Bleu et Rouge rient jaune.
Séquence nostalgie. Faisons taire une contre-vérité : Pokémon n'est pas un jeu pour les enfants. Enfin... Pas tout à fait. Riche et long, doté de mécaniques de jeu plus complexes qu'elles en ont l'air, la première fournée est un véritable challenge. Citons par exemple ces « donjons » qui prennent la forme de labyrinthes, que ce soient des grattes-ciel ou des grottes à l'architecture machiavélique. Pas aussi simple qu'il en a l'air, Pokémon jaune (comme le rouge ou le bleu dont il est à 99% pompé) brille par son système de combat, aussi intuitif et simpliste pour le gosse que complet pour le joueur plus âgé qui cherche constamment à optimiser ses chances de victoire. Tous les mécanismes du RPG sont présents sous d'autres formes. Ainsi, les sorts et les attaques ne font plus qu'un par exemple. Qu'il s'agisse d'endormir, de paralyser, d'empoisonner ou encore de rendre fou, l'objectif est toujours d'influencer à son avantage le cours du combat en handicapant le pokémon adverse pour favoriser les dégâts physiques qui lui sont infligés. Eux-mêmes divisés en deux catégories : attaques spéciales et attaques implicitement « simples », ces attaques dépendent largement de la nature du Pokémon sélectionné. Répartis selon différents éléments « naturels » habituellement en possession du mage, ils brillent par leur nombre et la hiérarchie qui règne entre eux. Eau, feu, terre, électricité, air, végétaux, glace, si bien que chaque élément possède ses forces et ses faiblesses selon celui qui lui est opposé.
Mais Pokémon Jaune n'est pas tout rose : car il faut avouer que si à l'époque la répétitivité des combats pouvait passer, aujourd'hui ça fait sacrément mal : à la patience, et au pouce... Leur fréquence est même parfois carrément abusée : il arrive qu'on ne puisse pas faire quatre pas sans qu'un type de pokémon, déjà croisé maintes fois dans les parages nous retombe sur le coin du nez. L'inventaire, et plus globalement l'interface des menus, s'avère rudimentaire, et donne la désagréable impression de ne pas avoir été pensée pour faciliter la vie au joueur. Comme le veut le jeu 8-bits en général, l'aller-retour entre les menus est lent et fastidieux... Et Pokémon n'échappe pas à la règle, loin de là même. De plus, si Pikachu fait essentiellement office de potiche, ou de tamagotchi pour être gentil, et que sa seule présence à nos côtés ne justifiait pas l'achat de cette version à l'époque, il contribue à mon humble avis à rendre cette version ultime.
Et puis, la durée de vie est suffisamment abyssale pour qu'on affirme une fois de plus que le jeu mérite amplement son statut de RPG. Il s'avère même quasiment interminable pour peu qu'on souhaite acquérir tous les pokémon ou tout simplement faire monter chaque monstre de son équipe au niveau 100. Côté esthétique, le graphisme et le design minimal sont toujours aussi mignons, malgré des sprites parfois grossiers. L'aire de jeu, quant à elle, s'avère vaste et de libre circulation. Ce dernier élément de pur RPG met en exergue le plaisir que l'on peut éprouver à se rendre où on veut quand on veut dans ce monde à ciel ouvert. Et pour être parfaitement honnête, il faut admettre que le système d'échange d'objets et de monstres de poche, omniprésent, a largement contribué au succès du jeu, en forçant le bouche à oreille par la stimulation de la collectionnite du joueur. Pour ne pas s'aventurer plus loin, la première génération de Pokémon est comme chacun le sait un indispensable de la Gameboy.