Bon élève mais pas assez fou

"Un coffre piégé avec des dents, un PNJ cartographe qui chantonne en faisant « hmm hmm », des boss à « parade parfaite », cela vous rappelle quelque chose ? Prince of Persia : The Lost Crown, bien sûr ! (rire jaune).

Il y a quelque chose de confortable dans ce jeu, qui est à la fois sa force et sa faiblesse. Le jeu est confortable car c’est une véritable compilation de « hits » de jeux récents : c’est un metroidvania à la Hollow Knight, avec des séquences de plateformes à la Celeste, et des combats à la mode « souls 2D » qui lorgnent vers le jeu combat 2D.

Ce qui fait que Prince of Persia est (vraiment) un régal à jouer, c’est son moteur physique : on se sent totalement en contrôle avec le Sargon, et ceci presque immédiatement. Traverser la carte est réellement un plaisir, et ceci est une qualité centrale dans un metroidvania : on doit ressentir une nouvelle joie à obtenir une nouvelle habilité. À ce niveau, il n’y a rien à dire : on sent clairement la maîtrise d’Ubi Soft dans le plateformer. J’ai trouvé particulièrement génial et innovant les stages de plateformes où l’on doit débloquer en trois passages.

Mais… un metroidvania, c’est aussi un espace que l’on a envie d’explorer… et je dois avouer que j’ai trouvé que The Lost Crown est trop lisse, trop sage (pour mes critères de désaxés, bien sûr), trop… whatever… À cela s’ajoute une histoire qui, comment dire, n’a pas fonctionné sur moi. C’est trop bavard, tout est expliqué (je rappelle qu’il y a 3,5 lignes de dialogues dans Super Metroid, pour citer ici le Père Fondateur), et on a des cut-scenes très longues. À cela s’ajoute une narration via certains objets trouvés (à la manière des Souls).

Prince of Persia : The Lost Crown, c’est une sorte de jeu indé 7/10 inversé : là où un jeu à plus petit budget a parfois une esthétique nouvelle, intéressante et intrigante mais avec une physique agaçante/bugguée, le metroid AAA de The Lost Crown a une physique d’enfer dans un monde peu intéressant.

Je précise que j’ai deux biais majeurs dans mon approche de The Lost Crown :

1. Ma partie a buggé après 20 heures de jeu, ce qui fait que, sans patch, je ne pourrais pas terminer ma partie. Sans rentrer dans les détails, c’est un bug connu qui n’a pour l’instant pas de solution et qui m’obligerait à recommencer intégralement ma partie, ce qui est un « no-go » complet pour moi. Je dois avouer que cela m’a définitivement détourné du jeu, et je doute très fortement que je le finisse un jour. Pour info, je ne peux pas aller plus loin que « tirer les 4 flèches et tuer les 4 boss aux 4 coins de la map ». Je suis donc pas si loin de la fin.

2. J’ai joué à Animal Well cette année, qui, à mon sens, a apporté quelque chose de nouveau au genre en le recentrant sur l’aspect plus « puzzle environnemental ». Animal Well avait surtout une durée d’environ 12 heures (sans être completionnist), ce qui pour moi est le timing parfait.

Je suis évidemment le premier content de voir Ubi Soft revenir à la 2D dans un gros titre, car on sait, via la série Rayman, le talent de ses équipes. Je suis aussi conscient que c’est étonnant qu’un si grand studio fasse un « petit jeu spécialisé ». L’ennui, c’est que fondamentalement, ça reste un conglomérat d’idées de design de jeux qui fonctionnent (le metroidvania, le plateformer « masocore », le souls 2D), qui n’est franchement pas loin de ce qu’on nommait à une époque « pillage industriel ».