Ace Attorney. Dans le domaine des inventions loufoques japonaises plus ou moins récentes la série de "simulation de juriste incompétent qui s'en sort à la dernière minute par un artifice scénaristique improvisé de justesse" reste classé assez haut dans les annales de l'improbable. L'on ne s'attendrait pas à ce qu'une série de visual novels basée sur un gameplay procédurier - et non pas procédural - et une série de tics narratifs stylistiques puisse se targuer d'une telle longévité. Surtout en occident. Et pourtant... Capcom peut compter depuis 2001 sur un public d'aficionados avides d'intrigues à dévorer dans le Shinkansen pour rentabiliser les modiques dépenses nécessaires à assurer le développement de la série.


Une exploration loufoque du système judiciaire nippon. Telle est la promesse de la série Gyakuten Saiban. Oh, l'on peut tenter de vous rajouter des hamburgers de temps à autres tout en parlant d'un air détaché des noms américains dont ces personnages japonais sont affublés : mais cela ne suffit pas à duper un public de Gaijins bien décidés à se perdre dans l'étrange dépaysement que ces Aventures dont vous n'êtes pas le héros procurent. Par bien des aspects c'est l'une des expériences de roleplay les plus complètes actuellement disponibles dans le domaine vidéoludique. L'ensemble est certes dirigiste à l'extrême mais à une époque où l'on se perd dans les embranchements de choix soi-disant profonds débouchant sur des séries de fins similaires; est-ce une mauvaise chose?


Dire que la série à vécu ses meilleurs jours me semblerait être un pléonasme. Sous-entendre que les fans ici réunis font semblant de ne pas le remarquer, par contre, serait du domaine de l'évidence. Ayant joué à l'intégralité de la série - hey, salut, je suis un fameux critique vidéoludique venu de Belgique - j'aurais tendance à penser que tout ceci est bien moins écrit depuis le départ de Shu Takumi. Ce nouveau gars dont le nom m'échappe n'est tout simplement pas aussi bon. Pas que ce soit une insulte, hein, mais vu que la série est intégralement bâtie autour d'une série de gags référentiels consolidés par l'état d'esprit de personnages avec lesquels l'on a passé plus d'une décennie... que reste-t-il? Ace Attorney, aujourd'hui, me fait penser à ces sitcoms qui en sont à leur septième saison. Certains rôles sont remplis par des fac-similés. D'autres sont approximés. Mais le tout tient encore vaguement debout. Plus sur les habitudes d'un public indulgent qu'autre chose, d'ailleurs. M'enfin, autant profiter tant que c'est encore possible de la petite série qui semble défier la loi des retours diminutifs.

MaSQuEdePuSTA
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le 13 sept. 2016

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