Catharsis ou Catastrophe ?
Le FPS controversé Postal² a fait beaucoup parler de lui sur le net, c'est indéniable. Interdit en vente dans plusieurs pays dont le nôtre, il nous plongeait dans une ville de campagne américaine où absolument tout était satirisé avec un mauvais goût extrême. On incarnait le plus grand psychopathe du monde, et massacrait des personnes innocentes de manières cruelles et délirantes. C'était un peu le gros trip qu'on se tapait avec des potes pendant l'adolescence.
Postal III, malgré ses apparences de vapor-ware, a fini par sortir. Et ce n'est pas très beau à voir...
C'est vraiment le cas de le dire, car techniquement le jeu est complètement à la ramasse. Le jeu utilise Source, mais impossible de reconnaître le moteur de Portal 2. L'éclairage est dégueulasse voire inexistant, la modélisation caricaturée des personnages fait pitié et à quelques exceptions près, les décors sont encore plus vides et laids que dans Postal² pourtant sorti en... 2003.
Alors bien sûr, personne va acheter un Postal pour ses graphismes, donc passons plutôt au cœur du gameplay. Le jeu abandonne la vue à la première personne et nous propose plutôt un TPS. Pourquoi pas, après tout, le premier Postal était en vue isométrique. Sauf que...
Cette caméra TPS est vraiment mal pensée. Le déplacement est rigide, le système de cover est mal foutu, on ne peut même pas sauter, et surtout la visée est imprécise. Les armes à feu paraissent complètement molles, alors que les armes de corps à corps deviennent quasiment inutilisables tellement on essaye d'attaquer dans le flou sans savoir si on va vraiment toucher les cibles.
Verser de l'essence, pisser sur les gens, fracasser des crânes à coup de pelles... toutes ces actions cultes de Postal² deviennent des véritables défis agaçants à réaliser. On se contente alors d'utiliser les quelques armes à feu en oubliant les armes plus délirantes. Il y a des nouvelles armes, comme le pointeur laser pour ordonner son chien d'attaquer les gens, mais elle est franchement inutile à cause de son IA de cloporte (comme tous les ennemis aussi remarque).
Un des plus grands charmes de Postal² était la ville ouverte, où on pouvait se balader librement pour réaliser des quêtes et/ou massacrer des gens. Postal III refait la même erreur qu'Apocalypse Week-end et nous propose une suite de niveaux linéaires et minuscules, avec des objectifs rarement plus passionnants que "tuer 10 mecs", "appuyer sur 20 boutons"... Le level design n'est vraiment pas inspiré, parfois on n'a même droit à des arènes ridicules.
Et pour enterrer tout ça, le jeu est truffé de bugs. Mais pas des petits bugs amusants comme dans le 2, non, des bugs qui t'empêchent de finir les niveaux : des ennemis qu'il faut tuer qui n'apparaissent pas ou qui disparaissent dans l'envers du décor, le perso qui ne peut plus bouger, ou au contraire qui continue à avancer vers une direction alors qu'on ne touche à rien, la cinématique qui n'arrive pas alors qu'on a accomplis tous les objectifs, des retours windows... Je veux bien admettre que Running with Scissors est un petit studio, mais merde quoi, c'est quand même scandaleux de vendre un produit dans cet état-là.
C'est dommage car le jeu est toujours aussi drôle, mélangeant habilement humour noir, humour con-con et auto-parodie. Mais Postal III est un jeu vidéo, non un sketch, et faire sourire de temps en temps ne suffit pas pour le sauver de son naufrage technique et de son gameplay hyper bancale. J'avais aimé Postal², mais là, je me fais littéralement chier. Rendez-moi Paradise City.