le domaine du RPG. Certes, ils étaient moins nombreux que sur la concurrente, mais la majorité des jeux du genre étaient de qualité. Phantasy Star 2 fait partie de cette catégorie.
Sorti en 1989, soit deux ans après le premier de la saga qui était sur Master System, il est également apparu en occident. Retour sur un joyau oublié qu'on ferait bien de redécouvrir.

Le système d'Algo est composé de trois planètes : Palma, Dezolys, la plus lointaine et recouverte de glace, et Motavia ( souvent abrégé en Mota). Près de 1000 ans se sont écoulés depuis les événements du premier volet, lorsque Alys a défait le système de l'empereur Lassic.
Motavia était hostile à la colonisation, les hommes ont utilisé des moyens artificiels pour la rendre prospère et habitable,malgré les monstres présents. Les cultures poussent sous des dômes et il y a des villes.
Le système est contrôlé par Mother Brain, un super-ordinateur qui gère toutes les fonctions des trois planètes : climat, vitesse de développement et la nature et des civilisations. On dit que cette entité se cache dans un satellite dont la position est restée secrète jusqu'à présent. Bref, les habitants n'avaient à se soucier de quasiment rien concernant l'environnement.
Mais voilà : l'ordinateur pète lentement, mais surement les plombs et plusieurs barrettes de RAM. Résultat, il y a des dérèglements climatiques, les monstres deviennent plus agressifs, rendant les voyages de ville à ville dangereux, et donc il y a le danger, à terme , que la planète devienne de nouveau invivable, étant donné que le tout n'est qu'un paradis artificiellement créé.


Vous, vous incarnez Rolf, ( on peut modifier son nom, c'est le nom donné par défaut du jeu), un agent de Mota, qui fait des cauchemars récurrents. Il vit en compagnie d'une jeune femme, Nei, qui est une « Numan », c'est à dire conçue artificiellement. Il fait des missions pour le compte de la ville de Paseo, la capitale de la planète. Et lorsque l'aventure commence, devinez quoi, son supérieur lui assigne la mission d'enquêter sur les dérèglements de Mother Brain, avec en premier lieu de se rendre au Climatrol, là où les machines régulent le climat, pour le bien de tous.
Ce qu'il en sait pas encore, c'est que cette mission, loin d'être anodine, l'emmènera plus loin qu'il ne le pense.

Le schéma du déroulement du jeu est assez classique et obéit à la règle ville/carte du monde/donjon. Mais difficile de vouloir reprocher ça au jeu.

Phantasy Star II était particulier, notamment lors du recrutement des personnages. En effet, dès que vous atteigniez une ville pour la première fois, vous aviez un perso supplémentaire, la réputation de Rolf le précédait,on dirait... Mais pour le trouver, vous deviez retourner à votre logement sur Paseo. Ce sera également le cas si vous souhaitez modifier votre équipe.
Mais je ne vous ai pas présenté vos compagnons de route,ou plutôt, le casting du jeu :

Rolf Landale :
C'est vous. Le héros du jeu. Agé de 21 ans, il effectue, en tant qu'agent des missions pour veiller au bon développement de Motavia. L'histoire est vue à travers ses yeux. C'est un garçon généreux et qui se bat à l'aide d'une épée.C'est un combattant équilibré qui peut apprendre des sorts de magie noire et blanche très puissants.

Nei : Une « Numan » d'un an. Conçue artificiellement, elle dispose dune croissance accélérée, et ce même en combat. Elle apprend la magie de soin rapidement. Pour vous faciliter la tâche en début de jeu, n'éhsitezpas à l'équiper des barres de fer, ses armes de prédilection, pour qu'elle puisse combattre. Elle fait très mal, surtout au début du jeu, avec la possibilité de porter deux coups en un seul tour aux ennemis. Nei a un rôle prépondérant dans l'aventure et en dire plus serait spoiler le scénario.

Rudolf Steiner ( Rudo):
Le perso le plus fort du groupe. C'est un chasseur de 35 ans. Se bat avec des armes à feu et dispose d'une puissance et d'un nombre de HP supérieurs à la moyenne. En contrepartie, il en peut pas apprendre la magie. C'est bien simpel, les MP du perso resteront à zéro pendant tout le jeu. Mais au début, il est indispensable.

Amy Sage :
Âgée de 23 ans, Amy est l'inverse de Rudo : assez peu de points de vie et une résistance moindre , mais dispose de beaucoup de MP, ce qui lui permet d'apprendre les sorts de soins les plus puissants.
Elle peut se battre avec des bâtons, des couteaux, ou des armes à feu, mais mieux vaut la cantonner au rôle de guérisseuse, surtout si vous décidez de faire de Nei une attaquante.

Hugh Thomson
Il a 20 ans, et il est biologiste. Ce qui veut dire qu'il dispose en combat de sorts puissants contre les monstres vivants... et qu'il est efficace que lors de la première moitié du jeu... En effet ses sorts servent moins contre les robots...

Anna Zirski
Cette femme d'âge inconnu est l'équivalent de Rudo avec des attributs féminins : elle est forte et dispose d'une bonne constitution, mais la magie n'est pas son fort.

Josh Kain
Lui, c'est l'inverse de Hugh, c'est à dire un combattant moyen, mais qui deviendra très utile après la moitié du jeu. En effet, il dispose de sorts très efficaces contre les robots. Il a 21 ans.

Shir Gold
La voleuse du groupe. De faible constitution, bien entendu mais est le perso disposant de la plus grande rapidité. Si vous entrez dans les magasins avec elle, elle dérobera des objets aux commerçants qui dépend de son niveau : plus il est élevé, plus l'objet sera efficace. Mieux, si vous entrez avec elle dans le centre de Paseo elle pourra vous ramener un objet vous permettant de sauvegarder où vous voulez!

Ce qu'il faut dire de ce casting, c'est que, si le background de la plupart d'entre eux n'est pas très développé, c'est qu'il y a autant d'hommes que de femmes. Et que pour une fois, ce ne sont pas des surhommes qui sont blindés et prêts à sauver le monde, non, là, chacun a une compétence et c'est au joueur de savoir qui utiliser et à quel moment pour passer certains passages. Il est dommage de devoir repasser par l'appartement de Rolf pour changer l'équipe, cela hache un peu la progression. Mais comment en vouloir à un jeu sorti deux ans après le premier Final Fantasy ? De plus les villes disposent de téléporteurs qui permettent de se rendre dans un autre ville moyennant une petite somme de meseta ( la monnaie du jeu), à condition d'y être passé.
Ceci dit, les environnements sont vastes et on peut vite se sentir perdu. Il est vrai que parfois, on a l'impression d'avancer sans trop savoir où aller. Heureusement les programmeurs ont pensé à tout et en réalité, vous ne pouvez pas aller où bon vous semble dès le début, il faut avoir rempli certaines conditions pour pouvoir passer certains points. Donc, les bornes sont tout de même posées. Cela n'empêche pas quelques passages où le joueur à la liberté de faire les choses dans l'ordre qu'il veut, comme les barrages de Mota ( quatre, d'une difficulté croissante), ou les temples sur Dezolys.
Mais il est vrai que la construction des cartes a fait preuve d'une certaine ingéniosité, ajoutez cela à la fréquence des combats et à la difficulté relevée, le jeu n'a donc rien d'évident.
C'est d'autant plus vrai lorsque l'on rentre dans un donjon : ce sont de véritables labyrinthes. Certes, la vue en 3D subjective a été abandonnée, au profit d'une vue de dessus plus conventionnelle. Mais c'était sans compter les murs des pièces et les téléporteurs qui ne vous mèneront jamais là où vous voudriez aller. Sans compter les attaques des ennemis, aléatoires, bien entendu.
Alors on pardonnera le fait que les boss soient peu nombreux et pour la plupart, situés à la fin...

Le système de combat de PS II peut sembler aujourd'hui basique, mais pour l'époque, c'était plutôt bien trouvé. Les combats sont annoncés par un écran blanc permettant une transition en douceur. On voit les combattants de dos, faisant face aux monstres ( les combats contre une seul monstre sont rares dans ce jeu), sur une grille futuriste à la Tron. Oui, oubliez ici toute notion de décor de fond pendant ces phases...
Vous avez le choix entre deux options : FGHT ( Fight) ou STGY. Le premier choix fera attaquer vos combattant à l'arme. Le second permet d'aller dans un menu en forme d'icônes, et permet de choisir entre la défense symbolisée par un bouclier, la magie noire ou la magie blanche, utiliser un objet, et même de fuir.
Pour les magies, vous aurez intérêt à mémoriser leurs noms parce que ce n'est pas Fire ou Bolt que vous verrez, mais plutôt Foi et Zan par exemple. Sans compter leurs versions évoluées...
La fuite est possible mais ne sera accordée qu'à certaines conditions : les adversaires doivent être d'un niveau supérieur au vôtre, vous devez avoir un mort ou plus dans votre équipe, ou très peu de HP restants.
Le fait que le jeu soit difficile n'est pas tant dû à l'agressivité des monstres que vous rencontrerez, mais surtout à la montée en niveau, qui est lente. En effet, les points accordés à la fin de chaque combat seront peu nombreux au vu de ce qu'il vous faudra pour évoluer. Les séances de level-up autour d'une ville, seuls havres de paix du jeu, seront obligatoires, si vous ne voulez pas vous retrouver à galérer dans un stade plus avancé du jeu.

Les graphismes sont loin d'exploiter toutes les capacités de la Megadrive. Ils sont cependant colorés et leur simplicité prouve qu'on a pas besoin de faire forcément clinquant pour plaire. Bon OK, il n'y a pas de décors de fond pendant les combats et l'écran qui clignote ne rouge lorsqu'on est touché, ça trahit son époque de sortie. On appréciera les jolis artworks illustrant les scènes, le système sera repris et amélioré quelques années plus tard, tout comme les effets dans les donjons. Les personnages, typés manga, ont également leur charme, et les sprites des monstres sont plutôt de bonne taille, et on regrettera à ce propos que Sega ait utilisé le « color swap » pour montrer que les monstres sont plus puissants... Mais peut-on leur en vouloir, sachant que ce jeu date de 1989, et qu'il sera repris encore 5 ans après dans d'autres jeux ?

Le jeu faisait partie de ceux pour lesquels l'animation n'était pas notée. Et pour cause, il est vrai qu'elle est très minimaliste . Heureusement, ce n'est pas un point fondamental du jeu.

Les musiques sont excellentes : bien faites, rythmées elles sont bien dans l'ambiance du jeu et les mélodies ne se répètent pas trop. Le thème des combats est excellent, celui de la victoire aussi... Le jeu propose une bande son variée, il n'y a évidemment pas de voix, et les bruitages nous rappellent que nous étions en 1989, tellement ils se rapprochent d'une console inférieure...

La jouabilité est bonne, et on se dirige bien en ville et sur la carte. La manette est bien optimisée, et on peut mettre le jeu en pause. Dommage toutefois que les fenêtres des menus se superposent et qu'il n'y ait aucun dessin ou symbole pour distinguer les objets...Une fois de plus je pense que c'est l'époque qui a fait que c'est ainsi...

La durée de vie est immense pour un jeu du genre : non seulement il est difficile, mais en plus, il est long; 60 heures au moins seront nécessaires pour en venir à bout. Pour tout vous dire, il était vendu avec un « hintbook » pour éviter que les joueurs galèrent trop. La sauvegarde, gratuite, est toutefois assez contraignante avec le nom à taper à chaque fois.

Côté scénario, c'est un jeu qui vous surprendra plus d'une fois. Vous croyiez que Final Fantasy VII avait inventé la mort d'un personnage important à un moment clé du jeu ? Que nenni... Huit ans auparavant Sega avait déjà fait le coup! Mais le voyage sur trois planètes vaut le coup d'être fait, d'autant que la plupart des personnages sont très attachants. L'histoire est racontée du point de vue de Rolf, en tant que narrateur des évènements passés. Il est une merveille de construction, de narration et l'anglais ne devrait pas vous poser de problèmes, même si on a parfois du mal à distinguer qui parle... Cela n'empêche pas le jeu d'être en avance sur son temps, avec une magnifique histoire de science-fiction passionnante du début à la fin.


Phantasy Star II est une des premières merveilles de la Megadrive en terme de RPG et reste l'un des meilleurs du support. Certes, il est loin d'utiliser toutes les ressources de la console, notamment sur le plan graphique mais il reste lisible. Doté d'une énorme durée de vie, il ne s'ouvrira vraiment qu'à ceux qui sauront surmonter la difficulté du titre. Je rejoue régulièrement à ce jeu, signe qu'il est devenu intemporel à mes yeux, et que même un vieux space opera doté d'un scénario solide et bien fait en avance sur son époque vaut mieux que certains jeux faits de couloirs pendant des heures... Bref, une perle qui dort, témoin d'une époque mais qui mérite qu'on s'y attarde de nouveau.
Maintenant avec les différentes compilations que Sega a sorties sur les consoles actuelles, cela ne devrait pas être trop difficile, je pense.
Julius
9
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes RPG, rétro gaming, Passe la manette!, Ces jeux trop méconnus... et Y'a pas que Final Fantasy dans la vie !

Créée

le 24 sept. 2011

Critique lue 3K fois

6 j'aime

2 commentaires

Julius

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