[1999-2014] Adieu PES....
Voilà, Pro Evolution Soccer et moi c'est terminé. Et croyez-moi, il m'en coute d'écrire ceci. PES est et restera à tout jamais une licence marquante dans ma vie de joueur. Les 5e et 6e opus sur Playstation 2 étaient des références absolues en matière de football virtuel. J'y ai joué plusieurs centaines d'heures avec des potes, à faire des tournois, à se tirer la bourre au lieu d'aller en cours, à snober la révision de mes partiels pour claquer quelques pralines flashées à 200km/h avec Adriano, à défier toute logique en foutant T. Henry arrière droit et réussir à lui faire traverser tout le terrain balle au pied pour le faire conclure avec sa spéciale "plat du pied" dans le petit filet. Pour tous ces moments et tellement d'autres encore, je ne pourrai jamais oublier PES et à jamais j'associerai ce nom au football vidéoludique.
Pourtant voilà, quand je parle de PES je pense aux heures passées sur PsX et surtout sur Ps2 mais clairement moins à celles sur Ps3. Alors que Konami a clairement raté le virage Ps360, EA et son FIFA sont revenus plus fort que jamais et ont dès lors régné en maître incontesté sur le marché. Pour quelles raisons ? Car EA a réussi une réelle introspection en posant son jeu, en peaufinant au fil des années un moteur physique gérant les collisions de manière réaliste, en proposant un système de dribble intuitif et spectaculaire et en proposant des interfaces soignées et des mini-jeux addictifs et bien foutus. Et Konami dans tout ça ? Ils se sont reposés sur leurs lauriers. Ils n'ont pas osé faire table rase du passé pour mieux se réinventer. Ils ont stagné. Non, pire, ils ont régressé.
Oui, on peut clairement parler de régression dans la mesure où ce qui faisait l'attrait principal de la licence c'était e fun instantané au service d'un gameplay chiadé. Ce n'est plus le cas. Pour cette mouture 2014, Konami étrenne le moteur Fox Engine qui servira à Metal Gear Solid V et le moins que l'on puisse dire c'est que les développeurs ne le maîtrisent pas. Graphiquement c'est raté. Je ne me suis jamais plaint des graphismes de PES et j'ai toujours vanté les mérites du rendu des visages. Mais ça c'était avant. Le rendu actuel est plastifié et n'a rien de réaliste. Certes on reconnaît aisément les joueurs et ce même en plan large mais de près, avec l'utilisation de la caméra de ralenti (toujours aussi précise et jouissive à utiliser), c'est une catastrophe.
Nouveau moteur implique nouvelle physique. C'est le cas. Le jeu est vraiment lent et posé. C'est une bonne chose. Les collisions sont plutôt bien foutues et lors des contacts on ressent parfaitement l'impact des gabarits qui se télescopent. Il n'y a pas autant d'animations différentes que dans FIFA 13/14 mais pour un premier essai, force est de constater que c'est plutôt réussi. La physique de la balle est, comme toujours chez PES, une petite merveille. La balle évolue indépendamment des joueurs et ça se ressent. On peut la placer où l'on veut, avec l'intensité de notre choix et, pour les frappes, c'est un plaisir de voir fuser des ballons bien lourds. Malheureusement les gardiens ne suivent pas. Ce sont assurément les pires de toute l'histoire de la série. Leur placement est catastrophique, les arrêts "en sèche" sont aléatoires et la plupart du temps ils relâchent le cuir dans les mains des attaquants adverses.
Cependant les gardiens peuvent être sauvés...par l'abnégation et le skill du joueur. En effet, il est tout à fait possible de prendre le contrôle du gardien et de le positionner où l'on veut pour ainsi le rendre extrêmement efficace. J'insiste ! Par contre cela à un prix : une gymnastique mentale et des doigts kafkaïenne. Il faut maintenir une gâchette ET maintenir un stick tout en contrôlant le tout avec l'autre joystick. Rien d'insurmontable en soi sauf que vous n'aurez qu'une petite poignée de seconde pour vous exécuter car si contrôlez le gardien c'est que vous êtes dans la mer...en défense et que précédemment vous vous débattiez avec le pressing et essayiez de colmater les brèches laissées par vos défenseurs... C'est épuisant.
Apprendre à dompter le gameplay l'est tout autant. Qu'il y ait une marge de progression pour s'approprier la jouabilité est une bonne chose. C'est d'ailleurs l'un des facteurs qui m'inspire le plus dans le JV. Mais là, l'investissement est tel qu'il se crée une irréparable fracture entre ceux qui ont pris le temps d'apprendre et ceux qui font quelques matchs comme ça, en passant. Or ça serait gratifiant si cet investissement de temps et de patience était au service d'un jeu léché et maîtrisé mais là, en l’occurrence, tous les efforts exigés par le jeu le sont pour combler ses errances et ses lacunes. Oui, il faut impérativement tabler sur les options de jeu "manuel" comme lancer manuellement un joueur dans sa course, l'orienter pour la réception du ballon, amortir le ballon avec la gâchette au bon moment...ET en même temps contrôler le joueur qui exécute la passe, le positionner pour la passe, doser cette dernière et bien sûr l'orienter. Oui, ça fait beaucoup d'actions à exécuter pour faire une passe réussie...
Alors indéniablement quand on maîtrise tout ça, on s'amuse et on arrive à prendre un peu de plaisir. Enfin presque. Car au-delà de la réalisation ratée et des contrôles capillotractés, si je suis passé à la concurrence c'est pour une autre raison. PES 2014 n'est PAS FINI. Ou si, il est terminé mais à la pisse. Le jeu est sclérosé par d'énormes ralentissements faisant chuter le framerate à maximum 15fps rendant le tout injouable et favorisant les maux de tête. Pire, ces ralentissements perdurent jusqu'à la sortie de la balle. J'ai trouvé une parade qui consiste à lancer le mode ralenti pendant un ralentissement et en quittant le menu, l'effet de slowmotion disparaît. Comment j'en suis venu à aller farfouiller dans ce menu ? Car je rencontrais ce soucis 2 matchs sur 3 et j'ai donc tout eu tout le loisir de tester tout et n'importe quoi...
Je n'accepte PAS le manque de finition. Pas pour un jeu vendu une cinquantaine d'€ dans le commerce. Pas pour un jeu qui ne cesse de décevoir ses derniers fans qui doivent sans arrêt essuyer les moqueries des joueurs de FIFA. Pas pour un jeu qui supprime l'éditeur de stades quand il n'en propose à l'utilisation qu'une petite douzaine. Pas pour un jeu qui a transformé son mode phare, la Master League, en une succession de matchs austères dans une interface ringarde dépourvue d'âme. Pas pour un jeu qui connaît des ralentissements dans les menus ET des BUGS lors de l'édition des formations. Oui, le genre de bug qui rend purement et simplement impossible la création de formation ou la gestion des effectifs. Non, c'en est trop et je refuse de cautionner cela. Ma patience a atteint ses limites.
Je ne parle même pas des commentaires en-dessous de tout ou de l'arlésienne des licences. Vous savez ce qu'il en est. Certes il existe des patchs réalisés par des joueurs mais c'est tout de même triste de voir Konami se reposer sur sa communauté. Se reposer sur une communauté usée de constater que la franchise qu'elle soutient se fout de sa gueule en sortant un produit bâclé où la pluie n'est même disponible dans les options météo. Non mais sérieusement, de qui se moque-t-on ? Alors certes en mars-avril 2014 Konami a patché son jeu, amélioré les gardiens, le jeu de tête et implémenté quelques nouveautés sympas issues de la future mouture 2015. Mais là on parle de correctifs parus plus d'un semestre après la sortie du jeu. Et des correctifs qui auraient dû être présents dès le début. La base quoi. Un jeu fini et jouable. C'était trop demander ?
Je ne vais pas m'acharner d'avantage sur ce jeu.
Si vous m'avez lu jusqu'ici, déjà vous êtes bien courageux car moi-même j'appréhende le moment de la relecture mais a fortiori vous aurez saisi le message. PES sur Ps3 c'est une période à oublier. Il semblerait que l'opus 2015 soit plus abouti. Plus joli, plus jouable, plus "fini", plus maîtrisé à tous les niveaux. Tant mieux pour lui. Moi j'abandonne. J'ai trop donné. J'ai suivi PES sur l'ensemble de la génération Ps360 mais ce manque de finition et de respect envers les joueurs ont eu raison de mon attachement et de mes souvenirs pétris de nostalgie.
Une page se tourne.
Je raccroche mes crampons estampillés Konami.
Mais jamais je n'oublierai tous les bons moments qu'ils m'ont procurés.