Quand tu commences à traîner sur Sens Critique et que tu vois qu'un FPS français arrive à percer dans le hype-game tu commences à avoir de hautes attentes sur le fait de passer un bon moment. Je n'ai pas voulu lire de critiques pour ne pas trop m’influencer non plus, mais le constat est là : Tout ça sentait quand même bon mon cochon.
A la fin de Prey, j'ai du avoir pas mal de recul pour donner une note et écrire quelque chose à ce sujet. Est-ce que je viens de jouer à un bon jeu ? Assurément. Est-ce que j'y ai pris un pied total ? Hm...
Prey est clairement l'enfant bâtard issue d'un accident lors d'une soirée échangiste chez Bioshock, avec Deus Ex, Dead Space, Alien Isolation et Half Life en invités. On ne sait pas trop qui a trempé dans quoi mais une chose est sur, Prey s'inspire d'une bonne fouille de jeux mythiques sans pour autant les copier.
Le gameplay est lent - mais pas trop - l'infiltration présente - mais le bourrinage aussi - qui laisse vraiment le joueur explorer la station Talos 1 et qui laisse une très très grande liberté à ce dernier.
C'est bien simple, Prey se fini en 7h, comme il peut se finir en 50. Le level design très vertical de ce jeu relève presque du génie. En quelques heures, on peut à peu près savoir ou on est dans la station, savoir ou mène chaque porte et ou est chaque salle. En même temps, le jeu demandant beaucoup de fouilles et d'aller retour, vous aurez le temps d'apprendre par cœur la carte de la station.
Le gameplay est aussi très bon, les armes ont le feeling qu'il faut à la vue de leur puissance, et il n'y a pas vraiment d'armes "coup au cul" comme un BFG 9000 qui traînerait ici et là et qui rendrait caduc toutes les autres armes du jeu. Dans Prey, on se sert d'à peu près tout du début à la fin, les munitions étant rares et chaque armes servant à sa propre situation.
Mais le plus ouf dans Prey, c'est dans la liberté d'action, de choix, de faire ou ne pas faire ce qu'on nous dit, de pouvoir hacker chaque codes même ceux de la quête principale, en mode "j'm'en bats les couilles de ton avis frère moi je passe", le jeu est immense, IMMENSE. Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un jeu avec une exploration aussi poussée, et je veux dire par là qu'il faut pas traverser des zones de vide pendant 50mn avant de tomber sur un coffre à la con, non là c'est vraiment de l'explo, y a des conduits partout, des salles secrètes partout, des codes à retenir, des verrous à faire sauter, la station est gigantesque et à la fois minuscule. On sait toujours ou on est, tout est accessible en peu de temps grâce aux divers moyen d'entrée/sortie de la station, sur ce point, le jeu frise la perfection.
Non là ou j'ai du rater quelque chose, c'est dans les combats. Prey a le cul coincé un peu entre deux chaises, ou on nous force à nous battre, mais pourtant on nous indique clairement que c'est pas la bonne solution. Au début de l'aventure, on passe du bon temps, on y va mollo, on apprécie l'infiltration ou de se faufiler derrière l'ennemi pour lui donner un bon coup de pompe entre la 4eme et la 5eme vertèbre. Mais à la fin, alors là désolé, mais ça devient vraiment n'importe quoi.
Qui est le petit génie qui a décidé que c'était vraiment marrant de mettre les ennemis les plus chiants du jeu (à savoir les saloperies d'opérateurs) partout, en forçant de plus en plus les situations ou on doit se battre, ou en tout cas ressortir avec un bon pansement ? L'action s’accélère très vite sur la fin et tend vers un FPS bourrin qu'on avait pas envie d'avoir, avec les niveaux remplis des ennemis les plus nuls du bestiaires (qui est assez ridicule, à ce propos, on a l'impression de croiser toujours les mêmes ennemis du début à la fin).
Et c'est là que le gameplay de Prey montre ces faiblesses : en mode bourrin, ce jeu est nul. Alors oui, c'est pas fait pour ça, pourquoi nous y invite t'on à la fin alors ? Soit j'ai raté quelque chose sur la volonté des développeurs de pas devoir courir comme un mongol pour échapper à une horde de robot relou qui te finissent en 3 secondes, soit y a eu volonté d'en finir vite avec le titre en "provoquant" un moment d'intensité cool alors qu'en vrai c'est plus un moment de rush frustrant et à l'inverse de la philosophie avec laquelle on a parcouru le jeu 20h avant.
Mais ce n'est pas là ou Prey m'a le plus gêné. Là ou Prey m'a lâché, c'est sur le rythme. Ou sont les wow-moments de Prey ? Est-ce que je me souviens d'une seule chose dans ce jeu après l'avoir fini, si ce n'est que j'ai du retourner chaque putain de poubelle pour trouver des papiers ?
Le scénario n'est pas le problème, à vrai dire la narration se laisse suivre. Et on a envie de continuer Prey, on ne s'ennuie pas, je ne me suis jamais ennuyé. Mais il n'y a jamais de momentum non plus. Aucune scène ne serait-ce que visuelle qui nous ferait dire "wow, ça c'était dément".
Vous vous souvenez forcément d'au moins une scène marquante de Bioshock, que ce soit le piano, la première rencontre avec un Big Daddy ou le "boss" docteur, le twist de scénario avec Fontaine. Même chose pour Half Life 2, les brefs moment d'action ou vous étiez tranquille dans une petite pièce, et d'un coup la musique s’enclenche, des 10ene de soldats débarquent, vous êtes cernés... Voilà, des événements, des choses qui marquent. Alien Isolation pareil, énormément de moment forts. Sans parler de Dead Space qui avaient de bons passages sous pression.
Ou sont les moments forts de Prey ? A quel moment du jeu j'ai vu un truc ou j'me suis dis "putain de merde, ça c'est chaud."
Alors oui c'est un peu le revers d'un jeu qui laisse une liberté folle au joueur : C'est que du coup c'est difficile de prévoir de quand caler ces événements. Mais pour moi ce n'était pas non plus compliqué d'en mettre un peu partout. A la limite, le seul moment un peu fort du jeu, c'est le tout début, et la toute fin. Mais sinon, l'encéphalogramme des sensations fortes est à plat pendant toute l'aventure. On s'ennuie pas, mais on s'éclate jamais vraiment non plus. Mais même graphiquement j'entends, le jeu est joli mais ce n'est pas non plus grande orgie visuelle, oui le hall principal est joli et grand, mais sinon absolument aucune autre pièce ne se détache vraiment des autres. Allez, ptet le quartier d'équipage et l'arboretum et encore. la lumière est plutôt lambda, on est très très très TRES loin d'un Alien Isolation niveau ambiance et éclairage d'une station spatiale à l'abandon.
Alors oui, on dit toujours "Roh, y a trop de scènes scriptés dans les jeux vidéos maintenant", c'est vrai, aujourd'hui il y en a trop. C'est pas pour cela qu'il ne faut pas en mettre du tout non plus. Ça alimente la tension, ça fait passer de bons moments et c'est au final ce qui reste d'un bon jeu vidéo. Prey a peut-être voulu jouer la carte du contre pied, ou peut-être que le budget ne le permettait pas, mais ça manque.
Du coup je reprends ma question : Prey est-il un jeu qui se démarque ? Rien que pour son level design et son exploration, ce jeu mérite de finir dans la liste des GOTY. Mais est-ce que je peux vraiment lui mettre autre chose qu'une note "bien sans excès" à un jeu qui ne m'a apporté que du bon temps sans folies ?
Dommage, avec quelques scènes poignantes, une fin moins portée sur l'utilisation de la poudre (ou du psi, c'est selon), ce jeu aurait vraiment pu se faire une place dans le club fermé des FPS qui laissent leur trace dans l'avenir. Mais en l'état, j'ai peur que ce diamant brut auquel on a oublié de passer un coup de polish finira dans la vitrine de l'oubli d'ici un an ou deux.